On a fait présent à Adèle d'un superbe perroquet blanc. Grande joie pour la fillette qui d'abord ne se lasse point d'entendre son nouveau compagnon pousser des cris stridents.
Bientôt, toutefois, Adèle finit par trouver monotone et désagréable la répétition de ces cris.
- Encore si Jacquot savait prononcer mon nom ? se dit-elle.
Ce fut pour la fillette un trait de lumière ? Quoi de plus simple que de s'improviser institutrice.. Sitôt pensé, sitôt commencé.
Gravement, Adèle s'empare d'une petite baguette sur laquelle Jacquot ne fait aucune difficulté pour se percher. De l'index de sa main gauche, elle scande les intonations diverses de la première leçon et prend grand soin de prononcer distinctement, purement chaque mot.
Adèle a entendu ses parents dire que, des premiers enseignements reçus, l'esprit garde une ineffaçable empreinte. Par expérience la mignonne institutrice sait, qu'à l'exemple de ses parents, de ses maîtresses, elle devra se résigner à faire preuve de grande patience.
Mais on parti est pris, aucune difficulté ne la rebutera, et le bel oiseau finira par récompenser Adèle de ses soins persévérants.
Souvenez-vous de cette vérité trop prouvée par les faits de chaque jour. De nos premiers pas dans la vie dépend en grande partie notre bonheur.
Ne négligez aucune occasion de vous instruire, et, sous prétexte que les habitudes de nonchalance sont très commodes, ne détruisez pas, par votre manque d'attention, les bons résultats de la vigilance de vos parents, de vos professeurs.
On a toujours à se louer de suivre les conseils dictés par leur expérience, par leur dévouement. On a, par malheur, trop souvent à regretter d'avoir rejeté au lin le fardeau d'abord si pesant puis si doux du travail bien compris.
"Obéissance et reconnaissance", telle doit être la devise d'un enfant soucieux de ne manquer à aucun de ses devoirs.
V. VATTIER - 1881