A l’origine de mes travaux sur le changement se trouve mon
expérience personnelle de l'entreprise. En la formalisant, j’ai eu la
satisfaction de constater qu’elle rejoignait les travaux professés un peu
partout dans le monde.
C’est alors que j’ai découvert que, en dehors du monde universitaire,
ce que je disais subissait un rejet catégorique. Mais pourquoi ? Pourquoi
rejeter une science ? Sans compter qu’elle remonte à la nuit des temps,
et que toutes les sciences l’alimentent !
J’ai fini par penser qu’il y avait là-dessous une question
culturelle. Aux USA, par exemple, le citoyen est supposé un être actif. Le
changement (la conduite du changement), en conséquence, est quelque chose qu’il
va apprendre et pratiquer comme d’autres techniques utiles. En France, par
contre, le citoyen est passif par nature. Pour lui le changement a deux
significations. Soit il lui est appliqué et il est mauvais. Soit il est
appliqué aux autres (qui représentent le mal), et il est bon. Dans les deux
cas, c’est une incantation magique.
On retrouve ici, probablement, l’opposition entre l'éthique
protestante du salut par le travail et l'éthique catholique du salut par la
grâce.