Le Bordelais Stéphane Sanchez, animateur national de la Coordination nationale Stop Antennes, est sur tous les fronts ce week-end, au premier rang de la contestation visant à faire évoluer la législation sur l’installation des antennes relais téléphoniques. Entre une rencontre organisée au Sénat demain et la débaptisation symbolique d’une rue à Bordeaux samedi (à 15h au 103 bis rue de Belleville), ce membre du Collectif Amédée Saint-Germain, poursuit son combat. Entretien.
Quel est l’objectif de cette rencontre à Paris ?
La Coordination nationale des collectifs, qui est l’émanation du collectif local (bordelais), organise cette rencontre sur invitation de Leïla Aichi qui est la sénatrice chargée de la téléphonie mobile. L’objectif, c’est de réunir toutes les structures qui traitent de ce sujet autour de la table de telle manière à parler d’une seule voix. Il s’agit de se rencontrer avant de réaliser une deuxième plate-forme de travail en septembre prochain pour rédiger conjointement des motions de projet de loi qui seront présentées pour la deuxième fois à l’Assemblée nationale à l’automne (...) Si on veut une réglementation plus stricte, ça passera nécessairement par les législateurs.
Il n’y a pas de marge de manoeuvre au niveau local, sur Bordeaux ?
Sur le plan local, il s’agit de sensibiliser la population et faire oeuvre de pédagogie. Comme par exemple en faisant connaître le rapport de l’OMS du 31 mai 2011 qui a classé les ondes comme «peut-être cancérigènes», d’où l’application du principe de précaution (...). Mais depuis octobre de l’année dernière, les maires n’ont plus les compétences pour le déploiement de la téléphonie mobile, c’est désormais une compétence ministérielle. Depuis, les maires sont jugés bons à faire une autorisation de travaux pour augmenter votre murette de 20 cm, mais pas compétents pour se prononcer sur le fait de mettre un pylône de 13 m à côté d’une résidence pavillonaire ! Au vu des évolutions des derniers mois, on sait où l’on va : il est fort probable que dorénavant ni un maire ni un citoyen ne pourra plus rien faire contre l’installation de ce type de dispositifs. J’espère que le futur me donnera tort mais je n’y crois pas.
A Bordeaux, vous allez débaptiser la rue de l’ARS. Quelle est le sens de cette action ?
L’Agence régionale de la Santé est censée traiter des problématiques de santé publique mais ne s’est jamais positionnée sur le sujet des antennes relais ! C’est pour cette raison que nous allons rebaptiser symboliquement cette rue : «La téléphonie d’accord, la santé publique d’abord». Il ne faut pas y voir une action particulière en période électorale, mais d’une action de communication comme nous avons pris l’habitude de le faire lors du dernier samedi de chaque mois.
Concernant le projet d’installation d’une antenne sur le toit de la résidence de la rue Amédée Saint-Germain, qu’en est-il ?
Nous avons été reçus dernièrement en mairie où cela aurait dû être une réunion de concertation. Finalement il n’y a pas eu de concertation puisque la décision avait déjà été prise. Le débat a donc été relativement stérile. Free, l’opérateur en question, campe sur sa position. Il y a un vrai rapport de force qui s’est installé. Mais on continuera à résister.
Au-delà de la rue Amédée Saint-Germain, quels sont les projets en cours sur l’agglomération ?
Malheureusement, je ne peux pas donner le moindre chiffre, j’ai demandé à la CUB le nombre d’installations, ils sont incapables de nous le donner. Par ailleurs, le site de l’ANFR qui est censé répertorier toutes les installations en France, n’est pas complet. Pour le savoir, il faudrait aller sur les sites des différents opérateurs et effectuer un recoupage, c’est d’une opacité absolue ! •