Hier, Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, la principale force politique grecque, était à Paris. Seul le Front de gauche l'a reçu et l'a invité en meeting.
Au même moment, l'ancien vice-président du cercle de l'industrie, un think tank co-créé par le patron du groupe Publicis (qui a empoché personnellement 16 millions d’euros de prime en 2012) et un certain DSK, rencontrait son homologue, le ministre de l'économie allemande.
Hormis le désaccord sur les eurobonds et l'affirmation inutile que la Grèce doit rester dans la zone euro - aucune disposition ne prévoit d'éjecter contre son gré un pays de la zone euro - il est ressorti de cette première rencontre un objectif commun :
« il faut tout faire pour qu'il y ait, après les élections du 17 juin, un gouvernement grec favorable à la zone euro et qui s'engage à faire le nécessaire pour rester dans la zone euro. »
Et, Pierre Moscovici n'a pas hésité à répéter le message :
« Il faut tout faire pour aider les forces pro-européennes et pro-euro en Grèce »
Comprenez que dans la novlangue néolibérale courante, employée par le camarade socialiste ministre de l'économie, il faut traduire les expressions"pro-européennes et pro-euro" par "néolibérales" ou "soumises aux diktats des marchés financiers" ou encore, "au service de l'oligarchie et du patronat".
Ainsi, pour les familles socialiste et conservatrice, l'urgence consiste à soutenir les partis qui depuis 2009 ont infligé les 9 plans d'austérité de régression sociale au peuple grec :
- «TOUT FAIRE» pour soutenir le PASOK, la Nouvelle Démocratie et le parti d'extrême droite LAOS !
- «TOUT FAIRE» pour éviter que Syriza prenne le pouvoir à l'issue des élections législatives.
Il le dit très bien et très clairement Pierre Moscovici :
«TOUT FAIRE» parce qu'ailleurs, en Amérique Latine, l'autre gauche a mis un terme à l'hégémonie de la social-démocratie. Elle réussit des politiques de transformation sociale, résolument contraires aux dogmes de l'idéologie néolibérale, et démontre que la vie est meilleure sans TINA.
«TOUT FAIRE» parce qu'en Europe, l'autre gauche émerge enfin, avec Syriza et le Front de gauche. Et pour le PS et ses camarades du PSE, ça commence à sentir le roussi... comme d'ailleurs, pour la droite et l'oligarchie.
Le changement, c'est surtout maintenant la fin de l'enfumage antisarkoziste...