François Hollande a été élu président en promettant le changement et, symboliquement, a voulu donner le ton en annonçant une baisse de salaire de ses ministres. Mais avec le gouvernement Ayrault, sauf surprise majeure, rien ne va changer.
Par Michel de Poncins.
Il est clair que la constitution du « premier » gouvernement Ayrault ne présage rien de bon pour le pays. La ruine acceptée, accompagnée, organisée, voulue peut-être par les pouvoirs énarcho-socialisants depuis des décennies va se poursuivre.
Au risque de lasser, énumérons quelques unes des manifestations de cette ruine sans ignorer qu’il en est bien d’autres : chômage récurrent en particulier des jeunes et des seniors, désindustrialisation, compétitivité en danger, impôts et charges insupportables, déficit chronique, justice en lambeaux, éducation nationale pratiquement détruite, grèves permanentes, retraites en déshérence, agriculture ruinée, endettement public en folie, faible durée du travail, salaires insuffisants, prospérité insolente des restos du cœur. Toutes ces manifestations de la ruine se recoupent étant à la fois conséquences et causes. Elles reflètent l’existence du Tout-État, cause majeure de la ruine : rien ne peut fondamentalement bouger si le pouvoir s’occupe de tout, l’équilibre global est alors perpétuellement instable et sur la corde raide.
Le nombre des ministres
Un trait commun de tous les gouvernements, indépendamment de l’idéologie sous-jacente, est le nombre de ministres souvent inutiles. Ce nombre excessif reflète pour une grande part à la fois l’idéologie et la cupidité des camarades autour du butin étatique immense.
Ils sont 34 à présent : un chiffre pair s’impose désormais à cause de la parité ! Les précédents clament qu’ils étaient moitié moins nombreux. Nous n’en sommes pas sûrs : il y avait des secrétaires d’État et des sous-secrétaires moins coûteux mais tout aussi actifs. Chez Ayrault, nous prépare-t-on de ces sous-ministres ? Nous l’ignorons pour l’heure.
Avant de voir comment ce nombre même conduit à la ruine, examinons la liste pour déterminer les ministères superfétatoires.
Au premier chef, le ministère de la culture. La culture est une affaire exclusivement privée : la nationaliser pour en faire une annexe de l’État entraîne que des cuistres nous imposent leurs films, leurs pièces de théâtres, leurs prétendues œuvres d’art… Les personnes qui veulent se cultiver doivent pouvoir le faire dans une totale liberté et sans être ponctionnées au préalable par un ministère. Le fait que cela existe depuis longtemps en France et ailleurs n’est nullement une excuse ; cette généralisation montre seulement la force implacable avec laquelle les parasites étatiques ne cessent de progresser.
Autre exemple : les PME. Les entreprises sont les seules à pouvoir créer de la richesse ; l’État quand il intervient dans l’économie ne peut qu’amoindrir voire annihiler la richesse. Parmi les entreprises, les PME ont une place de choix étant donné leur formidable potentiel d’emplois. Elles n’ont nul besoin d’aides, ni de lois ; leur seul souci est d’être libérées fiscalement et socialement. Les lecteurs habituels de Contrepoints savent ce que veut dire cette libération. Le nouveau pouvoir promet le contraire : impôts nouveaux et complications accrues dans le contrat de travail.
Ces PME verront plusieurs ministères « se pencher » sur elles. Certes, dans deux ministères seulement l’intitulé le souligne : artisanat et PME, mais plusieurs autres seront clairement appelés à se « pencher » avec de puissants verrous parfois. Il faut comprendre l’intensité de la ruine résultant de ce foisonnement ; plus il y a de ministères, plus il y a de recouvrements ; chacun perd un temps considérable pour défendre son territoire. Les malheureux porteurs de dossiers et la base souffrent délais, coûts et compromis douteux.
Le nombre est donc bien une cause de ruine.
Le poids financier
Le poids financier de ce cirque s’observe depuis longtemps et s’exprime par une fiscalité perpétuellement galopante. Il se décompose en plusieurs postes.
D’abord l’enrichissement personnel indu (EPI) des politiques et de leur cour. Les 34 ministres avoués officiellement auront un cabinet limité. Mais, il y aura la suite des secrétaires d’État. L’ensemble peut être évalué à 1000 personnes. Passons sur la prétendue réduction de salaire qui, comme cela a été montré, n’est qu’un trompe l’œil. Le salaire de ces gens n’est, au demeurant, nullement l’essentiel ; leur train de vie est largement pris en charge par l’État. Le total de cet EPI est impossible à calculer et au nom du « pas vu, pas pris » personne le fera jamais.
Il faut compter avec l’environnement : bureaux, locaux parfois somptueux, circulations en tout sens, fêtes, salles à manger de direction, pyramides de fonctionnaires, échanges multiples de documents.
C’est là que l’on arrive aux satellites. Un ministère qui se respecte à d’innombrables démembrements dans tout le territoire sous l’œil des préfets et sous-préfets. S’il s’agit d’un petit, voire d’un nouveau, il n’aura de cesse de se gonfler ailleurs. Les « grands » ministères polluent largement les ambassades.
Les règlementations
Au poids financier intrinsèque du cirque viennent se surajouter les réglementations. Tout ce beau monde s’active et même considère qu’il a le devoir de s’activer. La fabrication des lois avec leurs multiples dépendances se déchaine et le nombre des ministres en est une cause. Un ministre n’existe que s’il fabrique des lois. À peine le nouveau gouvernement est-il installé, que certains d’entre eux ont pris de l’avance en annonçant de nouvelles lois. François Fillon avait voulu juger les ministres selon leur capacité à fabriquer des lois : une vraie gaminerie !
Une loi n’est jamais complète avant de multiples « dépendances » : décrets d’application, circulaires, interprétations jurisprudentielles et usage de recours divers allant parfois jusqu’à l’Europe. Si les lois ont besoin de dépendances, c’est parce qu’elles s’inscrivent dans une galaxie d’usines à gaz. Il existe 61 codes avec 10 millions de mots ! Beaucoup de textes sont contradictoires et inapplicables. Il s’ajoute la bougeotte permanente. Cette bougeotte se renforce par la complexité du système qui est ingérable par nature : les galaxies d’usines à gaz ont besoin sans cesse d’être ajustées.
Le dommage causé à la richesse nationale est considérable. Créateurs de richesse et particuliers ont besoin de stabilité et de clarté. C’est si vrai que des voix autorisées commencent à s’élever pour la demander ; il est hélas bien tard.
Sauf surprise majeure, rien ne va changer sinon par une gauchisation plus accentuée que jamais. Pour terminer, rappelons que, malgré toute propagande trompeuse, la ruine d’origine publique a toujours frappé davantage les pauvres que les riches.