Hausse de 30% du salaire minimum au Vénézuela. Voila une info reprise par quelques médias mais étrangement assez peu commentée, notamment à gôche. Chez les petits marquis poudrés de la médiacratie, on préfère décrire Hugo Chávez comme un infâme dictateur populiste (doublé d’un “gorille antisémite” selon le toujours très mesuré Alexandre Adler, relevé par ACRIMED) qui étrangle son peuple et piétine les institutions à coups de rangers; et on frémit (en croisant les doigts pour que ce soit la bonne) à chaque fois qu’il parle de son cancer.
Il faut dire que le Président vénézuelien cumule les défauts : il est (réellement) socialiste (entendez “communiste”), populaire (donc “populiste”), largement réélu à chaque fois qu’il brigue un nouveau mandat (un “dictateur accroché au pouvoir”), anti-impérialiste (donc un “provocateur”) et il discute avec le Président iranien (“dictateur et antisémite” lui aussi, forcément) Mahmoud Ahmadinejad tout en affirmant sa solidarité avec le peuple palestinien.
Ce faisant, le traitement journalistique du phénomène Chávez (en France et aux Etats-Unis) est assez bien résumé par cet article (tout en nuances) de Rue89 intitulé “Le vénézuélien Chávez, Dieu ou dictateur ?” où l’on apprend qu’un collectif de bras cassés d’intellectuels (à l’indignation sélective) que le monde entier nous envie (les éternels pieds nickelés Bernard-Henri Lévy, Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, et André Glucksmann) a signé en 2007 dans Libération (comme c’est étonnant) un texte (comme souvent) inspiré dénonçant “l’opportunisme humanitaire de Chávez” auquel le journaliste belge (indépendant) Michel Collon répondra point par point.
Plus récemment, la (très digne) AFP (Agence France Presse) ira jusqu’à bidonner dans une vidéo qui a fait le tour de l’internet le discours du vénézuélien en l’accusant de vouloir tirer des missiles sur les Etats-Unis (ne riez pas, c’est à voir en cliquant là). Rien que ça !
Quoi de moins étonnant de constater que dernièrement, à droite (sous la plume de Sophie de Ravinel du Figaro) comme à gôche (l’indémodable Eric Le Boucher de chez Slate), la tentation a été trop forte de rapprocher (pour le pire, of course) le candidat du Front de Gauche de son homologue “populiste et démagogue” pour effrayer le bourgeois.
Un SMIC à 1.700 euros en France !? Pourquoi pas la révolution bolivarienne tant qu’on y est ?
(Ah oui, tiens, au fait, pourquoi pas ? Il semble que les vénézuéliens en soient plutôt satisfaits au point de réélire une nouvelle fois le “dictateur” honni).
Ici, vous l’aurez compris, on vote pour…
Bonus : le coup d’état contre Chavez.
Et un article publié sur Le Grand Soir où l’on apprend que l’actuel opposant à Chávez, Henrique Capriles, présenté par les médias français de droite comme de gôche à l’instar du Nouvel Observateur qui devrait changer de jumelles comme un social-démocrate, a pris une part active dans le putsch raté contre le gouvernement vénézuélien.
A chaque pays ses chiens de garde !