Comme nombre de personnes âgées, Elsa a de petites manies, des habitudes prises avec la vieillesse, qui rythment sa vie, l’occupent, la maintiennent au contact du monde extérieur. Cachée derrière les rideaux de sa maison, elle observe ses voisins, et surtout cette famille qui s’est installée il y a peu de temps, et ses deux enfants. Deux ? Elsa est tout d’abord intriguée, puis vraiment curieuse d’en apprendre un peu plus. Il semble en effet qu’il y ait un troisième enfant, un petit garçon à l’air maladif, maigre et mal en point, solitaire, à l’écart des deux autres qui jouent sans lui adresser un regard, une parole. Cet enfant, qui est-il, d’où vient-il, et pourquoi ce comportement étrange ? Elsa, hantée par ses propres souvenirs, ne sait plus très bien faire la part des choses. A-t-elle rêvé cet enfant ? C’est bien ce que lui disent tous ceux à qui elle s’adresse, son fils comme les services sociaux, puisque le garçonnet n’apparait ni à l’école, ni dans le registre familial.
Cette quête devient une véritable obsession. La vieille femme entend des bruits, est persuadée que l’enfant l’appelle au secours, qu’il lui adresse des signes. Mais son esprit est bien bancal et l’on ne sait pas vraiment si elle est en train de devenir sénile ou si ses craintes sont fondées, ce que personne ne croit autour d’elle. Elle écrit des lettres, rend visite aux services sociaux, tente d’alerter la police, mais aucun ne la prend vraiment au sérieux. La solitude lui pèse et peut-être s’invente-t-elle cet ami imaginaire pour la combattre, ne plus se sentir trop seule dans sa maison envahie de souris (dont on ne sait pas non plus si elles sont réelles ou imaginaires), parler… Son fils, pourtant patient, bien que leur relation soit on ne peut plus étrange (et un peu malsaine, en tout cas pas ce qu’on attend d’un enfant unique et de sa mère vieillissante) ne sait plus trop quoi faire de sa mère, il craint pour sa santé, tant physique que mentale, il pense même qu’il serait temps de la placer.
Voici un magnifique roman, que je vous conseille de lire au plus vite. Ce n’est pas un thriller classique car vous n’y rencontrerez pas de cadavre à chaque page, ni de méchant sérial killer. Juste la sensibilité d’une vieille femme. Sa conviction profonde qu’un enfant souffre et qu’elle doit le sauver. Sa folie aussi, car Elsa, en plus de se battre pour cet enfant qui semble n’exister que pour elle, doit également affronter les drames du passé, les admettre, alors que son esprit s’y refuse. On s’interroge et on ne sait pas toujours qu’en penser, s’il faut la croire ou au contraire stopper ses élucubrations et affabulations de vieille folle, sa paranoïa.
Un roman passionnant et bouleversant, qui m’a beaucoup émue, et tenue en haleine jusqu’au dénouement.
Merci aux Editions Fleuve Noir pour ce roman.
Un roman lu par Canel. Quelques lecteurs également sur Babelio.
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