Le biologiste explique que la vie c’est le changement, le philosophe ou le psychologue encourage aux changements de point de vue, et nous venons de voter démocratiquement pour le « changement » ! Mais que souhaitons-nous vraiment changer ? Afin de préciser cette question, regardons de plus près nos trois domaines de vie, à savoir ceux de notre physique (dit « concret »), de notre mental (mode social, limbique), et de notre imaginaire (créatif).
La conscience physique, de nature physiologique, est la plus ancienne. Elle est gérée par notre cerveau reptilien, exclusivement égocentré. Cet égocentrisme a développé un puissant réflexe individualiste, qui se vérifie à chaque instant. Cette aptitude, fondamentalement matérialiste, depuis toujours à la base de nos survies individuelles, inonde notre quotidien. Elle nous concerne tous.
La conscience « mentale » est également d’origine animale. Elle nécessite une vie collective, sociale au sens le plus primaire du terme. Ce mode de vie est centré sur l’espèce, le groupe, le clan, la famille. Son niveau de conscience homo sapiens a généré une culture anthropocentrée, qui ramène tout sous un point de vue humain : les qualificatifs, les caractéristiques (la « taille », par exemple). Notre culture mentale est ainsi truffée de croyances, de symboles et de certitudes… préservant de facto notre conscience physique par une sorte d’égocentrisme collectif !
Notre conscience créative est peu tolérée dans nos sociétés, ce qui préserve ainsi nos égocentrismes individuels et collectifs. Seuls quelques acteurs périphériques, artistes, écrivains, sont autorisés à devenir créatifs. Et encore,… quand le régime social en place le permet ! (Cf. : dictatures, pouvoirs religieux...). Ce qui est frustrant pour chacun d’entre nous, est que nous possédons tous une conscience imaginaire, capable d’initier du nouveau, du changement !
Pourquoi évoquer ces trois potentiels de conscience humaine ? Les deux premiers sont en conflit permanent, et conduisent à notre situation actuelle. Alors, comment éviter ce risque d’implosion humaine permanente ? Par notre imagination, notre créativité, et… du changement ! Mais quel changement, et… initié par qui ? Ce changement est souhaité, et même souvent exigé, mais… des autres, de la collectivité, de « ceux qui peuvent décider » : notre vieille conscience sociale a encore frappé ! Mais intimement, nous savons que ce disant, nous ne décidons rien… afin de mieux nous préserver : nos vieilles consciences veillent au grain ! Alors, comment faire ? En fait, seule notre conscience créatrice permet à la fois de prendre en compte les besoins de l’individu et de la collectivité, tout en générant ce vrai changement… à partir de soi : quand notre culture et nous-mêmes aurons pris conscience de cette nécessité créatrice pour changer nos vies, l’horizon de notre humanité redeviendra spontanément plus optimiste !
Pascal CAIGNEZ, Directeur de recherche
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