En politique, perdre le pouvoir est la pire chose qui puisse arriver à un parti. Dès lors, plus question de courtoisie forcée, puisqu'il faut, outre éviter le naufrage, chercher des responsables de l'échec et bien entendu mettre la main sur les instances du parti en vue d'une hypothétique reprise de ce fameux pouvoir perdu !
Ce constat s'applique à l'UMP depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Il est d'autant plus douloureux pour eux que cette défaite intervient après 10 ans aux commandes de la France. D'où un psychodrame assez pitoyable dont les acteurs aspirent toutefois à gérer ensemble l'avenir des français.
Imaginons un instant que l'UMP soit majoritaire après les scrutins des 22 avril et 6 mai 2012. Que vaudrait la phrase de Jean-François Copé : « Soyons rassemblés, soyons vigilants face aux folies de la gauche et constructifs surtout »
Verrait-on François Fillon gouverner avec Jean-François Copé qui le traite d'hypocrite et affirme qu'il ne : « (...) ne peut pas prétendre être le leader de cette formation politique sans qu'il y ait eu un débat démocratique, sans que les militants se soient prononcés (...) »
Quelle belle entente future avec Bernard Debré qui a avoué avoir dit à l'ex premier ministre : « J'ai dit à Fillon : François, il faut fermer sa gueule (...) »
Tout comme avec Rachida Dati qui a jugé : « déloyal, désagréable, ingrat et mal élevé de la part de François Fillon d'assurer qu'il n'y avait pas de leader naturel à l'UMP (...) Elle a également jugé que François Fillon était un petit peu ingrat vis-à-vis de Nicolas Sarkozy qui l'a fait ce qu'il est aujourd'hui (...) On dit à nos enfants : faut être bien élevé, bien éduqué. C'est mal élevé vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Il n'est pas mort non ? »
Sachant par ailleurs qu'entre Rachida Dati et Bernard Debré se sont déclaré la guerre puisque la première soutien une candidature dissidente dans la circonscription du second
Sans oublier Xavier Bertrand dont l'inimitié avec Jean-François Copé n'est un mystère pour personne.
Du côté de la solidarité entre anciens membres du gouvernement, nous aimerions connaître le nom de son ancien collègue qui a affirmé vouloir « casser la gueule » de Laurent Wauquiez parce qu'il a annoncé qu'il renonçait aux 6 mois de salaires qu'il devait toucher en tant qu'ancien ministre. Et les noms de ceux qui l'ont traité de démago expliquant que sa décision était de l'escroquerie et un gadget de communication, faisant perfidement remarquer au passage que celui-ci : « (...) continuera à toucher son indemnité de maire du Puy-en-Velay ainsi que celle de député, s'il est élu. De plus, en tant qu'énarque, il pourrait réintégrer la haute administration en cas d'échec aux législatives (...) »
N'oublions pas non plus cette preuve de bonne entente de la part de Nathalie Kosciusko-Morizet qui, en comité stratégique au siège de l'UMP n'a pas hésité à régler ses comptes en lançant : « (...) Comme beaucoup d'entre vous, je suis sur le terrain, on est au feu. Les balles dans le front, je veux bien. Mais les balles dans le dos, je préfère éviter »
Encore faudrait-il que tout ce beau monde puisse s'entendre avec la Droite Populaire qui ne cesse de clamer sa future autonomie et rêve de créer un groupe autonome à l'Assemblée Nationale.
Voilà en quelques lignes à quoi ressemble actuellement le parti « des droits et des devoirs » qui appelle les français à lui donner une majorité pour « équilibrer les pouvoirs »
Devant une telle cacophonie et de telles distensions, les français seraient bien avisés de suivre le conseil d'un ancien Premier Ministre qui déclarait : « sans majorité [à l'Assemblée Nationale], le Président de la République ne peut pas mettre en œuvre le projet que vous avez choisi à l’élection présidentielle. Alors je vous le demande, mes chers compatriotes : donnez au Président de la République une majorité, et nous pourrons ensemble rénover notre pays, préparer l’avenir des générations futures » un certain ... François Fillon !
Crédit et copyright photo Le Point