La première fois que j’ai assisté à la création, je crois que c’est le nom le plus adéquat, d’un château humain, ce fut dans un de mes voyages à Barcelone. Il y avait divers groupes qui, apparemment, étaient en compétition et les châteaux se déroulaient en plein centre, sur la place qui se trouve derrière la Cathédrale. Mon premier sentiment fut celui de l’anxiété et même de la peur, surtout quand je vis avec le cœur palpitant comment un enfant de sept ou huit ans grimpait tranquillement et en toute confiance sur les jambes, les torses, les épaules et encore les jambes, les torses et les épaules de ses compagnons jusqu’au sommet de cette particulière tour humaine. Lorsque le petit gars leva les bras vers le ciel, triomphant, toute la foule angoissée (du moins je l’étais énormément) éclata en applaudissant de joie. Quoique je puisse en dire, je ne pourrais reproduire cette impression entre la crainte et l’admiration (pour l’esprit communautaire de ce jeu à mi-chemin entre l’habileté et la force) que représentent les castellers, beau symbole du pouvoir de dépassement humain lorsqu’on travaille en équipe.
Les castellers sont très nombreux sur tout le territoire de ce qui fut l’ancien royaume de Catalogne (Valence, Majorque et les quatre provinces catalanes). Bien que la première information sur la création de ces impressionnantes tours humaines date de la fin du XVIIIe siècle, ce particulier jeu d’habileté et de force semble être beaucoup plus ancien. Un chercheur, selon moi, trouvera un jour la relation avec les jeux (olympiques ou d’athlétisme actuels) qui se célébraient habituellement, comme faisant partie de rituels sacrés, des anciennes tribus vivant dans le bassin méditerranéen.
Théories anthropologiques mises à part, sans aucun fondement je reconnais, les castellers sont parfaitement organisés; leurs interprétations, si nous pouvons appeler ainsi cette exhibition d’esprit d’équipe, sont programmées et l’agenda, car nous sommes à l’ère de l’internet 2.0, est accessible à tous les publics. Avis au lecteur intéressé, le spectacle en vaut la peine, car une fois passé le pincement au cœur du début, (de peur que la tour ne s’écroule et que tous tombent à terre), la constatation de la force que donne la solidarité vous réconcilie avec l’humanité.
Les fans des castellers ont leur propre langage, par exemple, le petit qui couronne la tour humaine est le “enxeneta”, la “canaille”, si c’est un majorquin. Pour une tour de neuf niveaux avec cinq personnes à chaque marche (combien cela fait-il de mètres?) l’expression est “cinc de nou amb folre”; pour une plus basse, de huit, avec quatre personnes à chaque niveau, le terme de castellers est “quatre de vuit amb agulla”.
Plus info: http://castellersdebarcelona.cat/
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