Le Stelvio : un col de legende

Prenez un col italien. Ajoutez-y une altitude digne de l'Iseran, une dénivelée à faire pâlir le Ventoux, et deux fois plus de virages que l'Alpe d'Huez. Saupoudrez le tout de neige et vous obtiendrez : le Stelvio !

Samedi prochain, l'avant-dernière étape du Giro arrivera au sommet du Passo dello Stelvio, le plus haut col de montagne routier d'Italie, à 2 758 mètres d'altitude.
Le tracé de cette étape est particulier : c'est le fruit d'un sondage proposé aux fans sur les réseaux sociaux. Il faut dire que, pour les Italiens, le Stelvio est un col de légende, rappelant à chacun les exploits de Coppi.
En 1953, alors que le Stelvio est une nouveauté sur le Giro, Fausto Coppi s'y envole, signant un de ses derniers grands exploits et anéantissant au passage les espoirs de Koblet. Grâce aux 48 lacets du col italien, la Campionissimo remporte l'étape avec 3’28’’ d'avance sur son jeune rival Suisse et gagne le lendemain son cinquième Giro.
Quelques années plus tard, en 1965, les organisateurs du Giro décident de nommer "Cima Coppi" le sommet ayant la plus haute altitude atteinte par le passage des coureurs cyclistes au cours d'un Tour d'Italie. Ce sera souvent le Stelvio. En 1975, plutôt que Milan, c'est même ce col des Dolomites qui sera le point d'arrivée final du Tour d'Italie.

Mais pour les français, le Stelvio est devenu mythique en 1980. Jean René Bernaudeau passera le col en tête. Mais derrière, son leader, Bernard Hinault, a lancé la grande lessive. Son attaque d’Hinault surprend : elle intervient l’étape d’un contre-la-montre et surtout, il reste plus de 80 kilomètres de descente et de plaine avant l'arrivée. Face au vent, les deux hommes joignent leurs efforts. A l'arrivée, Bernaudeau remporte l'étape, et le Blaireau endosse le maillot rose qu'il ramènera jusqu'à Milan.
4 ans plus tard, l'ambiance est bien différente. Moser, avec un vélo révolutionnaire, vient de battre le record de l'heure. Les italiens rêvent de le voir remporter le Giro. il faut dire que quelques années plus tôt, il a enchainé les podiums (entre 1977 et 1979). Mais voilà, Moser est un excellent rouleur, mais pas le meilleur grimpeur du monde. Et le jeune prodige français, Laurent Fignon, s'amuse à lui rafler le maillot rose dés la 2ème étape. Victime d'une fringale quelques jours plus tard, le français perd de précieuses minutes. Il doit, s'il veut l'emporter, refaire son retard en montagne. Aussi, il compte bien mettre à profit l’ascension du Stelvio, prévu sur la 18ème étape.
Étrangement, l'organisateur de la course décide alors d'annuler l'étape, invoquant la neige. Remplacé par une étape de plaine, le Stelvio ne sera pas escaladé et ne permettra pas cette fois-ci, à un coureur français d'emporter le Giro.
Fignon devra patienter jusqu'en 1989 pour enfin remporter le Tour d'Italie.

Dans quelques jours, n'hésitez donc pas à suivre 20ème étape du Giro 2012. Et vous comprendrez pourquoi les mordus de vélo ont plébiscité le Stelvio.
Et d'ici là, si vous voulez voir l'état de la route, il y a sur ce site et sur celui ci des webcams au sommet. Pas de doute, la neige sera de nouveau présente cette année.