Magazine Poésie

7 Mai 2012

Par Balder







manipulation-13

06.45

Près des vases on entend tomber les gouttes, le dos est froid, trois bulles dans l'eau, un gaz, un éternuement est passé, les rives de la Loire s'en secouent les anguilles.Tiens il n'y à plus de dentifrice, il faut le noter sur la liste des courses accrochés au frigo, à côté du merdier, un embouteillage de confettis encore coincé en travers de la gorge. 

7.13

Le voisin essuie des plâtres, le bruit de la toile émeri est plaisant, quelqu'un danse dans les grains. Un verre de cognac est posé sur le bacon d'en face, la nuit s'essouffle un peu. Près du portail du club d'aviron, les motifs de l'eau sont sans limites, comme les heures à retourner.

9.00

Où sont les clés de la voiture? Depuis qu'il est l'heure de partir, on se souvient de la mansarde, le réceptacle de l'inutile, les immondices du superflu, on voudrait tout vider et jeter le sac, une pierre nouée autour des partis enfin sans vraisemblance, enfin à poil. Il y à du monde sur l'autoroute, des gens qui passent sur les côtés dans les rétroviseurs, là où l'on voit sans se regarder.

10.00

Les salles sont vides, les bureaux aussi, le café empâte, s'enroule, substance molle, commerce équitable, très chic, très cher.     Il reste des élèves sous les arches du préau, rires, blagues, insouciances. Des combinaisons à extraire de graphiques désordonnés, un entassement d'idées décimales. Une envie de pieds de porc à la Sainte-Ménéhould, sauce gribiche et petit pois frais, à la française.

11.22

Boulevard prêt à mordre les déménageurs. Mes pas vivront jusqu'à ce château de carte soulevé par un ruban. C'est fait.               La boulangerie est fermée le lundi, il faut prendre les raccourcis, passer par le dehors, d'arbres en arbres vers les lieux revenir un peu essoufflé à l'heure de se rendre compte du leurre tentant, de la supercherie. Sur le pont une armure déplie un éventail et broie une larme dans un sourire jaune.

12.00 

L'adresse est factice, il n'y à plus d'usagers, tous sont restés des otages, sur les quais ça colle au teint des entrepôts.           Voulez-vous éteindre votre cigarette et ne la rallumer qu'après minuit.                                                                                        Vus d'ici les frigos à viandes sont magnifiquement éclairés par le bal des bouchers.                                                                      Un bar, une écoutille, des vols au vent à la suie bleue, couleur d'été et goût d'oranges bruissent sur les verres.

13.00

Que font ces bruits dans l'immobile de leurs carcasses, des bruits en segments accouchés d'une nuit cylindrique, entonnée par des mirages aux espoirs perfusée d'agonie mensongère. Le café s'endort, la ville est tiède, passe un tramway, quelques vélos de locations en papier mâché, une terrasse, trois points d'eau. Dans les coulisses on s'affaire, chacun y va de son idée, de panoplies en éloquences. Non merci, je ne prends plus de sucre depuis longtemps déjà.

14.00

Le poisson rouge dans mon bureau s'appelle Miura, c'est ainsi qu'il est né, comme nous tous, à cheval entre deux mondes.                                         Les griseries sont dépoussiérées. Un téléphone sonne au troisième étage, dans l'hémisphère droit.                                  Discussions confuses, branchements inopportuns, le numéro que vous demandez etc...  

15.16

C'est entassé, au fond d'un vase, avec des anses sur les poches, l'américaine sur le trottoir redonne de l'air à des possibles, à des envies. Jukebox, jukebox... do, did.done. Les enseignes se rapprochent du parvis, deux ou trois fois rien, quelque chose à sauver, un indice d'obsession, un entêtement. Il reste les arbres du parc et les automobiles alignées sur la soie. Que fait-il debout encore, l'homme au parapluie d'or emballé dans son panneau sans légende.

16.18

Envisager le trognon de pomme comme une île flottante, longtemps délaissée par les insomnies de la vertu. Lui ne se relèvera que beaucoup plus tard, après l'arrivée des premiers obstacles, des claques saisies à froid sur la joue ventriloque d'un balbutiement. Quelqu'un d'autre viendra de nulle part, le soustraire à sa tâche, c'est inévitable, comblé d'éloges mais totalement atrophié. Ce tableau se compose uniquement de 6O millions de feuilles de salade et d'une tortue prête à les engloutir, du cadre il ne reste rien que des dorures effacées.

17.56                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

L'entrée du Monoprix stoppe la ventrèche humide à la périphérie des assoiffés déambulants dans le soleil. Limonade aux quatre épices en haut sur la terrasse atteinte par l'issue de secours lors d'un caprice irrépressible. Des toits, des toits, des enjambées éreintantes. Coquilles de la ville, faubourg délassé desquels remontent la surface le slam des gardiens du sémaphore.

18.39                                                                                 

Des tresses en bois retombent sur un dos transparent, c'est ce que dis le journal, je n'y rien trouvé d'autre pour faire passer le temps. (Ce ne serait pas la peine que l'humanité...) c'est comme ça, un soir de mai à attendre le bal des pompiers, un accordéon crachant des fleurs en sucre glace et crème anglaise et un rassembleur qui s'enlise dans des virgules inadaptées.

20.00

C'est toujours ce bruit en toile de fond qu'ils nous servent, un ressac qui sent un peu l'algue rouillée. L'alvéole d'un nombril à la teinture d'iode. Dedans, c'est un bar de crépuscule, un de ceux qui n'ouvrent que le soir, avec ses alcôves de feutrines auréolées de foutre et de diamants. Le pourceau ne tiendra pas longtemps à s'ébrouer ainsi sur quelques pourcentages. Une heure passe à regarder enfin au fond d'une immense assiette, l'étendue primitive, la chair ruisselante d'un steak saignant.

21.43

Des points ronds, gouttes de caramel, sourire de crème anglaise. Au bout du comptoir maintenant effacé de toutes traces, un panier vide à remplir à nouveau. La couverture du fond pitoyablement décorée de masques vénitiens accaparent le regard, le tend, le distord entre deux sièges aux relents de fritures, un peu aigre, un peu rance. Il faut prendre la porte des alentours, celle qui donne sur l'autre versant, lorgner le large, les embruns, l'océan.

23.03

La ruelle, le pavé brillant, la ruelle, le boulevard, l'escalier, une hutte de contreplaqué, une cheminée immense, un lieu d'époque qui évoque le feu, la préhistoire, la jouissance, la cuisson. En bas le chenal s'élargit, l'anse se dénude de l'éclipse, maintenant il fait un plus clair. La ville en bas, reprend ses droits dans les astres éveillés d'un Monte-Christo dorés des lames d'un vieux Calva.

23.57


Du sixième on ne voit plus que des points jaunes, des cadrans solaires figés sur des coffres-fort. Dans la grille ouverte sur le dehors, la pluie couvre le bruit des images, un journaliste, deux journalistes, trois journalistes, on repasse en boucle l'assommante anaphore. Sur l'autre berge des hommes font leur jogging, ce week end n'en finit plus, il sera plus rapide à l'oublier.                 Memento finis.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Balder 8 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines