Le gouvernement HOLLANDE encore en Sarkofrance

Publié le 22 mai 2012 par Pscauxcailly

A chacune de leur intervention médiatique, le président Hollande, son premier ministre Ayrault et les nouveaux ministres ne cessent d'être interrogés sur le calendrier.

Quelque soit le sujet, la même question revient sans cesse sous des formes différentes: à quand les nouvelles lois et réformes ? A quand le changement ?

Depuis 2002, la presse avait été habituée par Nicolas Sarkozy à une avalanche d'annonces, un « carpet-bombing » qui ne laissait plus le temps à l'analyse ni à la discussion.

La mauvaise impatience
D'abord ministre, Nicolas Sarkozy usa de cette agitation politico-médiatique pour conquérir le pouvoir. Devenu président, l'excitation dura jusqu'en 2010 et l'adoption de la loi sur les retraites. L'ancien Monarque avait alors décidé de se présidentialiser (sic!), quitte à calmer le rythme de ses annonces et apparitions. Il conserva toutefois la sale habitude de sur-réagir au moindre fait divers, et deux déplacements de province par semaine, avec cars de CRS ou gendarmes, estrade ou table ronde, caméras et journalistes. 

Voici bientôt trois semaines que Nicolas Sarkozy a été défait. Il faut réapprendre la patience. Non pas que les décisions tardent, mais l'action politique a son inertie. Et la boulimie législative sarkozyenne n'aidait pas.

Education
La prochaine rentrée scolaire sera tout aussi douloureuse que la précédente. Avant même l'élection présidentielle, François Hollande avait prévenu que les créations de postes promises ne pourraient être effectives dès septembre 2012. Nommé ministre, Peillon confirma: «  nous allons essayer de faire que la rentrée 2012 qui a été préparée par le gouvernement sortant qui s'accompagne de 14.000 suppressions de postes se passe dans des conditions qui soient un peu meilleures »

Cette semaine, il était également trop tard pour annuler les tests nationaux des quelque 1,6 million d'élèves de CE1 et de CM2. Le ministère a simplement prévenu qu'il n'utiliserait pas les résultats au niveau central: « si ces évaluations peuvent être, localement, une aide pour le suivi par les enseignants des acquis de leurs élèves, les outils qui sont actuellement utilisés ne permettent pas une évaluation scientifiquement incontestable du système éducatif national. (...) Les résultats de ces évaluations ne seront pas transmis à l'administration centrale cette année. »

Justice
La justice est en friche, abîmée, choquée, débordée. La nouvelle Garde des Sceaux a eu l'un de ses premiers chocs, dimanche. Elle visitait la permanence de l'antenne des mineurs au Palais de justice de Paris. Paris n'est pourtant pas la zone la moins bien traitée du territoire.

Taubira a sa « feuille de route ». Et la route sera longue, très longue. Dimanche, elle a déjà prévenu qu'il faudra supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs. Même s'ils sont plus nombreux à être plus violents, il faut des réponses adaptées. Car cette délinquance surprenante qui n'a cessé de croitre sous l'administration Sarkozy trouble nombre de nos mythes éducatifs. «Les mineurs sont des citoyens en devenir, il est nécessaire de redonner à la justice des mineurs sa spécificité ». 


Côté prisons, quel retard à rattraper ! La situation carcérale du pays a été largement négligée et aggravée durant les 5 dernières années. La réforme Dati n'était qu'affichage. Sur le tard, l'ancien Monarque a promis quelque 30.000 places supplémentaires de prisons

Police
Certaines décisions pourraient être plus rapides. Manuel Valls, ministre de l'intérieur, était à Marseille ce lundi. La cité phocéenne est le théâtre de règlements de compte en cascade. Douze personnes ont été tuées par balles depuis janvier. A Marseille, le préfet s'appelle Gardère, un proche de l'ancien maire de Neuilly sur Seine.

Nicolas Sarkozy a nommé tellement de proches ici ou là. Xavier Bertrand, ancien ministre de Sarkofrance, était-il en mission commandée pour s'inquiéter du possible départ de Frédéric Péchenard, directeur de la police nationale, et de Bernard Squarcini, patron de la DCRI ? Libération croyait savoir que leur remplacement serait décidé ce mercredi en Conseil des ministres.

Xavier Bertrand, lui, a fustigé une chasse aux sorcières: «La chasse aux sorcières commence, et je crains que ce ne soit qu’un début. M. Hollande l’avait dit, certains ne l’avaient pas forcément pris au sérieux, nous si» . L'homme est gonflé. Pourrait-il avoir l'honnêteté intellectuelle de reconnaître la soumission politique du couple Péchenard/Squarcini à son ancien mentor ? 

Culture
Aurélie Filippetti, la nouvelle ministre de la Culture, a été assaillie de questions de calendrier par les journalistes de la Matinale de France Inter, lundi 21 mai: quand interviendra donc le retour à une TVA à 5,5% pour le livre ? Quand changerez-vous le mode de nomination des dirigeants de l'audiovisuel public ? Quand remplacerez-vous le CSA ? Quand y-aura-t-il une nouvelle convention collective de l'intermittence ? Quand ? Quand ? L'impatience médiatique était sans limite. Pourtant, la jeune ministre connaissait ses dossiers. Et elle avait déjà quelques réponses, comme sur le gel des crédits: «Le précédent gouvernement avait fait des gels budgétaires en début d’année qui ont considérablement pénalisé non seulement les compagnies dramatiques mais aussi les centres chorégraphiques, les festivals, les orchestres».
  
En matière audiovisuelle, un jeune conseiller régional UMP, Geoffroy Didier, a sommé Audrey Pulvar de démissionner de l'émission « On n'est pas couché », sur France 2, et ce, avant la fin de la semaine ! «En interviewant samedi soir des responsables politiques, dont un leader socialiste, dans le cadre de la campagne des élections législatives et sur une chaîne de télévision du service public, Audrey Pulvar a démontré à quel point elle n’avait aucune déontologie». Le jeune voulait se faire mousser. Il était prévu de longue date que les interviews politiques s'interrompent pendant la campagne, rétorqua la journaliste.

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