Chères Étudiantes, chers Étudiants,
Vous me permetterez d'abord de m'adresser à votre groupe dans son ensemble et non à vos porte-paroles ou à ceux que nos médias nomment vos leaders, une expression qui reflète bien l'abrutissement servile de notre époque.
Voilà pourquoi je veux parler à tous les militants et militantes du mouvement Étudiant.
Vous êtes les travailleurs de la liberté.
Nous serons d'abord quelques centaines, puis nous serons des milliers à oeuvrer avec vous. Reste la question de la violence qui serait le mur entre nous. Mais de quelle violence parlons-nous au juste? Il est confortable de condamner la violence lorsqu'on ne la subit pas au quotidien, commode de juger sans comprendre, et de juger en bloc tous les Étudiants pour des gestes favorisés, voire peut-être même espérés avec cynisme par nos élus. Certes, certains d'entre vous jugent que l'heure n'est plus aux évènements festifs ou l'imagination confronte le pouvoir. Mais vous savez aussi que la raison du plus fort ne peut être la meilleure. Pour ma part je serai toujours contre un pouvoir qui est au bout du fusil, peu importe qui tient le fusil. Mais je n'ai jamais vu une matraque entre les mains d'un Étudiant.
En revanche, je n'ai jamais été témoin d'une telle violence envers un groupe social au Québec.Je n'ai jamais vu un tel mépris de la part du gouvernement à l'égard de ses propres citoyens. Je n'ai jamais vu une telle arrogance d'un trop grand nombre de journalistes et de chroniqueurs devant ceux qui pourraient leur apprendre à écrire et à s'exprimer décemment.
Voilà contre quoi vous luttez. À la raison du plus fort, vous opposez la force de la raison. En dénoncant la violence commise sur des personnes, vous avez rappelé le sens réèl de ce débat moral. Vous avez fait ce que vous faites depuis des mois. Vous nous apportez une parole édifiante.
Aux courtisans du pire, vous répondez en refusant de perdre votre dignité. Vous offrez une leçon de morale publique à un gouvernement qui ne se préoccupe plus d'honneur depuis trop longtemps.
Pourquoi vouloir enfermer la liberté dans une cage et briser l'espoir d'une société plus juste? Est-ce bien Mozart qu'on assassine en voulant détruire votre mouvement? Ne devrions-nous pas plutôt chercher à comprendre pourquoi ils veulent tuer Jaurès?
Je termine en vous remerciant encore une fois, et en conviant tout ceux qui comme moi, ressentent au plus profond d'eux-même, une infinie reconnaissance à votre égard, à en faire autant.
Chers Étudiantes, chers Étudiants,
Vous nous avez montré la voie.
On dit de vous que vous exigez l'impossible.
Au contraire.
Vous ouvrez les possibles
C'est la raison pour laquelle nous étions si nombreux à la grande manifestation d'hier.
En vous saluant de toutes les fenêtres.
Nous avons formé ensemble un grand tonnerre.
Oui, un très grand tonnerre d'applaudissements, une ovation dont l'écho se fait entendre encore et encore.
Et l'espoir.
(J'aurais souhaité avoir écrit certains passages de ce texte, ma mince collaboration se limite aux majuscules du mot Étudiant)