Hugh MacLeod est cartooniste, publicitaire, écrivain et entrepreneur. Son blog, Gaping Void, est visité tous les mois par plus de deux millions d’internautes. Nous avons publié un recueil de ses 39 conseils pour être créatif, illustré de ses célèbres cartoons griffonnés sur des cartes de visite : Ignorez-les tous ! (préface et traduction Marylène Delbourg-Delphis)
Voici pour vous le premier conseil de la liste : « Ignorez-les tous ! »
« Plus votre idée est originale, moins il est facile pour les autres de vous donner de bons conseils. Quand j’ai commencé avec mes cartoons au dos de cartes de visite, les gens ont pensé que j’étais barge. Pourquoi n’essayais-je pas de faire des choses faciles à comprendre pour les consommateurs, comme des cartes de vœux sympas, par exemple ?
Ni vous, ni personne ne peut savoir si votre idée a de la valeur au moment où elle apparaît. Au mieux, il est possible d’en être intimement convaincu, et faire confiance à son intuition
n’est pas aussi facile que le prétendent les optimistes. Il y a une raison pour laquelle nos intuitions nous effraient : c’est parce que ce qu’elles nous disent et ce que nous dit le reste du monde sont deux choses différentes. Et poser des questions à des amis proches ne marche pas toujours aussi bien qu’on l’espère. Ce n’est pas qu’ils refusent délibérément de vous aider. C’est simplement qu’ils ne connaissent pas le tiers du quart de votre monde aussi bien que vous-même, aussi intenses que soient leurs efforts pour vous aider ou vos efforts pour le leur expliquer. De plus, une grande idée transforme une personne. Vos amis vous aiment peut-être, mais ils ne veulent pas que vous changiez, car ils ne veulent pas que la dynamique de vos relations soit modifiée. Il se peut qu’ils préfèrent que rien ne change, car c’est ainsi qu’ils vous aiment – tel que vous êtes, et non tel que vous pourriez devenir. Ainsi, il se peut qu’ils n’aient aucune envie de vous voir évoluer. Si c’est le cas, ils résisteront à tout ce qui catalysera ce changement. À leur place, vous feriez la même chose. Avec les collègues de travail, c’est encore pire. Ils sont habitués à travailler avec vous d’une certaine manière et, en un sens, à contrôler la relation. Et ils recherchent ce qui leur donne le plus grand avantage. Bien sûr, il se peut qu’ils préfèrent que vous prospériez vous aussi, mais ce n’est pas leur priorité. Votre idée peut être brillante au point de modifier vos rapports avec ces personnes et de vous en émanciper, voire de les rendre obsolètes sur le marché. Si cela arrive, ces personnes vont résister à votre idée par tous les moyens. Une fois de plus, c’est dans la nature humaine. Les bonnes idées altèrent les rapports de force dans les relations. C’est pour cela que les bonnes idées se heurtent d’abord à une forme de résistance.
Aux bonnes idées s’attache un lourd fardeau, ce qui explique pourquoi si peu de personnes les réalisent, car la majorité d’entre elles ne peuvent pas gérer cela. »
A voir : l’illustration d’Hugh Mac Loed (@gapingvoid) pour Le Web London 2012