A cette époque, Bouygues Telecom lancait les forfaits mobile avec l'accès à l'internet mobile via le protocole i-mode, une licence promue et commercialisée par l'opérateur japonais Ntt Docomo, inventeur de la technologie.
Fort de son incroyable succès au Japon, l'i-mode concurrent du protocle WAP, était le nec plus ultra du moment puisque l'on pouvait à partir de son téléphone mobile surfer sur des sites mobiles adaptées aux petits écrans, le tout agrémenté de jolies couleurs et autres images attrayantes...
Au même moment, le WAP était tout de suite ringardisé car il ne permettait pas de faire grand chose : le langage de programmation pour réaliser un site mobile, c'est à dire le WML, ne permettait pas grand chose...
En vérité, c'était les terminaux de l'époque qui ne disposaient que de navigateurs Web très rudimentaires... et souvent les mini-sites s'affichaient en noir et blanc sur l'écran des téléphones mobiles.
En revanche, en terme de débit il n'y avait rien de magique car l'i-mode s'appuye sur différentes technologies telles que le GSM/GPRS pour l'acheminement de données... comme lors du démarrage du WAP : l'i-mode et le WAP constituent ainsi des couches de formalisation et de présentation des données...
Bref, je me rappelle de la phrase d'un étudiant lors d'un TP Telecom devant un intervenant extérieur de France Telecom qui faisait son cours... "Pffff! Laisse tomber, le WAP c'est mort!!! Les japonais y sont en avance!!"
Effectivement, des centaines de services mobiles i-mode étaient déjà présents sur l'Internet Mobile. Mais les choses ont bien changé en quelques années...au point d'affirmer que "l'i-mode c'est mort" ?
Bien que très populaire au Japon (environ 50 millions d'abonnés i-mode) et dans quelques régions d'Asie, l'i-mode ne s'est pas beaucoup développé hors de ses "frontières naturelles"...
On retrouve ici ou là quelques opérateurs à travers le monde qui ont fait un pari sur cette technologie comme en France, en Russie, en Italie, en Israel, en Autsralie, ...
C'est d'ailleurs en France, hormis le continent asiatique, que l'i-mode a connu le plus grand succès avec plusieurs milions d'abonnés. L'offre Bouygues Telecom, seul opérateur français à proposer l'i-mode, avoisinait au plus fort de son succès en 2006, entre 1,5 et 2 millions d'abonnés selon différentes sources...
Aujourd'hui la tendance est à la baisse, voire à la dégringolade...
En Europe, le scénario semble écrit depuis l'année dernière. En effet l'opérateur britannique O2 a décidé d'arrêter les services i-mode, même si le service continuera pour les 260 000 clients pendant encore 2 ans.
En Allemagne ou en Italie, les tentatives de mise sur la marché de cette technologie n'ont pas permis de constituer une clientèle de plus de 100 000 abonnées sur chacun de ces pays...
L'opérateur hollandais KPN a annoncer fin 2007, l'arrêt du développement de l'i-mode pour des raisons de rentabilité économique. Par exemple, l'opérateur belge Base, filiale de KPN compte actuellement 10.700 abonnés.
"Nous continuons certes à fournir le service, mais n'en faisons plus de la publicité. Il n'y aura plus de nouveaux appareils, et l'on ne développera plus de nouveaux services", explique Bart Vandesompele, porte-parole de Base.
Ailleurs comme en Australie, l'opérateur Telstra met fin à l'i-mode après avoir atteint seulement 60 000 abonnés en un peu plus de deux ans d'exploitation.
Il est donc l'heure pour Bouygues Telecom de tirer les leçons de la situation de l'offre i-mode. Est-elle encore pertinente ?
Voici ci-dessous, les éléments clés qui permettent de se faire une opinion sur le sujet.
Points positifs :
- Une quantité non négligeable de services mobiles,
- Un nombre significatif de clients par rapport aux autres opérateurs européens,
- Un taux de transformation sur les services mobiles qui a longtemps été supérieur à 30%
- Environ 50% des clients i-mode utilisent l'accès à l'Internet mobile.
- La messagerie électronique.
Points négatifs:
- Nombre d'abonnés en baisse,
- Concurrence des services mobiles accessibles via le Haut Débit mobile : les technologies 3G/3G+ (de 384 kb/s pour l'UMTS à 3,6 Mb/s pour le HSDPA)
- Particularité des terminaux i-mode, environnement logiciel à part (Ntt Docomo développe son propre langage Java, appelé Doja = conséquence peu de jeux sont développés par les éditeurs occidentaux dans ce secteur)
- Marché mondial en diminution et moindre intérêts des constructeurs pour fournir des appareils avec de nombreuses fonctionnalités multimédia.
- La qualité des services mobiles i-mode réalisés en langage de programmation c-HTML ne font plus la différence face aux services WAP développés avec le langage x-HTML.
Ainsi, le troisième opérateur français à décider de faire disparaître le portail i-mode au profit d'un seul portail WAP commun à tous ses clients.
Rien n'est totalement arrêté mais il est facile de comprendre que la technologie i-mode est en sursis au sein de l'état major commercial de Bouygues Telecom.
L'i-mode avait en son temps été qualifié de transition vers les services 3G/3G+ mais cette même transition est plus que jamais d'actualité.
En effet, ce sont les opérateurs Orange et SFR qui se partagent de façon égales et aux prix de rudes batailles médiatiques, le marché français de la 3G/3G+.
Bouygues Telecom quant à lui, continue de proposer des forfaits i-mode et Haut Débit Edge (2,5G) à ses clients. Fin 2007, l'opérateur a fait une timide incursion sur la 3G/HSDPA pour respecter ses engagements auprès de l'Autorité de Régulation des Télécommunications: les clauses de la licence de troisième génération, oblige Bouygues T. de déployer rapidement la 3G sur au minimum 20% du territoire national.
Actuellement seuls quelques professionnels disposant de cartes PCMCIA peuvent accéder à se service sur leur ordinateurs.
Dès lors, l'heure des choix cruciaux s'imposent à Bouygues Telecom et la technologie i-mode pourrait être la première à faire les frais du repositionnement stratégiques de l'opérateur... A moins que l'i-mode évolue vers du très Haut débit Mobile (3G) mais rien n'est moins sûr compte tenu de ce qui se passe en Europe.
A suivre...
Sources Bouygues Telecom & datanews.be