Pour en finir avec les exilés fiscaux
Les journalistes d’investigation sont assez rares dans notre pays pour mettre en lumière le rôle essentiel qu’a joué Denis ROBERT en explicitant le fonctionnement de la société Clairstream dans l’affaire éponyme.
Je suis en train d’achever la lecture de « Sarko m’a tuer », un livre à charge qui décrit les manipulations politiques, administratives, judiciaires, et médiatiques du monarque républicain qui a quitté le Palais de l’Elysée le 15 mai au bras de son mannequin-chanteuse. Une série de témoignages sur les mœurs politiques mortifères d’éliminations et d’humiliations publiques réservées à ses ennemis.
Parmi ces témoignages, les 20 pages du récit de la juge Isabelle Prévost-Desprez, en charge de l’instruction de l'affaire Woerth-Bettencourt, figurent parmi les plus éloquentes.
La glorification de l’argent associée au travail, la protection des riches conjuguée à la réussite, les Légions d’Honneur - liées au mérite républicain - remises aux invités du Fouquet’s et aux amis, le doublement des émoluments du Président de la République ; tout comme la RGGP et la chasse aux petits fraudeurs…Le mandat de Nicolas Sarkozy aura été placé sous la bannière de l’argent-roi.
Dans son courriel au nouveau Président, Denis Robert rappelle qu’une partie considérable du patrimoine financier généré en France et par des entreprises française, est soustrait à l’impôt par des citoyens français qui, à mon sens, mériteraient d’être déchus de la nationalité française.
Ses propositions de mettre sur pied une commission d'enquête en France, et une brigade informatique d'intervention, rejoignent celle de ce jeune chercheur, Thomas Vendryes, avancée à la fin de son entretien dans la République des Idées, de « contraindre les paradis fiscaux à échanger automatiquement les informations qu’ils détiennent. À chaque fois qu’un ménage français touche un dividende sur le compte en Suisse qu’il possède via une société-écran panaméenne, la Suisse devrait envoyer cette information à la France. »
Aujourd'hui, dans la situation économique qui est la nôtre, la solidarité nationale face à l'impôt est plus qu'un devoir, c'est une obligation impérieuse.
Un levier pour la croissance; dans l'intérêt général.
Plume Solidaire
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« "Cher François, Nous nous sommes croisés quelques fois lors de cette campagne et je suis ravi que tu ais gagné. Maintenant que tu es dans la place, il va falloir trouver des moyens pour financer ton programme. J'ai trouvé nickel ton positionnement sur les postes à créer dans l'éducation nationale. Mais il y a aussi des problèmes à l'université, à la poste, dans les hôpitaux, le logement, la justice. Les services publics ont été délaissés par ton prédécesseur. Lui et ses amis ne se sont pas privés de t'attaquer sur la faillite qui ne manquera pas d'arriver si tu mets en place tes idées. Les augmentations d'impôts ne suffiront pas.
J'ai un chiffre à te soumettre. 30 trillions d'euros.
Renseigne-toi, c'est la valeur globale des actifs détenus au nom de leurs clients -principalement des banques- par Clearstream et Euroclear en 2012. La première, dont le siège est à Luxembourg, a annoncé près de 12 trillions détenus dans ses comptes en avril et la seconde, dont le siège est à Bruxelles, affiche fièrement mais discrètement un peu plus de 18 trillions d'euros.
Les banquiers, les oligarques, les lobbyistes de Bruxelles, les magnats du pétrole, les vendeurs d'armes, les rentiers luxembourgeois, les traders londoniens, les avocats fiscalistes et les journalistes appointés par le système bancaire n'aiment pas qu'on leur rappelle ces chiffres.
Cher François, crois-moi, le magot est planqué là.
Dans les sous pentes informatiques de ces boîtes noires. Les sociétés off shore y ont caché leurs devises. Elles ont le doigt sur le bouton transfert. Dès qu'on viendra les emmerder, les circuits sont prêts pour jouer au bonneteau avec les services fiscaux.
Il va falloir jouer serré mais la partie est gagnable. Tu lances une commission d'enquête en France et tu pousses à la roue pour que celle que vient de créer la commission européenne (demande à Vincent Peillon de te brieffer) débouche rapidement.
Ensuite, tu crée une brigade informatique d'intervention. Et tu taxes ces mastodontes de la finance en prélevant une (bonne) part de ce qui se cache dans les paradis fiscaux et 1% de ce qui passe par les circuits normaux. Et tu augmentes même les policiers...
Bien à toi cher François. Appelle-moi. Denis" (Robert) »
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Source : La République des idées
Les paradis fiscaux : visite guidée
par Thomas Vendryes [15-11-2011]
(…) Il est parfaitement légal (en France du moins) d’avoir un compte en Suisse ou aux Bahamas. Mais il est parfaitement illégal de ne pas déclarer les revenus qu’on reçoit sur un compte offshore. Les paradis fiscaux permettent aux personnes qui le souhaitent d’enfreindre la loi. Les États-Unis et l’Europe doivent se saisir du problème de façon coordonnée. S’ils en ont la volonté, les grands pays peuvent mettre facilement un terme à la fraude fiscale des particuliers dans les paradis fiscaux. Il leur suffit de contraindre les paradis fiscaux à échanger automatiquement les informations qu’ils détiennent. À chaque fois qu’un ménage français touche un dividende sur le compte en Suisse qu’il possède via une société-écran panaméenne, la Suisse devrait envoyer cette information à la France. L’Union européenne, si elle parlait d’une seule voix, aurait largement la capacité de contraindre tous les paradis fiscaux à se plier à cet échange automatique d’informations. C’est d’ailleurs le but ultime de la directive épargne qu’applique l’Union européenne depuis 2005. Il est donc tout à fait envisageable que la fraude fiscale dans les paradis fiscaux soit éradiquée d’ici quelques années. Tout dépendra de l’unité des pays européens et de la volonté des États-Unis. (..)