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Pour assurer la diffusion internationale de la dance et son omniprésence sur les ondes, on peut aujourd'hui compter sur les gros ambassadeurs français (Guetta, Solveig, Sinclar), la perfide Albion (Guru Josh, Calvin Harris), nos amis allemands (Cascada) et la vague roumaine (Inna, Edward Maya)... et puis il y a les italiens, qui font des trucs oscillant entre le weird et la sensualité exacerbée (Gigi d'Agostino, Benny Benassi). Bien souvent, toutes nationalités confondues, des one hit wonders. C'est probablement le genre qui veut ça (dance = fête = boîte de nuit = tubes de l'été = souvenirs = au suivant !). Mais bon, en vrai, j'y connais rien. Il y a dix ans, celui qui, le temps d'un single propulsé à l'antenne de MTV et sur les radios commerciales, semblait tenir le haut du pavé, était en tout cas un de ces italiens qui avaient su capter l'air du temps à travers une mélodie accrocheuse et une illustration graphique discutable..
Comme bien d'autres avant eux, et bien d'autres depuis, les petits gars de DB Boulevard ont ensuite peiné à continuer à exister aux yeux du grand public, qui n'a pour ainsi dire rien su de leurs efforts suivants. Point of View a en revanche été utilisée dans un épisode de Sex and the City, qui à l'époque s'essoufflait un peu (saison 5) mais continuait à dicter ce qui était in et ce qui était naze du côté de New York. On a ainsi pu voir cette greluche de Carrie prendre la pose, hilare, au son de Point of view pour la couverture de son livre, sorte de foutage de gueule littéraire qui aurait aussi bien pu consister en une compilation de billets de blogs, mais renvoyait évidemment à l'existence, réelle, du bouquin de Candace Bushnell.
Ce qui est rigolo, c'est que Point of View est en fait un gros sample (voire carrément la même chanson, mais avec des paroles), du Heatwave de Phoenix, sorti en 1999. Heatwave contenant lui-même un sample du You're the most precious thing in my life de Love & Kisses, sorti en 1978. La boucle est bouclée, on le sait, la dance fait beaucoup dans le sample et la réutilisation du son existant. Voire dans la reprise bête et méchante.
D'ailleurs, alors que Point of view et DB Boulevard passent relativement inaperçus dans les charts français, le gros succès surprise du printemps 2002, chez nous, c'est ça :
Comme quoi, pas besoin d'aller chercher bien loin. Mad'House, le groupe qui ne faisait que de la reprise dance de Madonna... Et dire que certains n'ont connu Like a Prayer que grâce à eux. C'est qu'en 2002, l'année 1989 semblait bien loin. Presque plus loin qu'aujourd'hui (je te laisse méditer là-dessus).
Six ou huit mois plus tard, et sans que personne ne semble faire le rapprochement aujourd'hui, la chanteuse de DB Boulevard, Moony, connaissait un petit succès en solo avec Dove (I'll be loving you).
Mais depuis, rien, R.A.S pour DB Boulevard. Enfin, rien qui soit réellement sorti des clubs italiens pour parvenir jusqu'à nous. Tel est le monde cruel de la dance : pour un David Guetta qui a su construire un nom et une marque durables, combien de Praise Cats (clip le plus laid de tous les temps), de Mad'House, de DB Boulevard ou de Goldtrix, projets ponctuels ou simples succès d'un été condamnés à écumer les boîtes de nuit avec leur seul single commercialement viable, avant de retourner au relatif anonymat du DJing local ou de la production... Dix ans après, se souvenir de Point of View, c'est déjà pas si mal.