Nous avons eu la chance de nous voir accorder une interview avec Scott Warr le producteur de Lollipop Chainsaw (plus d'informations sur ce jeu qui s'annonce vraiment bon dans notre preview).
Cette interview s'est déroulée dans une sorte de bar avec la musique à fond, résultat : Comprendre ou ne serait-ce qu'entendre les propos de Scott Warr s'est avéré parfois délicat...
Voici donc ce que nous avons réussi à reconstituer malgré le bruit, la musique, les cris de zombies et les exclamations enthousiastes d'une cheerleader blonde^^
Couple Of Pixels : Lollipop Chainsaw et No More Heroes semblent avoir un certain nombre de points communs. A quel point ces deux jeux se ressemblent-ils ?
Scott Warr : Quand Suda est venu nous voir au sujet du jeu, il avait cette idée avec une tronçonneuse, une pompom girl qui découpe des zombies avec des arcs-en –ciel... Après ça, tout était fini et le développement du jeu s’est mis en route. Suda, Warner Bros et moi n’avons jamais regardé derrière nous.
On s’est demandé ce que les gens aimaient dans les jeux de Suda51 : ça, c’est ce que j’aimais dans No More Heroes, ça c’est ce que j’aimais dans Shadows... Je pense que vous retrouverez beaucoup d’éléments de No More Heroes.
Avoir un système permettant de faire évoluer Juliet, de la rendre plus forte est une des similitudes avec No More Heroes. Il y aura ainsi un certain nombre de recoupements entre les deux titres.
COP : D’où est venue l’idée d’une pompom girl trucidant des zombies ? Vient-elle de Suda ?
S.W. : Tout à fait ! Je n’arrêtais pas de le lui demander tout le temps et il me donnait comme réponse : « j’étais aux toilettes et réfléchissais quand j’ai eu cette idée... » Il m’a toujours donné cette même réponse. Tout le monde lui pose cette question et il ne donnera jamais une vraie réponse.
C’est la même chose avec James Gunn. On lui demande comment il est arrivé à un tel résultat, à un tel script et il ne vous donne jamais cette fameuse réponse mais va tourner autour du pot.
Mais, quand j’ai vu ça pour la première fois, cette cheerleader qui découpe des zombies en faisant jaillir du sang partout et des arc-en-ciel, je me suis dit, mon dieu, il faut que je m’occupe de ce jeu et on m’a dit « Génial, on pense que tu es parfait pour ce jeu. Au fait, est-ce que tu sais qui est Suda51 ? » Ce à quoi j’ai répondu « Absolument ! »
Pour moi qui suis un fan immense, qui ai joué à tous ses jeux, les ai tous adorés, faire partie de ce jeu, le voir, travailler à ses côtés, être au cœur de tout, aider, voir l’évolution du processus, être impliqué dans les choix de designs, tout ça, c’est vraiment quelque chose de génial à vivre.
COP : Malgré tout, quand je vois le jeu, je ne peux m’empêcher de penser à Buffy contre les Vampires. Ici, ce serait Juliet contre les Vampires. Pensez-vous que Suda51 a pu s’en inspirer un peu ?
S.W. : Tout à fait ! Et là encore, j’ai aussi posé cette question et il répondait vaguement avec un " Euh non ". On ressent clairement une influence de Buffy mais cela reste différent, il y a même une blague sur les « Running Zombies ». Il y a beaucoup d’influences et elles viennent à la fois de Suda51 et de James Gunn.
COP : Sinon, est-ce qu’une différence flagrante entre Buffy et Juliet ne serait pas que cette dernière embrasse complètement son origine ?
S.W. : Oui et non. Juliet n’a pas toujours été la chasseuse de zombie pleine de confiance en elle, un peu comme Buffy qui n’aimait vraiment pas ça et ne voulait pas tuer des vampires. Mais Juliet, elle, a toujours voulu faire partie de ça, tout comme le reste de sa famille qui sont des chasseurs de zombies.
COP : Parlons des Arcs-en-ciel. En général, les jeux classiques mixent des filles sexy au genre horreur. Cependant, vous avez choisi d’y intégrer un aspect un peu plus déjanté. Qui a décidé ça ?
S.W. : Là encore, Suda est arrivé... On ne sait jamais à quoi s’attendre avec lui. Voir des arcs-en-ciel, une cheerleader, une tronçonneuse, un jeu intitulé Lollipop Chainsaw, cela semble si simple... et pourtant rien de semblable n’a jamais été réalisé. Quand vous connaissez le type derrière tout ça cela ne vous surprend pas.
Mettre des arcs-en-ciel et des petites étoiles, c’était ajouter un nouvel élément au genre. Quand on pense à l’horreur, au gore, on imagine du sang, que du sang et rien d’autre.
Dans notre jeu, le sang va se transformer en cœur et inversement les cœurs vont se transformer en sang : on obtient donc cet énorme chassé-croisé entre le sang, les paillettes et les arcs-en-ciel, c'est ce que j’adore dans ce jeu.
COP : Pourra-t-on faire évoluer Juliet ?
S.W. : On gagne des médailles en tuant des zombies qu’on peut dépenser pour améliorer des compétences : tirer plus loin, se relever plus vite. Cela ne semble pas grand-chose mais il y a beaucoup dans ce « pas grand-chose » et cela vous aide vraiment tout au long du jeu.
COP : Qu’en est-il des costumes ? Y aura-t-il des DLC ?
S.W. : Pas de DLC. On est très content du nombre de costumes présents dans le jeu ainsi que le nombre d’objets déblocables et collectionables.
Dans beaucoup de jeux, on reçoit seulement une ou deux tenues puis il faut payer, mais dans notre jeu, il y a une tonne de costumes et de façon de les débloquer. Il faudra réfléchir à la manière de faire, la tenue ne sera pas accessible directement, elle ne sera pas servie tout cuite sur un plateau.
Cela rajoute un aspect au jeu, obligeant parfois à retourner en arrière pour trouver la solution.
COP : Les pouvoirs de Juliet évoluent au cours du jeu et on y croise des mini-jeux, des sport-games. Pouvez-vous nous en dire plus ?
S.W. : Quand vous commencez le jeu, vous devez vous habituer au gameplay. Vous pouvez vous frayer un chemin à la hack-and-slash, et c’est le plus facile, mais certains joueurs veulent aussi du challenge.
Comme mini-jeux, Il y a, par exemple, le Zombie Nick où vous mettez la tête de son petit copain sur le corps d’un zombie, il y a aussi du Zombie basketball et dans d’autres niveaux, il y a beaucoup d’autres mini-jeux, comme du baseball.
COP : Pourra-t-on jouer les sœurs de Juliet ?
S.W. : Non, elles ne seront pas jouables.
On y a beaucoup pensé mais juste incorporer Nick a demandé beaucoup de réflexion. Qu’allons-nous faire avec lui ? Il est un élément clé mais c’est une tête décapitée, que peut-on faire avec ça ? De nombreuses idées fusaient : il devrait pouvoir se balader, contrôler quelqu’un ou se faire contrôler par quelqu’un...
Puis on a tout ramené à ce que Suda avait dit à l’origine lors d’un meeting : le jeu concerne Juliet. Il n’y a donc que certaines choses qui peuvent être faites avec Nick.
Le même principe s’est appliqué aux deux sœurs : on a préféré se concentrer sur Juliet. Donc vous pourrez les utiliser, elles vous aideront et vous accompagneront durant l’histoire mais l’action se fait principalement avec Juliet.
COP : No More Heroes a surpris par sa musique. Peut-on s’attendre à la même chose avec Lollipop Chainsaw ?
S.W. : On avait Akira Yamaoka dans le studio et rien que sa présence a réveillé le fanboy au fond de moi. Shadows of the Damned avait une bande originale fantastique mais très sombre, ici on voit Akira sous un jour différent avec ce jeu assez pop et sportif.
En plus de ça, chaque Boss a son propre thème musical : pop-rock, métal...
Et avec l’intégration de Jimmy Urine du groupe « Mindless Self Indulgence », cela ajoute une couche en plus. L’évolution musicale du jeu a été tout bonnement incroyable : les voir en pleine création, en train de jouer de la guitare, d’écrire, c’était génial.
Ce sont des artistes sensationnels. J’ai hâte que vous puissiez entendre ce qu’ils ont fait pour ce jeu.
COP : Y-aura-t-il un mode Multi-joueurs ?
S.W. : Non, pas de multi-joueurs. On voulait se concentrer sur le mode solo. On a travaillé à l’amélioration des contrôles. Les contrôles de No More Heroes étaient meilleurs que ceux de Shadows of the Damned et Lollipop amène tout ça au niveau supérieur. Il y a une progression de jeu en jeu.
C’est la même chose pour le multi-player. Ce serait fun d’avoir un groupe de cheerleaders se courant après armées de tronçonneuses, mais ce n’était pas la bonne voie.
On a implémenté le Leaderboard pour faire en sorte que le monde entier puisse voir le classement de tout un chacun. Un japonais pourra voir le score d’un américain, vous pourrez voir les scores de tout le monde. On veut que les gens ressentent le jeu.
D’abord en mode easy pour finalement arriver à ce que j’appelle le mode de difficulté japonais, il y a un mode où si l’on meurt, on meurt définitivement. Cela donne envie de continuer à jouer, de rivaliser avec ses amis en leur disant « regarde qui est en train de te massacrer ».
COP : Y a-t-il une chance de voir Juliet et Travis (héros de No More Heroes) ensemble ?
S.W. : - Rire - Je ne suis pas sûr, Travis est encore au paradis des sucettes...
COP : Merci pour cette interview.
Et en bonus, rien que pour vous, la délirante bande-annonce de présentation de la Special Edition du jeu comprenant une Juliet grandeur nature ... et contrôlable à distance.
Autant vous dire qu'on l'a déjà précommandée...