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Le retour de manureva

Publié le 24 mai 2012 par Teamvivia56

dans le répertoire d’Alain Chamfort

Manu Manuréva

Où es-tu Manu Manuréva ?

Bateau fantôme toi qui rêvas

Des îles et qui jamais n'arrivas

Là-bas,  

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  Où es-tu Manureva fait partie des plus beaux titres chantés par Alain Chamfort qui en est un des auteurs compositeurs avec Serge Gainsbourg et Jean-Noël Chaléat. Sorti pour la première fois en 1979, il est repris dans Elle et lui, le nouvel album du chanteur. Lors du premier enregistrement, Véronique Samson battait des mains en cadence. Cette fois, l’artiste l’interprète en duo avec Audrey Tautou.

De Pen Duick IV à Manureva

Où es-tu Manureva, c’est l’histoire d’Alain Colas et de son trimaran, l’ex Pen Duick IV construit par Éric Tabarly. Avec ce voilier, Alain avait remporté la Transat anglaise 1972 devant le Vendredi 13 de Claude Lelouch barré par Jean-Yves Terlain. Puis l’année suivante, après l’avoir rebaptisé Manureva par amour pour Teura, son épouse tahitienne, il avait bouclé à son bord un tour du monde en solitaire en passant par le Cap Horn. Il fut le premier à réaliser cet exploit avec un multicoque.  

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  J’ai raconté les péripéties de cette circumnavigation dans NAVIGATEURS SOLITAIRES AUTOUR DU MONDE, un livre paru en 1976 aux Éditions La Découvrance que j’ai signé sous le pseudonyme Thierry Georjan. Manureva et son dernier capitaine représentent quelque chose de particulier pour moi. D’une part, Pen Duick IV, devenu Manureva, a marqué le début de ma passion pour la course au large. Je n’avais pas encore quatorze ans à sa sortie du chantier en 1968. Mais l’originalité du bateau m’avait fasciné. Il n’était pas comme les autres. J’ai eu l’occasion de le voir de près et de le photographier en 1973 lorsqu’Alain Colas partait pour son tour du monde. La première illustration de cette note est d’ailleurs une carte postale dont j’ai vendu le cliché fin 1973 à Cim. J’ignorais encore que les destins du voilier et de son skipper seraient exceptionnels, dans la victoire comme dans le drame.

Mythe et mystère

1978. Un vent d’aventure souffle sur note société. Le Paris-Dakar et la Route du Rhum voient le jour à quelques mois d’intervalle. A l’époque, le calendrier des courses transocéaniques n’est pas aussi fourni qu’aujourd’hui. Certains navigateurs n’ont plus couru depuis la Transat anglaise 1976. Michel Étevenon va leur offrir l’occasion d’en découdre sur une longue traversée de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre. Les jours précédant le départ, une foule incroyable se presse autour des bassins de la cité corsaire. C’est la première page de l’histoire d’une course légendaire.  

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  Parmi les partants, Alain Colas. Le vainqueur de la Transat anglaise 1972 aurait bien pris la mer à la barre de Club Méditerranée, son trimaran géant de 72 mètres. Mais le bateau, loué au Club Med, n’est pas disponible pour l’épreuve. Alain s’alignera donc sur son fidèle Manureva. Le trimaran n’est pas le voilier le plus fringuant de la flotte. De jeunes coursiers des océans semblent désormais plus rapides. Ils sont plus légers, plus toilés, mieux taillés pour la vitesse pure. Pourtant, l’improbable se produit. Les conditions météorologiques sont très dures en début de course. Manureva s’invite dans le peloton de tête. Bientôt, il sera seul en tête. Mais le 17 novembre, Manureva ne répond plus. Alain Colas et son bateau ont disparu dans la tempête. Pas de balise Argos ni de moyens de communication comparables à ceux d’aujourd’hui. Les recherches ne seront déclenchées que plusieurs semaines plus tard, trop tard compte tenu des hypothèses de dérive envisageable. Manureva a-t-il sombré rapidement, s’est-il disloqué, a-t-il flotté plusieurs jours après avoir chaviré ? Son skipper a-t-il été éjecté au moment de l’accident ? A-t-il survécu quelques heures, quelques jours, accroché à l’épave ? Personne ne le sait encore aujourd’hui. Certains esprits chagrins ont imaginé des hypothèses peu flatteuses. Le navigateur aurait organisé sa disparition pour fuir des créanciers. Ce mensonge trouva un certain écho auprès d’un public mesquin toujours prêt à diffamer et salir les autres. Ces diffamations m’avaient horrifié et me scandalisent encore. Manureva et Alain ont disparu comme ils avaient vécu, en héros hors norme. Merci à Alain Chamfort de ne pas les oublier et d’honorer leur mémoire.

QUELQUES LIENS A SUIVRE

Vendredi XIII battu par Pen Duick IV

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/07/13/vendredi-13.html

Didier Pironi et Alain Colas, deux trajectoires parallèles

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2008/02/09/didier-pironi-alain-colas-deux-trajectoires-parallèles-i.html

(ainsi que les 4 notes qui suivent)

Robin Lee Graham, un autre navigateur dont j’ai raconté l’histoire dans NAVIGATEURS SOLITAIRES AUTOUR DU MONDE

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-gare-a-la-main-du-pirate-87361739.html

Quelques voitures et bateaux des sixties (une ambiance vacances estivales)

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/07/26/vacances-sixties.html

Le pif d’un marin breton au service de la course auto(courte fiction illustrée)

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/06/12/pneu-importe-le-choix-pourvu-qu-on-ait-la-vitesse.html

Thierry Le Bras


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