La religion du pouvoir

Publié le 23 mai 2012 par Omelette Seizeoeufs
 

Ce matin, Jean-François Copé a dit ceci (Source : variae.com) :

« je vais vous dire, je plaide coupable avec regret mais c’est un arbitrage que nous avons eu à rendre et qui était difficile, dès lors que nous avions 317 députés sortants et qu’une bonne part d’entre eux se représentent et ont un ancrage très remarquable sur leur territoire, il était extrêmement difficile de les sacrifier. Voilà pourquoi j’ai pris avec mes amis de l’UMP cette décision qui nous coûtera en termes d’amende, et chacun doit comprendre que dans la période qui est la nôtre, il nous faut absolument avoir le maximum de députés et que cela passe par le poids, l’ancrage local de beaucoup d’entre-nous […] je suis moi un grand militant de la parité, j’ai été l’auteur d’une loi qui avec Marie-Jo Zimmermann prévoit qu’il y ait la parité dans les conseils d’administration des grandes entreprises françaises ».

Jegoun (au prénom un peu suspect : qui appelerait leur enfant Jegoun ?) s'interroge sur la légèreté avec loi chez ce grand parti, qui avait pourtant promis le retour de l'Autorité il y a cinq ans.

Maintenant ils sont tellement décomplexés, à l'UMP, ils ont du mal à se cacher. D'ailleurs, ce n'est pas tellement qu'ils n'arrivent pas, c'est qu'ils n'essaient même plus. À quoi bon ? Au contraire, il est bien plus valorisant de se présenter en "chef guerre" prêt à tout pour gagner.

L'idole de ces gens-là serait, si leur xénophobie le leur permettait, Thierry Henry (il ne ressemble pas assez à la France) quand, avec sa célèbre "Hand of Frog", il a assuré l'essentiel (la qualification) tout en trichant sur l'accessoire, c'est-à-dire les règles du jeu.

 

L'Union pour un Mouvement Populaire était d'abord l'Union pour la Majorité Présidentielle. Sa raison être a toujours été un meilleur système de partage de la soupe. Sans Président pour qui ils peuvent être la Majorité, et, semble-t-il, condamnés à ne même plus être une Majorité du tout, ils tournent en rond, déterminés malgré tout à rester une Union coûte que coûte.

À les entendre parler de "guerre", de la nécessité de violer les règles - et la loi - ("il nous faut absolument avoir le maximum de députés"), dire la fin justifie les moyens, on dirait que Chavez qui vient d'être élu Président de la République. Mais notre Chavez normal vient de réussir sa tournée dans le pays du Grand Capital sans fâcher personne, à part la première moitié de Merkozy.

Et après tout, qu'est-ce qu'elle a, "la période qui est la nôtre", pour mériter toute cette angoisse ? Visiblement La Crise n'a pas été réglée par un Nicolas Sarkozy pourtant quasi tout puissant. Les chars soviétiques ont eu problème de GPS ou bien ne supportent pas le biocarburant. Pourquoi tant de bave aux lèvres de ce grand parti gaulliste ?

C'est cette position impossible, impensable, inimaginable : celle d'une Minorité (sans doute), privé de pouvoir à tous les niveaux de l'État par dérisoires petites défaites électorales. Ça fait des sueurs froides, des battement des coeur, des vertiges. Le pouvoir, c'est existentielle, pour l'Union pour un Maximum de Pouvoir. Est-ce qu'ils ont des têtes à être dans la minorité, nos grands home de l'UMP ? Ils ont des têtes à être ministre de rien du tout ?

Donc la cause est juste : il faut sauver l'UMP, sauver le pouvoir qui fait couler le sang (européen) dans ses veines. C'est une cause qui mérite une guerre sainte. Ils reconnaissent les racines chrétiennes de l'Europe, mais leur seconde religion, c'est celle du pouvoir. Alors on ne va pas s'embêter avec la parité, vu l'enjeu.

 

C'est cette même volonté de puissance, cette même incompréhension et horreur de la défaite qui fait que l'UMP ne se gêne plus par rapport à la xénophobie. L'UMP fut créé pour Chirac, qui pouvait être "fracture sociale" ou "écologiste" quand une élection l'obligeait. L'UMP d'aujourd'hui va beaucoup plus loin, pensant qu'ils sont justifiés en disant n'importe quelle énormité, ou n'importe quelle abomination xénophobe, si cela peut les remettre sur les rails du pouvoir. Naïvement on pensait qu'avec Sarkozy parti de l'Elysée, cette pollution du discours public était derrière nous. Aujourd'hui il s'avère que ce n'était qu'un début.