Ce roman, assez subtilement composé,fait se croiser documents historiques réels (extraits de la correspondance de Rousseau ou passages tirés des Confessions ou des Rêveries du promeneur solitaire) et l’histoire fictive, celle du dénommé Baptiste, fils aîné du philosophe et de sa compagne Marie-Thérèse, qu’il a toujours refusé d’épouser.
L’aspect documentaire du roman est assez important, surtout dans la première moitié du livre. On y apprend le sort réservé aux Enfants Trouvés, qui mouraient le plus souvent avant d’avoir atteint l’âge d’un an. “L’hospice fondé par saint Vincent de Paul au siècle passé était en 1746, un immense mouroir. Les parents pouvaient-ils l’ignorer ? Pouvaient-ils ignorer que l’abandon, fût-ce dans une charitable institution, constituait un infanticide à peine déguisé ?”
En effet, les conditions de vie précaires ne faisaient qu’augmenter les maladies et les nourrices avaient parfois tendance à délaisser ceux qu’elles pouvaient considérer comme une simple source de revenus. Ces enfants, ne faisant finalement plus vraiment partie d’une famille, étaient souvent bien peu considérés et étaient sacrifiés lors des batailles qui faisaient alors rage entre la France, l’Angleterre et l’Espagne.
Mais venons-en à la composante fictive de ce roman. Baptiste, après avoir subi les mauvais traitements infligés par l’entourage de sa première nourrice, est confié à une jeune mère venant de perdre son enfant. L’attachement de Jeanne pour ce bébé devient vite de l’amour maternel. Après plusieurs malheurs, Baptiste devient le fils adoptif (mais surtout spirituel) d’un guérisseur, personnage humaniste, avide de progrès, qui semble incarner les valeurs fondamentales de la philosophie des Lumières.
Ce roman a donc été une belle découverte, instructive et agréable, à conseiller à bien des égards !
Isabelle Marsay, Le Fils de Jean-Jacques ou la Faute à Rousseau, éditions GINKO, 15 €
Billet rattaché au Challenge Romans sous influences de George.