[Critique] THE TREE OF LIFE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Palme d’Or au Festival de Cannes 2011

Titre original : The Tree of Life

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Terrence Malick
Distribution : Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn, Hunter McCracken, Joanna Going, Fiona Shaw, Kari Matchett, Kimberly Whalen, Michael Showers, Laramie Eppler, Tye Sheridan, Jessica Fusselier, Nicolas Gonda, Will Wallace…
Genre : Drame
Date de sortie : 17 mai 2011

Le Pitch :
La naissance d’un enfant au sein d’une famille américaine. La naissance du monde. Un père autoritaire obsédé par la réussite de ses enfants. Une mère bienveillante et aimante. Un homme se souvient de son enfance, tandis que le cosmos continue sa marche impériale…

La Critique :

Grand gagnant du 64ème Festival de Cannes, The Tree of Life a remporté la Palme d’Or tant convoitée. Une récompense contestée mais indéniablement méritée. D’une part car le dernier Malick est un grand long-métrage et de l’autre car il s’inscrit finalement dans une certaine tradition cannoise, qui a souvent vu des œuvres complexes et exigeantes repartir avec tous les suffrages. Robert De Niro et ses jurés ont eut du nez, saluant par là même l’audace d’un cinéaste rare (mais qui semble résolu à adopter un rythme de tournage un peu plus soutenu). Un réalisateur qui fait ce qu’il veut, sans ce soucier des modes, des courants de pensées en vigueur, des formats et des critiques. Pour une certaine partie des cinéphiles, Terrence Malick est un génie. Pour ces mêmes amateurs, sa filmographie est parfaite (La Ballade Sauvage, Les Moissons du Ciel, La Ligne Rouge, Le Nouveau Monde… . Pour d’autres, l’incompréhension règne et cet « Arbre de vie » n’a pas arrangé les choses. Ainsi, on a beaucoup observé de missives accusant Malick de ne livrer qu’une enfilade de clichés théologiques plus ou moins dégoulinants. Des spectateurs ont même eu droit à un avertissement de la part des gérants de cinémas (histoire vraie). Un « bon courage ! » balancé à la hâte au moment de déchirer le ticket.

Des personnes qui sont restées insensibles à la magie qui opère 2h18 durant. Un rejet qui s’est manifesté dans les médias, mais aussi sur le terrain où des fans de Brad Pitt n’ont pas compris le choix de leur poulain, plus habitués à le voir évoluer aux côtés d’Angelina Jolie sur les tapis rouges et dans des navets du genre Mr & Mrs Smith. Il faudra repasser, car The Tree of Life se démarque. Que ce soit dans le paysage cinématographique ou dans la filmographie de chacun de ses interprètes.
Monument de cinéma, le dernier film de Malick est un chef-d’œuvre absolu. Une partition graphique dont la beauté, à couper le souffle, ne sert qu’à illustrer une métaphore de la vie au souffle infiniment puissant et dont le propos touche à l’essence de chacun.
De par sa capacité à juxtaposer l’infiniment grand et l’infiniment petit, Malick raconte le cheminement de la vie et tisse un canevas où les sentiments humains défient la mort tout en s’inscrivant dans le code génétique du cosmos.
Antithèse du film vulgaire et putassier, The Tree of Life est un tableau de maitre. Une fresque à la poésie ahurissante, touchant au sublime plus qu’à son tour.
Les acteurs, tous formidables, se fondent dans la démarche du cinéaste tandis que la musique déploie des trésors de lyrisme pour envelopper cette grande histoire de la plus belle des façons.
M’enfin ; il est à la fois simple et hasardeux de philosopher et de discuter sur The Tree of Life. Tout pourra être dit sur le film. Reste qu’il s’agit d’une œuvre magistrale. Une prière touchante et intimiste, qui aborde Dieu avec une intelligence et une sincérité qui va bien plus loin que tous les clichés (américains) sur le sujet.
Malick ne s’impose pas en pasteur de l’Apocalypse, ni en gourou tout puissant. Malick est bien trop intelligent pour ça. Son cinquième film apparait alors comme le plus ambitieux. Il divise et c’est tant mieux. Ceux qui ne verront là qu’un préchi précha de pacotille ou qu’un trip illuminé sans queue ni tête devront se contenter de rester sur le bas côté et c’est dommage.
Le lâcher-prise est de mise. The Tree of lIfe est un film qui se mérite. L’épiphanie artistique et émotionnelle est au bout du chemin.
Insaisissable, The Tree of Life sonne pourtant comme la partition universelle par excellence, à l’instar d’une composition classique où pourquoi pas d’un morceau de rock progressif à la Pink Floyd. Tout le monde n’y est pas sensible donc, mais ceux chez qui l’écho se produit, s’en souviendront longtemps. Merci Terrence Malick.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : River Road Entertainment