Dans l’immensité de l’univers musical que nous nous efforçons de disséquer, d’analyser et de filtrer soigneusement afin de vous en extraire la quintessence, il y a des groupes qui, dotés d’une sorte de pouvoir de lévitation, se maintiennent en permanence à la surface de cette masse sonore.
Sigur Rós fait incontestablement partie de cette catégorie. Depuis le milieu des années 90, le quatuor islandais règne en maitre incontesté sur les terres sauvages du post-rock. La technique vocale hors pair de Jónsi, le jeu de basse à l’archet, les textes en langue locale, les influences de musique classique… tant d’éléments qui ont rendus l’univers du groupe unique, qui ont participé à cette notoriété qui n’est plus à prouver aujourd’hui.
Alors à ce stade-ci, quand on apprend que Sigur Rós va sortir un nouvel album, on se dit « à quoi bon ? Est-ce bien utile de faire un review ? En haut ils sont, en haut ils resteront, pour des siècles et des siècles. Amen ».
Et bien non, ne tombons pas dans cette fatalité, et voyons donc ce que les génies islandais ont de nouveau à nous offrir avec leur Valtari, sorti ce 28 mai.
Pour la forme : 8 pistes, variant de 5 à 8 minutes, un classique, une figure imposée dans le monde du post-rock, auquel le groupe nous avait habitué lors d’albums précédents comme (), mais pas systématiquement. On notera d’ores et déjà la hauteur de l’exercice particulièrement dangereux qui consiste à faire durer un morceau aussi longtemps, tant plaisant doit il être pour maintenir une écoute attentive.
Et puis vient l’essentiel : l’écoute.
Il y a quelques jours, nous découvrions un premier extrait, Ég anda, dont le clip laissait pleinement entrevoir ce que sera le reste de l’album.
De par sa mélodie languissante et son style typiquement sigurrossien, ce premier morceau ouvre avec brio leur nouvel opus. On écoute, on prend plaisir et Ho ! un premier morceau de plus de 6 minutes vient déjà de s’écouler.
Inutile de s’épancher en détail sur les autres morceaux, ils sont tout aussi typiques. Trop ? A vous de juger.
Entendez donc que ce nouvel album ne recèle a priori pas de surprise majeure de la part de nos talentueux insulaires. L’atmosphère y est infiniment doux, presque céleste. Aucun morceau ne vient trancher cette continuité, aucune rythmique réellement énergique comme on aurait pu en attendre suite à l’album Með suð í eyrum við spilum endalaust et notamment les morceaux Inní mér syngur vitleysingur et Við spilum endalaust (non, je vous rassure, moi non plus je ne connais pas le nom des pistes par coeur).
Une continuité donc, une homogénéité même. Pas de rythmique énergique disais-je ? Certes, mais une puissance extraordinaire tout de même, dont eux-seuls ont le secret. Une simple écoute de Varúð ou de Rembihnútur sauront vous convaincre (s’il en est encore besoin) que oui, c’est long, languissant et indéniablement islandais, mais non ce n’est pas chiant et mou pour autant !
Bref, que dire de cet énième album ?
- Si vous aimiez Sigur Rós, vous allez adorer Valtari ;
- Si vous n’aimiez pas Sigur Rós, vous allez le détester ;
- Finalement, si vous étiez indécis, Valtari ne vous fera vraisemblablement pas trancher.
Notons finalement que cet album fait également l’objet d’un travail visuel intéressant, avec d’autres clips à découvrir prochainement. Je vous laisse découvrir cette facette sur le site officiel de la bande.
Un bon album donc, comme à leur habitude, en écoute sur 3voor12, et disponible sur iTunes, ou sur leur site officiel (avec tout plein de goodies !).