JSSNews : Pour commencer l’entretien Monsieur Encel, la différence sémantique entre les révoltes arabes et les révolutions arabes est bien sûr pertinente, mais cette différence s’arrête-elle selon vous au fait que ces soulèvements restent encore inachevés, ou peut-on pousser l’analyse plus loin ?
F. Encel : Tout d’abord je crois qu’il ne s’agissait pas de révolutions parce qu’il n’y avait pas de thématiques vraiment révolutionnaires. On a entendu très souvent « Ben Ali dégage », « Moubarak dégage », « Kadhafi dégage » et les mots justice, pain, liberté, tout cela est très intéressant c’est certain, mais cela ne constitue pas un corpus thématique ou idéologique conforme à une révolution.
Alors un ras le bol général oui, mouvement d’opinion, mouvement d’exaspérations multiples c’est vrai, mais qui ne s’est pas inscrit dans un véritable corpus révolutionnaire. De la même manière, il n’y avait pas de chefs révolutionnaires patentés pour une raison simple, les opposants à Ben Ali, Moubarak et Kadhafi étaient en exil ou en prison, ou alors ceux-ci avaient été assassinés au cours des dernières décennies.
On a donc assisté à quelque chose de très spontané. A priori je n’emploie pas le terme de révolution, mais celui de révolte ou de printemps arabe, le terme révolte ayant une autre signification que le terme révolution d’un point de vue sémantique. Le concept de révolte est beaucoup plus pointu. Plusieurs révoltes constituent souvent une révolution. Il y a effectivement eu un moment de révolte, mais qui n’a pas été très militarisé. Celui-ci a été un petit peu violent dans la seconde phase en Égypte, il ne l’a quasiment jamais été en Tunisie. Cela étant dit, il y a bien évidement dans plusieurs villes de Syrie aujourd’hui, comme en Lybie hier, une véritable révolte qui a fonctionné sans qu’on puisse là non plus parler de véritable révolution.
Je pense donc qu’on doit distinguer les deux termes, le « printemps arabe », me semble t-il, est différent de ce qu’ont été les révolutions dans les républiques soviétiques de l’ex URSS.
JSSNews : Pouvez vous nous éclairer sur les différences notables que vous percevez entres ces pays aux coutumes, aux traditions, et aux régimes politiques fort disparates, mais qui ont pourtant vécu simultanément les soulèvements populaires ?
F. Encel : Oui, je pense qu’il y a eu deux types de moteurs principaux : le social et le politique, même si les deux se rejoignent très souvent.
En Tunisie, c’est le moteur social qui a joué le rôle principal. D’abord Bouazizi était exaspéré, en particulier bien sûr par la dictature de Ben Ali, mais surtout par le système de corruption, d’immobilisme, et de clientélisme qui le broyait littéralement. Donc dans ce pays, on a surtout eu affaire à une révolte, ou à une exaspération de type social.
Ceci est également vrai en Egypte. Moubarak n’était peut être pas très apprécié, c’est même une certitude, mais la population en pleine croissance démographique était exaspérée par la non-redistribution des richesses. Or celles-ci existent, l’Egypte vend du pétrole.
Le moteur est peut être plus politique que social dans un pays comme la Lybie, où là, la pauvreté est bien moindre qu’en Tunisie ou en Egypte. En effet, l’état libyen est très riche, alors, il n’y a peut être pas beaucoup de redistribution, mais là je crois qu’on a vraiment eu affaire à une exaspération face à la répression tous azimuts de Kadhafi. Ce dernier était là depuis plus de quatre décennies, dépassant largement (en terme de longueur de règne) Ben Ali, Moubarak, et Assad aujourd’hui.
De même en Syrie, où le problème est moins social que politique, on a là pour le coup une vraie révolte sur une base communautaire sunnite face aux alaouites. Il y a une jeunesse et une population plus éduquée qu’en Lybie par exemple, et de loin.
Ce sont ces deux moteurs principaux qui ont façonné ces révoltes, l’aspect social en ce qui concerne la Tunisie et l’Egypte et l’aspect politique concernant la Lybie et la Syrie.
[1] Mohamed Bouazizi était un vendeur ambulanttunisien dont la tentative de suicide par immolation le 17 décembre 2010 conduisit à son décès deux semaines plus tard. Il est à l’origine des émeutes qui ont déclenché la révolution tunisienne, évinçant le président Ben Ali du pouvoir. Suite à son geste, les révoltes se sont propagées dans d’autres pays arabes. Ce phénomène a ensuite été connu, par extension, sous le nom de « printemps arabe ».
JSSNews : Trouvez- vous légitime de dire que le printemps arabe s’est transformé en «hiver des désillusions» ? Est ce prématuré pour l’instant de porter ce type de jugement, est-ce se montrer trop pessimiste, ne pas laisser leur chance aux peuples arabes à moyen ou long terme ? Cette interprétation entretient-elle ce qu’une certaine gauche considère comme des «fantasmes» occidentaux concernant l’islamisme, ou est-elle plus que jamais d’actualité ?
F. Encel : Non, je pense effectivement qu’il est un peu prématuré (pour l’instant) de considérer qu’on est passé du « printemps » à « l’hiver ».
Si des scrutins transparents et honnêtes avaient été organisés, les islamistes l’auraient emporté, ils étaient la seule force politique cohérente, la seule force qui avait continué à faire de la politique.
Les islamistes faisaient de la politique dans les mosquées certes, mais pas dans la rue, ni sur les forums où c’était interdit. Eux seuls avaient maintenu leurs réseaux et faisaient du social. Ils disposaient d’une vraie « virginité politique » parce qu’ils n’avaient jamais eu le pouvoir.
Et puis depuis les années 70, il y avait eu une lame de fond identitaire et sociétale des islamistes, qui d’ailleurs ne touchait pas que l’islam. [Il y a en effet une lame de fond identitaire qui touche à peu près tous les continents et tous les groupes religieux et ethno-religieux].
C’est pourquoi seuls les naïfs ont pu croire que les islamistes n’auraient pas tout ou partie du pouvoir.
Par ailleurs c’est effectivement un peu prématuré parce que « toutes les révolutions dévorent leurs propres enfants », selon l’expression consacrée, et je dirai s qu’il faudra voir ce que feront les islamistes du pouvoir qu’ils sont en train de gagner de manière démocratique. S’ils n’en font rien, s’ils ne font rien de plus que ce qu’en ont fait leurs prédécesseurs qui viennent d’être abattus, alors ils tomberont à leur tour.
En revanche, je ne partage pas du tout l’analyse de certains commentateurs complaisants avec l’islamisme qui disent, comme vous le faisiez remarquer : « c’est un fantasme occidental, les islamistes ne sont pas si méchants que ca, ils ne sont pas si dangereux ». Bien entendu que les fondamentalistes sont dangereux. Les salafistes en Egypte qui ont fait 25% des voix sont de véritables fanatiques. C’est le cas aussi pour les branches radicales des Frères musulmans dans plusieurs pays, notamment en Egypte. On pourrait également parler du Pakistan, même si ce n’est pas un pays arabe. D’ailleurs on le voit bien en Tunisie, avec ce qui s’est déjà passé à plusieurs reprises dans les universités ou dans les théâtres vis à vis des femmes, des homosexuels, ou des minorités.
D’une certaine manière c’est un véritable hiver qui est en train de s’abattre sur une partie des populations dans ces pays là, mais enfin, comme l’aurait dit Berthold Brecht : « on ne dissout pas le peuple ». Des élections démocratiques ont eu lieu, ont lieu, et auront lieu encore, par exemple en Lybie ces prochaines semaines et ces prochains mois, et tous les scrutins donnent largement (pas de manière étriquée, mais très largement) la majorité aux différentes tendances islamistes.
Donc pour résumer, je dirais qu’on n’a pas d’autres choix que d’attendre, de s’accommoder de la situation, et de voir ce que nous réserve l’avenir.
JSSNews : L’action entreprise en Syrie par une Ligue arabe quasi moribonde n’est-elle pas avant tout un échec patent pour un leadership cohérent du monde arabe ? N’est ce pas un miroir de son incapacité structurelle à se construire une image de partenaire indispensable sur l’échiquier international ?
F. Encel : La réponse est oui, bien entendu. La Ligue arabe est dans une situation parfaitement catastrophique. En apparence, la Ligue arabe est composée de 23 états membres très riches, qui sont des puissances pétrolifères importantes comme l’Arabie Saoudite et les monarchies sunnites du Golf arabo-persique tels Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Koweït et le Qatar.
En réalité tout cela n’est qu’un vernis, les monarchies arabes du Golf, qui sont par ailleurs protégées par les Américains, les Anglais et les Français, tremblent littéralement devant la montée en puissance de l’Iran.
Il n’existe quasiment plus de « puissance arabe » en tant que telle. Il y a une véritable schizophrénie politique entre deux blocs. Un bloc plutôt radical envers Israël, et un bloc qui craint par-dessus tout l’Iran chiite.
Le bloc radical, baptisé « front du refus », je pense notamment à l’Algérie, au Soudan, ou à la Syrie, (ou plutôt ce qui reste de la Syrie), fait face à Israël et à l’occident. Le problème de ces états étant qu’ils sont très dispersés et très affaiblis. Le Soudan est très affaibli par la sécession du sud Soudan où se trouve le pétrole. L’Algérie, elle, est très éloignée géographiquement du Proche Orient.
Et puis vous avez le deuxième bloc, le bloc arabo-sunnite du Golf, (la Syrie et le Liban étant vraiment des cas à part), qui craint comme la peste l’expansionnisme pan-chiite iranien.
Il ressort donc de tout cela une sorte de cacophonie permanente. Les états de la Ligue arabe ne réussissent plus à s’entendre ces dernières années, y compris à propos du conflit israélo-palestinien. Je dirais qu’il y a des rivalités très fortes entre ces deux blocs d’états au sein même de la Ligue arabe. Je pense bien évidemment à l’Algérie et au Maroc, mais aussi à quelques autres. Le « printemps arabe » à renforcé l’instabilité et l’incertitude politique avec l’arrivée d’islamistes totalement inexpérimentés au pouvoir.
Certains états arabes connaissent une véritable guerre civile, comme au Yémen ou en Syrie. D’autres se sont complètement effondrés comme en Somalie par exemple.
La Ligue arabe aujourd’hui est un groupe de pays extrêmement affaiblis, et cela en dépit du prix très élevé du baril de pétrole.
Clairement L’impéritie du monde arabe aujourd’hui est vraiment patente, elle est absolument évidente.
JSSNews : Parlons maintenant du cas syrien. Soyons réalistes, La Syrie n’est pas la Tunisie. Poutine affiche ostensiblement la nouvelle puissance de la Russie, c’est une question de parité stratégique avec les Etats-Unis. De plus les Russes se sont sentis piégés par la résolution 1973 de l’ONU sur l’utilisation de la force en Lybie. Ajoutons enfin que les livraisons d’armes rapportent gros, et que la base aéronavale de Tartous est éminemment stratégique. La persistance des Russes à maintenir coûte que coûte au pouvoir le régime d’Assad en Syrie laisse t-elle entrevoir à la communauté internationale un champ d’action possible, si étroit soit-il ?
F. Encel : Il n’y a effectivement pas de champs d’action possible en Syrie, précisément parce que les Russes défendront mordicus ce régime qui leur permet de disposer d’une base aéronavale à Tartous.
Quand on regarde une carte du grand Moyen Orient, (enfin, Méditerranée et Moyen Orient), on s’aperçoit très vite que les Russes ne disposent que d’une seule base dans cette gigantesque région éminemment stratégique.
Les Russes n’abandonneront pas la Syrie pour cette raison conjoncturo-structurelle. Entre la Syrie et l’ex URSS c’est quand même une très longue histoire. Les Russes ont très mal digéré la résolution 1973 de l’ONU en mars 2011, les Chinois aussi par ailleurs.
La volonté de remontée en puissance de la Russie, ce n’est pas très nouveau, cela date de l’arrivée au pouvoir de Poutine en 1999. Les Russes n’abandonneront pas les Syriens, cela quel qu’en soit le prix ou le nombre de victimes en Syrie.
C’est la raison pour laquelle on ne peut pas intervenir. Je n’imagine pas un seul instant les états occidentaux intervenir en Syrie, ni dans le cadre de l’OTAN ni à l’extérieur d’ailleurs.
De plus l’armée syrienne n’est pas comme l’armée tunisienne une « armée d’opérette ». Si elle était attaquée, la Syrie d’Assad pourrait parfaitement jouer la politique du pire et mettre le feu à toute la région, frappant la Jordanie, Israël, la Turquie, et l’Irak. Cela impliquerait une riposte de ces pays, (et des Etats Unis qui sont leur allié), je pense évidement à la faible Jordanie.
Les israéliens riposteraient forcément, on aurait une onde de choc sur l’ensemble de la région qui serait absolument catastrophique.
Il est donc certain qu’on n’interviendra pas en Syrie.
JSSNews : L’Egypte du maréchal Tantawi n’est que le prolongement de celle de Moubarak, ni plus ni moins, et les militaires sont (pour lors) toujours au pouvoir. Alors, l’Egypte se ré-islamise c’est certain, et les salafistes sont probablement encore plus radicaux que les Frères musulmans, mais les uns et les autres ne doivent-ils pas impérativement réfréner leurs ardeurs belliqueuses envers Israël ? Lors de l’arrivée au pouvoir, la réal-politique supplante les utopies n’est-ce pas ? Primo, il y a les très importants subsides américains qui sont corrélés aux accords de paix signés à Camp David, et secundo leurs capacités militaires ne leur permettent tout simplement pas de se lancer dans une guerre perdue d’avance ? D’un point de vue strictement géopolitique, ne peut-on pas faire le pari qu’ils sauront se montrer réalistes et pragmatiques considérant le gouffre abyssal qui sépare l’Egypte d’Israël tant d’un point de vue militaire que technologique ?
F. Encel : Espérons pour eux qu’ils sont pragmatiques.
Si en Egypte, l’alliance des Frères musulmans et des salafistes se décidait, en dépit de la modération de l’armée, à rompre les accords de camps David de 1978, et à s’attaquer à Israël, mal leur en prendrait.
Premièrement, l’Egypte serait seule, et deuxièmement, elle ne disposerait plus de la moindre aide des Etats-Unis, et ce, dès la dénonciation des accords de paix. Or quelle serait la force de l’armée égyptienne seule, sans la moindre aide américaine ?
Et puis évidement il y a le Sinaï démilitarisé qu’il faudrait franchir pour atteindre la frontière israélienne. Donc ce n’est pas envisageable sérieusement, enfin tout est toujours envisageable certes, mais pas avec des gens rationnels.
Si une nouvelle équipe gouvernementale, ou un nouveau régime, faisait l’immense bêtise de rompre les accords de Camp David, je crois que cela couterait extrêmement cher à l’Egypte.
JSSNews : Croyez vous que la «chape de plomb» imposée par le gouvernement israélien sur son administration pour éviter de se mêler des problématiques internes aux arabes et veiller à ne pas jeter d’huile sur le feu, a permis de limiter une éventuelle «paranoïa» (envers le Mossad en particulier), de la part des régimes arabes, mais aussi de leurs peuples ?
F. Encel : Ca, je ne le crois pas, parce que les rumeurs, les fantasmes, et le complotisme, sont toujours plus forts que la réalité.
En revanche, je pense que c’est assez sage de la part d’Israël d’avoir fait profil bas, contrairement à ce que racontent beaucoup de naïfs.
Si Israël avait soutenu les mouvements révolutionnaires ou les mouvements de contestation, cela aurait pu donner des armes terrifiantes, d’abord aux dictateurs au pouvoir, (à l’époque ou aujourd’hui) et puis surtout aux islamistes.
Les protestataires islamistes auraient dit : « On a compris, voilà par qui ils sont financièrement soutenus, dites nous qui sont leurs alliés et on vous dira qui ils sont, les régimes dictatoriaux sont soutenus par les Etats Unis et Israël ».
Les israéliens ont parfaitement bien fait de tenir un « low profile » comme on dit, et de ne pas en rajouter.
Un point tout de même, pour être parfaitement objectif, je ne suis pas certain que le gouvernement israélien soit favorable à la chute d’un certain nombre d’hommes d’état, fussent-ils autoritaires, dans ces pays. La chute de Moubarak a été une très mauvaise nouvelle pour Israël, et je pense qu’à certains égards, la chute d’Assad ne serait pas non plus une très bonne nouvelle pour les Israéliens. Assad présente aux yeux des Israéliens une seule qualité, mais une qualité très précieuse, c’est qu’il est extrêmement prévisible, comme l’était son père avant lui d’ailleurs. Il ne connait que les rapports de force brute. Tant que les Israéliens disposent d’un rapport de force militaire qui est supérieur aux Syriens, ils ne craignent rien, en revanche, le jour où le pouvoir changera de main, ce sera l’incertitude totale.
Si les islamistes sunnites arrivaient au pouvoir, on n’est pas du tout certain qu’ils seraient « aussi sages », c’est pourquoi je ne suis pas certain qu’Israël soit favorable à la chute d’Assad et d’autres dictateurs du monde arabe.
JSSNews : La condition des femmes est encore particulièrement précaire dans le monde arabe, (y compris depuis les révoltes), faut-il pour autant se concentrer d’abord sur les droits de l’homme dans leur ensemble, avant de s’attaquer aux droits de la femme en particulier ?
F. Encel : Cette question est à la fois tactique et philosophique.
Je pense qu’il faut défendre les droits de l’homme de manière générale, mais que les droits de l’homme passent de toute façon par les droits de la femme. Dans tous les cas de figure, lorsque vous faites face à des violations répétées des droits de l’homme, des « avertisseurs » se font entendre.
De manière générale, ce sont les minorités ethno-religieuses qui sont persécutées pour des raisons confessionnelles, ou bien ce sont les femmes, et souvent ce sont les deux en même temps.
Donc en ce concentrant sur le droit des femmes, en principe on favorise les droits de l’homme dans leur ensemble. C’est quelque chose qui me parait tout à fait évident.
Il faut défendre les femmes en tous points, parce que le droit des femmes préfigure presque toujours les droits de l’homme dans leur globalité.
JSSNews : Quels problèmes supplémentaires, s’il en était besoin, vont selon vous rencontrer à l’avenir les chrétiens coptes, maronites, ou autres assyro-chaldéens dans le monde arabe ?
F. Encel : Aujourd’hui dans le monde arabe, et d’ailleurs dans le monde arabo-musulman dans son ensemble, se pose le problème des minorités chrétiennes. Celles-ci partent les unes après les autres, par pans entier.
L’Irak a été à cet égard un exemple tout à fait désastreux.
Si le régime d’Assad tombe, les chrétiens de Syrie partiront en grand nombre je crois.
Les chrétiens du Liban, surtout les maronites, continuent de partir eux aussi. Cela pour des raisons davantage socioprofessionnelles, ils ont un niveau éducatif très élevé parce qu’ils sont dans des écoles d’élites, où Ils y apprennent notamment les principales langues étrangères internationales. Le problème étant qu’après leurs départs, en général ils ne reviennent pas au Liban.
Concernant les Coptes en Egypte, je serais moins pessimiste, parce qu’ils possèdent une masse démographique importante, ils sont probablement entre 8 et 10 millions. L’enracinement très profond et très ancien dans le pays leur permettra probablement de tenir encore longtemps, et puis les coptes ne se laissent pas faire.
Et puis, il y a aussi l’état d’Israël où les chrétiens sont libres.
En revanche, dans le reste du monde arabe, la situation des chrétiens est extrêmement préoccupante, et je suis très pessimiste en ce qui concerne la présence à long terme de ces communautés au Moyen Orient.
Frédéric ENCEL est Docteur en géopolitique habilité à diriger des recherches (HDR). Professeur de relations internationales à l’ESG Management School
Propos recueillis par Arnaud Israël – JSSNews