Évaluer un cours de conduite du changement

Publié le 23 mai 2012 par Christophefaurie
Parmi les paradoxes de ma vie, il y a celui de l’évaluation des formations. Mais, si les participants à la formation m’évaluent, cela ne signifie-t-il pas qu’ils sont plus compétents que moi, qui ai consacré mon existence au changement ?
Voici quelques réflexions sur la question :
Qu’attendre d’un cours de conduite du changement
Le participant à une formation doit se percevoir comme un champion sportif. Car ce sera à lui de conduire le changement, et à personne d’autre. Le formateur a le rôle de l’entraîneur. Il doit aider le champion à trouver des techniques qui lui conviennent et qui vont le faire gagner. La mesure ultime de l’efficacité d’un formateur / entraîneur est donc : m’est-il utile ? Cette efficacité est relative : un entraîneur peut convenir à un champion et pas à un autre.
Pour être un peu plus précis, voici quelques sous-objectifs importants :
  • Ai-je compris les (quelques) causes d’échec du changement ?
  • Ai-je une idée claire des facteurs clés de succès d’un changement ?
  • Ai-je envie d’expérimenter pour apprendre ?

Que ne faut-il pas attendre d’un cours de conduite du changement
La littérature du changement appelle les personnes qui savent conduire le changement des « leaders ». Cette compétence, rare, est le fruit de l’inné et de l’acquis. Or, l’homme ne peut pas changer sa nature : ce miracle n’est pas possible, a fortiori, durant un cours.
Par contre, l’homme peut « changer sans changer » : il lui suffit de faire comme le tennisman dont le revers est faible et qui se place sur son coup droit. Autrement dit, si une formation ne peut pas transformer une personne en leader du changement, elle peut l’aider à trouver ce qu’elle fait déjà bien et l’encourager à, dorénavant, utiliser systématiquement, et à développer, cette compétence.
En particulier, apprendre à conduire le changement, c’est avant tout identifier des gens qui sont doués pour cela et travailler avec eux. Il n’est pas besoin d’être soi même un leader du changement.
Un autre critère d’évaluation d’une formation est donc, en ce qui concerne la conduite du changement :
  • Ai-je pris conscience de mes forces et de mes faiblesses ?
  • Suis-je capable d’utiliser mes caractéristiques propres ? 

Le paramètre temps dans une évaluation
Une erreur commune est de croire que l’on va sortir d’une formation en sachant comment résoudre tous les problèmes auxquels on sera confronté. L’expérience montre qu’une bonne formation est meilleure pour expliquer ce qui n’a pas marché, que pour guider l’action. D’ailleurs, une des motivations les plus efficaces pour apprendre est de vouloir démontrer que ce que l’on a appris ne fonctionne pas.
L’apprentissage se fait ainsi : expérimentation pratique, échec, explication de l’échec, réussite, validation du savoir par la réussite. D’où une dernière façon d’évaluer une formation :
  • M’a-t-elle amené à expérimenter, à prendre des risques ?
  • M’a-t-elle donné les outils qui m’ont permis d’interpréter mes échecs ?

Vouloir apprendre et non juger
Dans ma vie d'élève, j’ai été mécontent de la majorité de mes enseignants. J’ai compris, des années plus tard, que j’avais eu tort. Ils n’étaient peut-être pas de bons pédagogues, mais ce qu’ils avaient à dire était important. D’ailleurs, ceux qui étaient à mon goût étaient généralement ceux dont j’étais prêt à avaler le cours coûte que coûte.
Mais, il y a eu aussi les bons qui se sont révélés vides, à long terme. Essentiellement les Américains. Pourquoi ? Parce qu’aux USA, l’élève est un client et qu’il faut qu’il soit heureux. Du coup, le cours est un show. Danger : qu’il ne soit qu’un show.
Bref, c’est avant tout l’élève qui fait le professeur. S’il a soif d’apprendre, il a d’énormes chances de réussir. S’il veut juger, il se condamne soit au mécontentement, soit à se faire abuser.