Il était une fois une oiselle qui n’avait pas le pouvoir de voler. Telle un poulet, elle allait et venait sur le sol. Elle avait entendu dire que certains oiseaux s’élevaient dans les airs, mais cela ne changeait rien à l’affaire.
Par un étrange concours de circonstances, l’oiselle se trouva à couver l’oeuf d’un oiseau volant.
Quand le moment de l’éclosion fut venu, l’oisillon brisa la coquille et vint au monde avec l’aptitude à voler qui avait toujours été sienne, même pendant le temps de son existence dans l’oeuf.
Il s’inquiéta bientôt de savoir quand il pourrait prendre son essor.
« Fais comme les autres, persévère dans tes efforts pour voler », répondit sa mère adoptive.
L’oiselle attachée à la terre aurait été bien incapable de lui donner des leçons de vol : elle ne savait même pas comment le faire tomber du nid afin qu’il puisse apprendre.
Il est curieux, dans un sens, que l’oiselet n’ait pas compris cela. Son appréciation de la situation était faussée par le fait qu’il éprouvait de la gratitude envers celle qui l’avait fait éclore.
« Sans cela, se disait-il, je serais encore dans l’oeuf ! »
Il se disait aussi parfois :
« Quelqu’un qui peut me faire éclore peut sûrement m’apprendre à voler. C’est sans doute une question de temps, ou bien cela dépend de mes propres efforts, ou de quelque sagesse supérieure. Oui, c’est ça ! Un jour, je serai brusquement porté au stade suivant par celle qui m’a amené jusque-là. »
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