Objet déroutant par son aspect extérieur, le Galaxy Note de Samsung nous montre rapidement le chemin vers de nouveaux usages en mobilité
Olivier Zilbertin
Pour un beau bébé, on peut dire que c’est un beau bébé. Cela se voit au premier coup d’oeil, le chérubin est doté d’une riche nature. D’un gabarit exceptionnel. Voyez son écran : 5,3 pouces de diagonale, contre, par exemple, 3,5 pour le dernier iPhone. En centimètres, cela fait quelque chose comme 13,25 contre 8,75. Et du coup, à peine sorti de la boîte, notre premier contact avec le Galaxy Note du sud-coréen Samsung, qui tourne sous le système d’exploitation Android 2.3 de Google, se présente sous la forme d’une interrogation cardinale : mais où diable allons-nous bien pouvoir mettre l’engin démesuré ?
Avant l’époque des smartphones, on avait pris l’habitude de loger notre mobile dans la poche avant du jean. Et même dans la poche briquet pour certains modèles ! L’arrivée de l’iPhone et de ses semblables avait redonné de l’épaisseur à nos poches de chemise et de veston, de l’orgueil à nos poitrails.
Mais là, que faire avec un instrument pareil ? Eh bien voyons, essayons : déjouant nos craintes, le Note tient dans la main et se glisse docilement dans les mêmes poches revolver, sans déséquilibrer la station debout du bipède. Il faut dire que si ses dimensions en imposent (146,85 × 82,95 mm), sa finesse (9,65 mm) et sa légèreté (178 grammes) impressionnent tout autant. Dans cet espace, Samsung a installé le véloce processeur maison Dual-Core 1,4GHz, et une batterie Li-ion 2 500 mAh qui peut assurer jusqu’à dix heures de communications selon les données du constructeur.
Encore un effort, toutefois, avant de s’apprivoiser mutuellement : il faut aussi trouver à ce nouvel ami une place… sur l’oreille. Oui, sur l’oreille. Toujours à cause de cette carrure XXL. Un apprentissage un peu plus délicat si une branche de lunette barre la tempe du propriétaire. La joue se retrouve collée sur l’écran, la posture n’est certes pas un exercice d’élégance, certains la jugent même un peu ridicule. Mais on trouve vite le geste qui convient à son usage.
D’autant que l’on s’attache vite à ce nouveau compagnon. Disons-le : au début, les iPhones et consorts nous ont bluffés ! Pour la première fois, nos mails, nos sites Internet, notre GPS, nos contacts, nos photos, nos vidéos, nos jeux, nos vies numériques, en somme, tout cela tenait dans la poche.
Oui, mais voilà, il faut l’avouer aussi : à force, les écrans de ces smartphones se sont révélés trop étriqués. Et notre expérience numérique en mobilité, comme on dit, s’est vite dégradée. Sont alors venues les tablettes et leurs grands espaces. Mais là, pour le coup, impossible à caser dans aucune poche. Et surtout, elles ne sont pas faites pour téléphoner.
Témoin d’une époque, le Galaxy Note s’est astucieusement calé entre les deux. Fruit du croisement de deux espèces, maman tablette et papa mobile. Sans équivalent sur le marché, il dispose encore d’une autre singularité : un stylet, de plus muni d’un bouton. Au début, on peut être amené à le négliger. Par manque d’habitude. On a tort. Car il contribue lui aussi à faire du Galaxy Note un objet différent, nouveau.
Grâce à lui, on peut ainsi prendre des notes, en écrivant directement sur l’écran tactile. C’est une chose. D’un petit geste adroit, il permet aussi de revenir à l’écran d’accueil, de lancer directement l’application de prise de notes ou bien encore d’effectuer une capture d’écran.
Samsung a de surcroît développé spécialement pour le Note des applications inédites : un logiciel de retouches d’images, « TouchRetouch » ; « Soonr », pour annoter n’importe quel fichier ; ou encore « ZigZag », tableau blanc collaboratif. Au chapitre du divertissement, l’appareil se révèle tout autant à son aise, avec des Sudoku et des mots croisés à remplir à la main grâce au stylet. Coloriages, alphabets, dessins, plans…
L’écran géant et le stylet apportent manifestement au mobile des usages nouveaux. Au point que le concept devait se décliner bientôt, avec l’arrivée d’un modèle à l’écran encore plus large !
En attendant, il se serait déjà commercialisé 5 millions de Galaxy Note dans le monde, plaçant le téléphone sorti fin 2011 au cinquième rang des appareils les plus vendus. Un vrai costaud, on vous dit.