Une partie de pouvoir se jouera sur l’échiquier du département des matériaux. Les collègues de travail de Claire Laniel préparent un coup, la bibliothécaire du département est de la partie, l’étudiante Monica, un pion important. Quant à la reine, sa réputation diabolique devance chacun de ses déplacements sur la planche du jeu.
« Huis clos haletant sur les dessous de la vie universitaire », peut-on lire sur la quatrième de couverture. Sans m’attendre à une séquestration, je me préparais à ressentir un certain étouffement entre les murs de l’université, quand en fait, je n’ai ressenti rien de tel. L’action tourne autour de la vie universitaire mais fait de nombreux allers et retours sur la vie privée de Monica, via son frère et grand-père, et de Claire Laniel, via sa belle-sœur qu’elle déteste.
Cette Claire Laniel, le cœur de l’histoire, se présente des pieds à la tête uniformément colorée « noir foncé ». Le lecteur sait d’avance qu’elle va toujours choisir le plus diabolique des plans. Je conçois que certains lecteurs aiment ce genre de personnages quasiment caricaturaux mais, personnellement, je les préfère plus nuancés. Ce qui fait que j’ai manqué le coche, faisant mentir la quatrième de couverture qui nous assure que nous prendrons plaisir à la haïr. J’ai laissé les personnages du roman l’haïr à ma place, ce qu’ils font très bien d’ailleurs. Peut-être parce que sa méchanceté m’est apparue un peu désincarnée, j’ai fini par me demander, comment était-il possible qu’elle occupe depuis aussi longtemps un poste d’autorité ? Certains êtres beaux ont un ascendant naturel chez les gens, et peut-être que l’auteur en la disant très belle comptait sur cette donnée, mais c’est plutôt sa sévérité qui est mise de l’avant dans les descriptions de sa personne.
J’ai cependant vu grandir, page après page, mon espoir de la voir acculée au mur. Le cas de Monica, personnage plus nuancé m’a tenue à cœur. Le suspense tient la route, même si j’ai trouvé certains hasards un peu tirés par les cheveux.
Peut-être que le tome deux saura approfondir les personnages et me convaincre avec plus d’éclat.
Quand j’en aurai fini avec toi Jean-Philippe Bernié Éditions La Courte Échelle, Collection adulte, 2012 -200 pages