1) Les 5 arguments mensongers de l’UMP : la droite fait comme si les propositions de Sarkozy n’avaient pas déjà été sanctionnées par une majorité de Français
Mensonge n°1 : « Avec la gauche qui refuse la règle d’or, la France va finir comme la Grèce »
Bien entendu, il faut réduire les déficits et définir un calendrier de désendettement : ce sera chose faite avec la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques que le Gouvernement de J-M. Ayrault soumettra au Parlement dès la session extraordinaire de début juillet. Ainsi nos partenaires européens, les autorités communautaires, les instances internationales et les investisseurs étrangers sauront le cap tracé par la France pour 5 ans.
Pour y parvenir, il faut des mesures immédiates afin de faire redémarrer l’activité et l’emploi. Sinon, la spirale de la récession continuera d’aggraver les dettes, brisera les économies et provoquera la révolte des peuples.
C’est ce qui se passe en Grèce, en Espagne et au Portugal. Ils appliquent l’austérité imposée par le duo Merkel-Sarkozy. Résultat : leur économie s’effondre, le chômage explose, le pouvoir d’achat se dégrade. Les rentrées fiscales s’amenuisent, ce qui compromet toute solution durable à la crise de la dette.
L’urgent, c’est de relancer la croissance. C’est le sens des réformes structurelles que propose F. Hollande pour redresser la France – réformes bancaire, fiscale, de la politique industrielle, de la décentralisation – et de sa volonté de renégocier le traité budgétaire européen afin qu’il tienne compte de la croissance et de l’emploi (mobilisation de la banque européenne d’investissement, pleine utilisation des fonds structurels, « project bonds » pour financer des grands travaux technologiques, industriels, énergétiques, d’infrastructures…).
Mensonge n°2 : « La gauche veut sortir du nucléaire, ce qui va entraîner une hausse des prix de l’électricité et casser une filière industrielle créatrice d’emplois »
Tout le monde le sait : dans les décennies qui viennent, la France va devoir choisir entre continuer le tout-nucléaire, modèle qui s’essouffle et qui n’est pas sans dangers, ou inventer un nouveau « mix énergétique », où le nucléaire aura une part centrale mais pas exclusive et qui permettra à la France d’être une nation leader pour les énergies nouvelles et l’efficacité énergétique.
Durant la campagne, F. Hollande a pris des engagements précis qui n’ont rien à voir avec les caricatures de la droite : au cours de son quinquennat, une seule centrale sera fermée (Fessenheim, située sur une zone sismique) et la France sera engagée sur une trajectoire de réduction de la part du nucléaire de 75% à 50 % dans notre production électrique à l’horizon 2025.
Dans le même temps, nous ferons baisser les coûts avec une tarification progressive et nous engagerons un grand plan de sobriété énergétique (rénovation thermique d’un million de logements en 5 ans, soutien aux transports collectifs et à la voiture décarbonée) – priorités créatrices d’emplois non délocalisables.
Enfin, nous créerons des emplois avec le développement de filières d’excellence dans les domaines de l’ingénierie de la déconstruction (démantèlement) des centrales nucléaires obsolètes et des énergies renouvelables sans exclusive (éolien offshore, biomasse, géothermie, solaire, etc.)
Mensonge N°3 : « Avec la gauche, c’est le matraquage fiscal des classes moyennes »
C’est la droite qui a matraqué les classes moyennes ! Depuis 2002, les plus fortunés ont bénéficié de plus de 30 milliards de réduction d’impôts, alors que les classes moyennes ont subi de nombreuses hausses de taxe : taxe sur les assurances et les mutuelles, franchises médicales, taxe sur la téléphonie et internet, taxe sur la copie privée, taxes sur le logement social, taxes pour financer les retraites, hausse du taux réduit de la TVA, etc. Et si l’UMP revenait au pouvoir, cela continuerait avec notamment le retour de la TVA-Sarkozy programmée par l’UMP pour octobre prochain.
Au contraire, François Hollande augmentera fortement la fiscalité sur les plus hauts revenus pour les faire participer, enfin, à l’effort de redressement national (taxation à 75% des rémunérations supérieures à un million d’euros par an, rétablissement d’un véritable impôt sur la fortune, même barème de l’impôt pour les revenus du capital que pour le travail). Il agira pour le pouvoir d’achat des classes moyennes : soutien au SMIC, protection de l’épargne populaire (livret A) contre la spéculation, revalorisation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire, conférence salariale pour relancer les salaires, instauration d’un tarif progressif pour l’électricité, le gaz et l’eau.
Mensonge n°4 ! « Le droit de vote des étrangers, c’est la communautarisation de la société française »
Aujourd’hui, ce qui divise les Français et favorise le communautarisme, c’est le discours de l’UMP qui joue sur les peurs et oppose les Français entre eux.
Au contraire, le droit de vote pour les élections municipales des étrangers installés en situation régulière sur le territoire national est une mesure de justice et de bon sens, qui permettra d’intégrer ceux qui assument les devoirs d’un citoyen. Il fait coïncider droits et devoirs. Il unit autour de la démocratie et de ses valeurs. C’est un facteur de rassemblement et d’apaisement.
De nombreux pays européens appliquent déjà cette mesure (Irlande, Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg) et l’expérience montre que cela a été un facteur fort d’intégration.
D’ailleurs, M. Sarkozy s’était lui-même dit favorable à cette mesure avant 2008. Aujourd’hui, sa dénonciation par l’UMP n’est qu’un prétexte pour mettre en cause les musulmans à des fins électoralistes.
Mensonge n°5 : « Avec la gauche, ce sera l’ouverture des vannes de l’immigration »
Depuis 2002, la droite n’a pas réduit le flux d’entrées en France – il est aujourd’hui autour de 100 000. Elle n’a pas non plus réduit le nombre de sans-papiers, estimés entre 200 000 et 400 000.
Durant la campagne présidentielle, F. Hollande a dit très clairement que l’immigration liée au travail sera régulée en fonction des besoins. Concernant les sans papiers, il propose des critères de régularisations clairs, transparents et appliqués uniformément sur le territoire avec un examen au cas par cas selon trois critères principaux : la durée de présence sur le territoire, les liens avec l’emploi, les attaches familiales, dont la scolarisation des enfants. De même, il a annoncé sa volonté d’abroger la circulaire Guéant contre les étudiants étrangers alors qu’ils sont une dimension du rayonnement de la France et de sa langue.
2) Faute d’avoir des arguments convaincants contre le projet de F. Hollande qu’ont approuvé les Français au 2ème tour de la présidentielle, l’UMP en est réduite à vanter les mérites de la cohabitation
L’UMP affirme : « Il faut rééquilibrer les pouvoirs sinon la gauche va les détenir tous »
La cohabitation, ce n’est pas le rééquilibrage des pouvoirs, c’est le blocage du changement proposé par F. Hollande et approuvé par les Français le 6 mai. C’est le retour de l’UMP, avec la hausse de la TVA, la baisse des salaires, une nouvelle réforme des retraites pour retarder encore l’âge de départ, la vente par appartements de la Sécurité sociale aux assurances privées, les « accords compétitivité-emploi » pour remettre en cause le contrat de travail, l’aggravation de la destruction des services publics avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, l’approbation sans conditions du traité d’austérité en Europe.
Ensuite, que l’UMP ne se méprenne pas : si la gauche est majoritaire dans les Régions, les Départements et les grandes villes ou métropoles, c’est parce que la gestion des deniers publics et les politiques publiques mises en oeuvre par les élus locaux socialistes, de la gauche et des écologistes sont appréciées. Le PS n’a pas fait un rapt aux élections départementales depuis 2001, ni aux élections régionales depuis 2008 : nous avons reçu la confiance et les suffrages des habitants.
En outre, il n’y a pas de risque de « concentration des pouvoirs » car F. Hollande a pris des engagements forts sur la pratique du pouvoir : il n’y aura pas d’Etat-PS, comme il y a eu un Etat-UMP. L’objectif des socialistes est d’utiliser les pouvoirs qui leur sont confiés démocratiquement pour appliquer leur programme. L’objectif n’est pas de tout contrôler, comme en témoignent les évolutions institutionnelles que nous introduirons si les Français nous donnent une majorité forte à l’Assemblée nationale :
- le rôle du Parlement sera renforcé, notamment son pouvoir de contrôle du Gouvernement ;
- l’indépendance de la justice sera garantie (fin des instructions individuelles et réforme du Conseil supérieur de la magistrature) ;
- l’indépendance des médias sera protégée (fin de la nomination des présidents de l’audiovisuel public par le président de la République et nouvelles règles anti-concentrations) ;
- application stricte du non-cumul des mandats et lutte renforcée contre les conflits d’intérêt ;
- inscription dans la Constitution de la démocratie sociale afin de consacrer le dialogue avec les partenaires sociaux dans notre pays.
La volonté de F. Hollande est de construire une démocratie moderne où le fait d’être élu ne donne pas tous les pouvoirs : « je ne veux pas être chef de tout, qui décide de tout et qui, en définitive, n’est responsable de rien », a-t-il martelé. Au fond, la garantie contre le risque de concentration des pouvoirs, c’est que F. Hollande n’est pas N. Sarkozy.
L’UMP prétend que « la cohabitation rassurerait les marchés car la règle d’or serait appliquée »
L’élection de F. Hollande n’a provoqué aucune défiance des marchés. Une nouvelle fois, l’UMP a voulu faire peur. Ce que les marchés attendent avant tout, c’est de la stabilité et de la visibilité.
Au contraire, une cohabitation créerait de l’incertitude à deux niveaux. Incertitude institutionnelle, car des blocages voire une crise débouchant sur de nouvelles élections sont toujours possibles. Incertitude politique, car la droite est actuellement divisée et elle n’a aucun chef incontesté. Ces divisions seraient un facteur d’aggravation de la crise et pas de résolution. Quelle ligne de l’UMP serait-elle au pouvoir ? Nul ne le sait. Ou plutôt, en l’absence d’un leadership clair, ce serait la perpétuelle guerre des courants, telle qu’elle existe aujourd’hui entre MM. Fillon, Copé, Bertrand, Juppé, Wauquiez, Baroin, Le Maire, Jouanno, Dati, Kozciusko-Morizet… Avec la droite aux commandes, la France serait un bateau ivre.
Publié par Laurent Logiou dans Législatives 2012