Titre original : Men in Black III
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Barry Sonnenfeld
Distribution : Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Jemaine Clement, Michael Stuhlbarg, Emma Thompson, Bill Hader, Alice Eve, Nicole Scherzinger, Kevin Covais, Lenny Venito, Keone Young, Alex Ziwak, Geoffrey Cantor, Dan Bittner…
Genre : Fantastique/Comédie/Saga
Date de sortie : 23 mai 2012
Le Pitch :
Depuis qu’il travaille chez les Men in Black avec l’Agent K, J est toujours perplexe quant au caractère taciturne de son coéquipier. Un sentiment qui s’amplifie lorsque l’ignoble Boris, un criminel inter-galactique notoire fait son apparition. Boris qui, par le passé, a déjà eu fort à faire avec K et qui aujourd’hui menace la Terre entière. L’affrontement commence et les enjeux énormes, devront se jouer à une toute autre époque…
La Critique :
C’est après avoir survécu à une production apocalyptique que le troisième volet de la saga Men in Black débarque sur les écrans. Changements dans le casting (Alec Baldwin qui se barre tourner Rock Forever, Shartlo Copley, la révélation de District 9 qui décline l’invitation…), explosion incontrôlable du budget qui dépasse largement les 200 millions de dollars, caprices de stars, tournage arrêté… À maintes reprises le film est menacé et les pronostics quant à la qualité du produit fini sont sans cesse revus à la baisse. Si on rajoute à cela le fait que peu de spectateurs semblent attendre la suite des Men in Black, la coupe est pleine. Face aux Avengers et aux autres super-héros qui ont pris le pouvoir du box-office au court de la dernière décennie, les Hommes en noir apparaissent un peu délavés. Passés de mode et fatigués.
Alors oui, Tommy Lee Jones n’a pas l’air spécialement investi dans ce nouvel épisode, c’est un fait. Le truc, c’est qu’il n’apparait que partiellement, laissant la place à Josh Brolin qui, on le rappelle, joue le même personnage avec 40 ans de moins. Mais Jones reste Jones et cette lassitude est plutôt raccord avec le scénario qui se base en partie sur l’énigme que constitue l’Agent K. Car finalement, c’est bien K le héros de Men in Black 3, car c’est lui qui se retrouve au centre des préoccupations de l’Agent J.
Jones reste Jones donc : un acteur charismatique, peut-être lassé des fusillades au laser et des explosions gluantes, mais toujours très convainquant quand il s’agit de faire passer une émotion. Son duo avec Will Smith fonctionne toujours à merveille, c’est une bonne nouvelle. Les deux acteurs retrouvent vite leurs marques et contribuent au fait qu’il demeure très facile de se replonger dans l’ambiance propre à la saga de Barry Sonnenfeld.
Men in Black 3 est donc une bonne surprise. Qui l’eut cru ? On ira même jusqu’à affirmer qu’il s’agit du meilleur des trois. De loin ? Franchement oui ! Plus maitrisé visuellement que le premier, beaucoup mieux écrit que le deux, plus drôle que les deux réunis, moins poseur aussi, Men in Black 3 mise sur l’efficacité et renoue avec l’esprit sacré des grands films de divertissement des années 80.
Mais en tournant à peu près autour des mêmes problématiques que tous les longs-métrages qui font du voyage temporel leur axe narratif principal, Men in Black 3 n’en évite pas les pièges. Le scénario se mord parfois la queue et cumule un peu les incohérences propres aux trajets spacio-temporels. Des erreurs pardonnables car toujours imputables à un désir flagrant de maintenir un rythme constant en multipliant les rebondissements. Sans trop en faire néanmoins car Men in Black 3 ne joue pas la surenchère. Il s’appuie sur les bonnes vieilles recettes, qui ont déjà fait leur preuve. Il mise sur les punchlines savoureuses (vous savez, ces petites répliques balancées par le héros, qui font mouche à chaque fois) et sur des ressorts éprouvés mais solides. Plutôt cohérent avec la patte Amblin, la boite de Steven Spielberg, toujours présent à la production d’ailleurs.
Quand Will Smith voyage dans le temps, c’est ainsi le spectateur qui rembobine lui aussi des années de cinéma, pour revenir à une époque où le divertissement semblait plus simple, moins cynique et plus direct. Les ficelles sont grosses, mais encore une fois peu importe car le but n’est apparemment pas de transcender le genre. Comme si Barry Sonnenfeld et ses producteurs savaient que c’était perdu d’avance. Ils préfèrent y aller à fond dans le fun et livrent un long-métrage décomplexé et savoureux, reposant sur des effets-spéciaux chiadés et sur une mise en scène qui utilise avec brio la 3D.
Et puis il y a le cœur du film, qui se déroule dans les années 60. Une excellente idée qui lui permet de bénéficier du cachet de cette époque et de renouveler son cadre. Que ce soit les vannes autour d’Andy Warhol, la musique, au diapason, et le look vintage rock, c’est un vent de fraicheur qui souffle sur le concept. Un concept qui avait bien besoin de sortir de ses carcans pour se payer une virginité toute neuve. De quoi faire de ce troisième Men in Black un blockbuster tout à fait fréquentable. Votre cinéphilie n’en sera pas bouleversée, mais les pauvres espérances initiales sont largement dépassées. Sonnenfeld évite les longueurs, Will Smith assure le show, Brolin s’insère avec classe dans l’univers codifié et Michael Stuhlbarg (vu dans A Serious Man des Frères Coen) est assez génial, condensant à lui tout seul une certaine logique très « années 80 ».
L’idée d’être agréablement surpris par un autre Men in Black paraissait incongrue. C’est pourtant le cas !
@ Gilles Rolland