“Le plan de bataille des marchés”, un entretien* réalisé par le journal Fakir et conduit par Adrien Levrat et François Ruffin qui sont allés rencontrer Belzébuth le délicieux Nicolas Doisy à l’air satisfait, “chief economist” du «premier broker indépendant en actions européennes Cheuvreux» et rédacteur d’une note à usage interne sur la politique économique à mener si le social-démocrate François Hollande était élu le 7 Mai.
Manifestement, les financiers (qui n’auraient ni nom, ni visage, ni adresse, ah bon ? On se propose de lui fournir une liste, au besoin) ne seraient pas plus inquiets que ça si Hollandréou (déclarant il y a peu à la City qu’il était “not dangerous“) remportait les prochaines élections présidentielles. De fait, celui qui s’était empressé de saluer le courage de George Papandreou de s’aplatir devant les marchés et d’embrasser la politique du FMI à pleine bouche ne propose rien de tangible dans son programme si ce n’est de “donner du sens à la rigueur” (tu la sens, ma rigueur ?) et “renégocier” certains termes du Mécanisme Européen de Stabilité. Pour le reste, négociations (dans ton cul) et “dialogue social” (cause toujours) avec “tous les partenaires sociaux”, grands patrons compris (qui eux, disposeront d’une oreille attentive, n’en doutons pas).
Tant est si bien que le chief economist s’en pourlèche les babines à la perspective que le droit social français et le CDI soient prochainement saucissonnés et ces feignasses de pas-assez-précarisés doctement invitées à bosser (plus) sans trop réclamer de garanties en retour (d’un salaire déjà considéré comme trop élevé, qui plus est), comme en Italie, en Allemagne, en Espagne…
Seul hic au tableau : si les rouges, réunis à la Bastille, prenaient le pouvoir. Là, apparemment, le chief economist (qui lui a un CDI et un salaire bien juteux) au sourire à la Bruce Willis et ses p’tits potes encravatés qui ricanent d’avance derrière leurs ordinateurs ne riraient plus. Du tout.
*Transcription de la note en français ici et de l’interview là. Emission de “Là-bas si j’y suis” téléchargeable d’un clic (droit, puis “enregistrer sous”) avec Jacques Sapir et Serge Halimi.