Ce florilège d’informations piquantes et instructives s’attache à observer le monde de l’art sous les angles les plus insolites et à détruire au passage, non sans un humour bienvenu, un certain nombre d’idées reçues. Tout commence dès la première page du livre, où il est question, naturellement, de la Joconde : « Qui, aujourd’hui, peut encore ignorer l’existence de La Joconde, la toile la plus célèbre du monde ? On a lu parfois qu’elle avait été retrouvée "roulée sous le lit de son voleur". Célèbre, certes, mais "toile", absolument pas ! Elle est en effet peinte sur un panneau de peuplier, ce qui la rend tout de même difficile à rouler ! »
A l’entrée « Monochromie », plusieurs titres, dus à Alphonse Allais, sont cités, tel celui d’un monochrome rouge : « Récolte de tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer Rouge. » On trouve plus loin cette définition au vitriol, mais fort bien vue, de Camille Mauclair (« inventeur » de la légende ridicule du fiasco dont aurait été victime Baudelaire dans les bras de Madame Sabatier) : « l’ex-talentueux Camille Mauclair (1872-1945) […] qui vieillira mal, passant de la critique éclairée aux articles grincheux, et de l’anarchisme au pétainisme. »
Beaucoup d’anecdotes, qui couvrent une période s’étendant de la Préhistoire à nos jours, sont divertissantes et, à l’évidence, le fruit de recherches approfondies. Elles réservent même parfois de véritables surprises ; ainsi apprend-on (p. 188) que René Collmarini, pour la statue de François Villon située Square Monge, qu’il exécuta en 1930, eut recours à un modèle inattendu, mais finalement pertinent : Antonin Artaud.
Cet essai est enlevé, ludique et érudit ; il devrait intéresser et divertir les amateurs d’art.
Illustration : René Collmarini, statue de François Villon, photo D.R.