Drame - 1h55
Sortie France - 17 mai 2012
avec Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Corinne Masiero...
Ali quitte le Nord et se rend, avec son fils de 5 ans affamé, à Antibes par le train de nuit. Là, ils sont hébergés par la généreuse soeur d'Ali. Il trouve des petits boulots et un soir fait la connaissance de Stéphanie, une dresseuse d'orques au Marineland, qu'il doit raccompagner chez elle. Quelques temps plus tard, cette jeune femme le rappelle, en détresse, devenue handicapée après un grave accident professionnel. Ils se reverront. Pour parler, pour s'aider, pour baiser, pour se soutenir. Peu à peu, Stéphanie surmontera sa détresse, ses angoisses, son handicap. Elle retrouvera le goût de vivre et la capacité de marcher. Lui, s'il peine à agir comme un père, éprouvera toujours le besoin de se dépenser physiquement, de s'éprouver, au risque de se détruire. Embarqué dans des combats clandestins à mains nues pour l'appât du gain, il se laissera entraîner dans ces milieux mal famés, de coups de poings, de sang, de blessures, mais aussi de surveillance illégale. Ali et Stéphanie vivent une histoire singulière, inattendue, chaotique, mais très humaine.Comme Ali se prend des coups au thorax et comme Stéphanie se prend des coups au coeur, le spectateur reçoit les chocs donnés par le réalisateur Jacques Audiard. Si on peut regretter certaines scènes un peu trop suggestives, trop appuyées (certaines scènes érotiques, la scène de la chute de l'enfant), il faut avouer l'efficacité et la force du film par son scenario et le jeu de ses acteurs. Par cet enfant malmené, incompris, en souffrance auprès d'un père-enfant, on souffre. Par cet homme déchaîné, d'une grande délicatesse et d'une infinie brutalité, on tremble. Par cette jeune femme qui perd l'usage de ses jambes, qui perd confiance, qui souffre d'aimer, on a mal. Mais toujours on garde l'espoir devant la capacité de ces personnages à dépasser leurs souffrances, leurs drames, leurs frustrations.
Quel bonheur également de retrouver Corinne Masiero, admirée dans Louise Wimmer, toujours si juste en femme naturelle, humaine, débrouillarde. Une soeur providence qui se décarcasse pour un frère qui malgré lui la fera licencier. Une soeur-mère, une soeur-courage, une soeur-colère. C'est peut-être ce personnage secondaire qui retient ma tendresse et mon adhésion. J'ai plus de mal avec Ali, très égoïste au quotidien, immature, un corps en puissance mais un intellect peu sociable ; et même avec Stéphanie, qui parvient à accepter la plongée d'Ali dans la violence tarifée.
De rouille et d'os est un film qui vous happe après un début assez lent. Il réserve à son spectateur des évènements difficiles, douloureux, malgré le soleil de la côte méditerranéenne, malgré des milieux sociaux convenables ou très débrouillards. Jacques Audiard aime à filmer la faune masculine un peu voyou, ici notre héros vole pour manger, et puis cogne, se bat dans des scènes où les corps sont filmés au ralenti pour valoriser ces corps en tension. Et derrière, j'ai eu l'impression également d'une volonté de souligner l'existence généralisée de mauvaises conditions de travail : au Marineland, Stéphanie doit garder le sourire devant le public malgré une musique assourdissante qui l'empêche d'entendre ses collègues ; Ali enchaîne des petits boulots de nuit précaires où il découvre aussi la mode des chaînes de grande distribution d'implanter des caméras visant à filmer les employés pour mieux les virer ; sa soeur s'épuise en tant que caissière peu considérée...
L'avis de Sandra Mézières, en direct de Cannes - InTheMoodForCinema
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