Les Assiettes de Juliette : Le Terroir parisien : un resto de trop pour Yannick Alleno

Publié le 22 mai 2012 par Artyficielles

On se faisait une joie d’aller goûter la cuisine de Maître Alleno…On avait réservé depuis des semaines… On était curieux de voir comment le chef du Meurice avait transformé la Maison de la Mutualité en bistrot du dernier chic parisien. Et puis on avait même convaincu quelques gastronomes à cravate tissée de se joindre à nous. Autant vous dire qu’on avait la pression. La même pression sans doute que Monsieur Yannick devait ressentir au niveau de ses chevilles à force de les sentir enfler…

On ne sait pas si c’est son amourette avec Mademoiselle chante le blues (à Forbach, on s’en souvient bien), ses étoiles décrochées un peu rapidement ou alors sa sur-médiatisation bien orchestrée qui ont fait prendre à la grosse tête à Sieur Yannick…Quand on est Chef, on est d’abord cuisinier et pas homme d’affaires. Quand on est Chef, on n’ouvre pas 17 restaurants à  travers le monde dont deux à Courchevel, trois à Dubaï, trois à Marrakech et deux à Pékin, enfin, pas déjà. Quand on est Chef, on ne crée pas non plus un mensuel à sa propre gloire (YAM pour Yannick Alleno Magazine), enfin pas tout de suite. Enfin, quand on est Chef et qu’on monte une nouvelle table à Paris, avec le buzz qu’on connait, on fait attention au contenu des assiettes. Vous l’aurez compris, le bô gosse de la rue de Rivoli n’a pas réussi son implantation rive gauche. Même pas sûre qu’il n’y ait jamais mis les pieds. Et toque !

 

Le cadre est plutôt pas mal. Une grande salle au plafond haut, des tons gris de béton ciré, des tables bien dressées et un grand bar pour prendre un peu de hauteur. Mais très vite, ça se gâte.  Le bataillon de serveurs à l’air pressé vous ignore royalement plusieurs fois avant daigner de vous apporter le menu. Ya Ya himself a voulu « redécouvrir des produits qui étaient pour la plupart en train de disparaître » (sic). Ce n’est pas faux. Le jambon est effectivement moribond, la raie se noie dans son beurre mousseux, la macédoine de légume rend son dernier souffle tandis que le maquereau paie cher sa vie dissolue…Même les rillettes et le pâté de tête sont à l’article de la mort. RIP les amis.

Après quelques instants de recueillement, on a pourtant continué à pleurer. Le potage de cresson trop salé, l’agneau Montvallon graisseux, la volaille sans goût. On a le sentiment que tout cela est préparé à l’avance, et que les Tupperware s’ouvrent à la chaîne. Ça rappelle la cantine ; et ce n’est pas un compliment.  Seul point positif, le prix, objectivement raisonnable. Mais comme ce n’est pas bon non plus, ce n’est pas forcément un argument pour remplir les tiroirs du Terroir.

Conclusion, on retournera sans doute à la Mutu. Mais pour un spectacle moins triste que celui offert par Yannick le boulimique.

Où : 20 rue Saint-Victor, 75005 Paris

Quand : euh…vous voulez vraiment mon avis ?

Combien : 40 euros par personne, sans dessert. Chateldon à 8 euros tout de même.

Avec qui : une fille de l’Est

A vos pieds : des chaussettes noires

Dans votre Ipod : Le blues du businessman, Luc Plamondon