Nouvel épisode de la série des clichés du socialisme de la Foundation for Economic Education, avec les lieux communs sur les salaires dans l’entreprise. Si la liberté de choix est respectée, alors le « juste salaire » est déterminé par le processus volontaire de la négociation compétitive dans un marché libre.
Par C. W. Anderson (FEE) depuis les États-Unis.
Être « juste » dans la façon de déterminer les salaires est un axiome de bonne gestion, un « requis » pour les porte-paroles des syndicats. Mais au risque d’apparaître « injuste », examinons la notion qui dit que « chaque salarié a droit à une juste rémunération ».Supposons par exemple, qu’un homme est employé pour produire des coupelles de mesure ordinaires en aluminium. En travaillant avec des outils à main tels que le marteau et des cisailles, il est capable de produire 2 coupelles à l’heure – 16 dans une journée de 8 heures de travail ; et ces modèles ne sont pas ceux standardisés qui sont à l’honneur des cuisines d’aujourd’hui.
Un pâté de maison plus loin, un homme utilisant une presse, et ses équipements de production de masse sort de l’aluminium de grandes qualités pour faire des coupelles à mesurer à un taux de 320 par jours. Quelle est la juste rémunération dans chacune de ces usines ? Est-ce que nous parlons de la même chose entre un salarié qui possède un savoir-faire manuel pour sortir ses coupelles que l’on compare à un salarié qui les produit à 20 fois le taux du premier ?
Si les avocats de la « juste rémunération » commence avec la supposition que 2 euros de l’heure est un salaire juste pour un homme utilisant des outils manuels, il est alors clair que chaque coupelle ne doit pas se vendre en dessous d’un euro – et cela pour couvrir le coût du travail. Mais payer à ce prix une coupelle faite main est hors de question si des coupelles de qualité supérieures sont produites par une entreprise compétitive juste à coté qui l’offre, disons, à 25 centimes la pièce.
Si le choix du consommateur est un déterminant du prix de la coupelle, alors il apparaît que cet artisan manuel n’est peut-être pas capable – pour le travail qu’il fournit – de gagner plus de quelques centimes de l’heure. S’il demande à recevoir plus de son employeur, il serait en dehors des salaires que son emploi peut lui offrir. Bien sûr, cela lui laisserait l’alternative de chercher un emploi ailleurs ; possiblement dans une usine plus mécanisée dans le quartier d’à coté.
Au sein d’une économie à la compétition ouverte, il semble raisonnable que toute personne soit libre de choisir son emploi entre plusieurs opportunités possibles. Mais si toutes les personnes intéressées – incluant les employeurs et les consommateurs - sont elles aussi libres de choisir, alors il devient clair que les salariés ne peuvent pas établir arbitrairement leur propre « juste salaire » et faire une recherche d’emploi avec ce taux de rémunération à l’esprit. Il est d’ailleurs impossible qu’un employeur puisse, même pour un laps de temps appréciable, maintenir un « juste salaire » s’il se trouve largement au-dessus ou au-dessous de la situation compétitive réelle. S’il s’essaye à payer plus que ce qui est justifié par la productivité de cet homme et de ses outils, il risque alors de se retrouver en faillite. Et s’il paye vraiment en dessous du niveau en cours dans le métier, ses ouvriers le quitteront.
Si la liberté de choix est respectée, alors le seul « juste salaire » est déterminé par le processus purement volontaire de la négociation compétitive dans un marché libre.
On peut déplorer la situation critique du pauvre bonhomme qui se trouve dans une usine peu mécanisée. Comment utilisera-t-il ses savoir-faire ? Il est vrai qu’il est regrettable qu’il manque d’équipement moderne pour rendre ses efforts plus productifs. Mais si on veut qu’il puisse recevoir un salaire plus élevé que le prix que les consommateurs sont prêts à payer volontairement pour des coupelles, alors nous devons rejeter l’idéal de l’entreprise privée compétitive, et nous détourner de la liberté pour accepter une philosophie marxiste. Cela revient à dire en fait que le besoin détermine les salaires et non pas la productivité ou les choix des consommateurs. Cela implique que dès qu’une personne commence à travailler dans un métier, elle a un intérêt bien compris dans ce travail et possède un droit à recevoir plus qu’il ne peut gagner en son sein. On peut dénigrer les décisions des consommateurs dans un marché donné qui rejettent le produit couteux de notre salarié au savoir-faire manuel. Mais la seule situation de rechange consiste alors à refuser le droit du consommateur de choisir et cela par le biais de la loi, en forçant celui-ci ou encore les contribuables à subventionner cet artisan particulier. Personne ne peut avoir le droit d’établir si arbitrairement ce type de « juste salaire », à moins que quelqu’un d’autre se trouve obligé d’en payer le coût.
Ainsi, un « juste salaire » n’est pas quelque chose de statique que chacun peut choisir à partir de rien ou que l’on peut définir arbitrairement. Ce n’est pas une quantité fixe pour tout salarié, mais un montant qui varie pour chaque personne et pour chaque situation. La force physique et les savoir-faire techniques du salarié peuvent se révéler des facteurs d’une grande importance ; mais dans cette illustration simple il est clair qu’aucun d’eux, ou même les besoins du salarié, ne peuvent constituer les seuls déterminants des salaires. Le facteur simple le plus important – en supposant que les consommateurs choisissent le produit – c’est la productivité qui provient de l’investissement dans les outils de travail. Quand cette vérité est reconnue, elle permet de remplacer cette idée erronée du droit à un « juste salaire ».
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Un article de la série « Clichés du socialisme » de la Fondation pour l’Éducation Économique (FEE) qui cherche à aider ceux qui dénoncent ces erreurs intellectuelles et mettent l’accent sur les mérites de la liberté.
Traduit par JATW pour Contrepoints. Texte original.
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