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La Chine peut-elle vraiment protéger ses ressortissants contre les enlèvements en Afrique ?

Publié le 23 mai 2012 par Infoguerre

chine soudan 150x150 La Chine peut elle vraiment protéger ses ressortissants contre les enlèvements en Afrique ? influence strategieAvec une présence importante de la communauté chinoise en Afrique – entre 750 000 et 1 million de ressortissant selon les sources – le gouvernement chinois doit faire face au problème de la sécurité de ses ressortissants. Comment la Chine gère les cas de kidnapping ?  Est-ce que la Chine à la capacité et/ou la volonté de protéger ses ressortissants à l’étranger et plus particulièrement en Afrique.

Le très fort développement économique de la Chine, force ce pays à une quête permanente de matières premières, à juste titre elle s’est positionnée sur le marché africain comme un partenaire économique indispensable depuis une décennie. L’intensification des relations sino-africaines entre dans le cadre de la « Go Global Policy » chinoise, initiée il y a dix ans pour inciter les entreprises d’Etat à se développer et s’implanter à l’étranger. Par exemple, 35% du pétrole chinois provient aujourd’hui d’Afrique, sans compter le cuivre, le bois, le manganèse et autres minéraux.

Les faits
Depuis 2007, des ressortissants chinois ont été victimes d’enlèvements dans divers pays d’Afrique. Nous pouvons constater que seul sur l’année 2012, la liste de ces enlèvements chiffre (recensement sources ouvertes).

  • Sud Soudan, 28 Janvier 2012 – 29 travailleurs chinois enlevés suite à une attaque.
  • Egypte, 1er Février 2012 – 25 travailleurs chinois enlevés dans la région du Sinaï
  • Egypte, 1er Mars 2012 – 2 chinois kidnappés

À la fin du mois d’avril, lors de la visite en Chine du président du Sud Soudan Mr. Salva Kiir Mayardit, une aide financière de huit milliards de dollars accompagné d’un message du vice-Premier ministre Li Keqiang lui a été remis : « assurer la sécurité des employés des entreprises chinoises et la sécurité de leurs propriétés est une étape essentielle à assurer de futurs investissements dans ce pays. » (Xinhua, le 25 avril).
La réponse politique de la Chine par défaut a été d'essayer de forger de meilleures relations avec les forces de police locales à travers l'Afrique et de mieux éduquer les travailleurs chinois à l'étranger sur les menaces qui pèsent sur leur sécurité. L'augmentation du taux d'enlèvements, cependant, suggère cette voie seule est insuffisante.

Les moyens de la Chine
La Chine a deux principaux moyens de réponse aux enlèvements de façon indépendante à l’étranger en dehors des recours diplomatiques habituels :

  • Le recours à l’Armée Populaire de Libération (APL).
  • Le recours aux entreprises de sécurité privées.

Les forces spéciales chinoises sont une des composantes de l’APL, elles sont reconnues dans le milieu des forces d’interventions occidentales pour leur savoir faire. Néanmoins, ces unités auraient une efficacité très réduite en Afrique du à l’absence de base militaire chinoise sur ce continent. L’impossibilité pour ces unités d’avoir un appui logistique limite énormément le choix de leurs actions possibles. Les bases militaires chinoises comprises dans le « collier de perle » apportent un soutien militaire pour des problèmes de kidnapping en mer comme c’est déjà le cas avec la piraterie maritime.
La France à contrario a la possibilité d’organiser une intervention militaire sur une grande partie du continent grâce à ses bases militaires permanentes implantés au Gabon, à Djibouti ou sur l’ile de la Réunion.
La Chine a toujours adopté la stratégie militaire du « culte de la défense » ce culte comporte trois composants importants :

  • Le Chinois aime la paix,
  • Il n’est pas agressif et ne souhaite pas conquérir
  • Il utilise la force que pour se défendre

Une position d’attente
D’un point de vue diplomatique, le gouvernement chinois pourrait utiliser la force pour se défendre mais il se trouverait dans une situation très délicate au cas où il déciderait de mener une action militaire en territoire étranger. En effet, le besoin en matières premières est tel que le maintien de bonnes relations diplomatiques avec les Etats Africain est un pré-requis à tous échanges commerciaux.
La plupart des entreprises chinoises opérant en Afrique travaillent avec des sociétés de sécurités locales, malheureusement ces sociétés ne sont pas suffisamment fiables pour garantir un niveau de sécurité suffisant. Une société de sécurité chinoise nommé : « Shandong Huawei » a fait son apparition dans le secteur de la protection à l’étranger, elle recrute des anciens policiers mais également des militaires qui auraient servi en Iraq et qui auraient fait parti du service de protection rapproché de l’ambassadeur de Chine à Baghdâd (IIT Madras China Study Center).
Le positionnement de ce type d’entreprises est délicat car il montre un manque de confiance vis-à-vis de la capacité de protection de l’autorité locale et ne ferait que renforcer incompréhension entre deux communautés qui se côtoient mais ne se mélange pas. D’autant plus qu’une partie des enlèvements découleraient directement d’un sentiment anti-chinois (enlèvement de 2012 Egypte Sinaï).
La stratégie actuelle du gouvernement chinois est de s'en remettre aux forces du pays hôte pour protéger ses ressortissants, ce n’est pas un gage de sécurité mais cela restera néanmoins la seule position possible actuellement de la Chine face au problème des enlèvements en Afrique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, 1,44 milliards de dollars d’investissement sur le continent africain en 2009 et 2000 entreprises chinoises implantés contre 56 ressortissants chinois kidnappés dont 5 décès. Nous sommes donc en droit de nous demander si le gouvernement chinois préfère protéger ses intérêts diplomatiques et commerciaux au profit du peuple chinois plutôt que l’intégrité de ses ressortissants en Afrique.


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