22 mai Et puis la fiction, pourquoi pas, joyeux délire sur la fin de l'humanité décimée par les animaux en colère... Joseph Iⅈ I Juin 2012 J'ouvre les yeux. C'est flou, c'est rouge. Le pli de mon bras gauche me fait atrocement mal. Je ne me souviens de rien. Des fourmis envahissent mes extrémités. Bon signe. Je bouge mes cinq orteils, une masse d'un kilo sur chaque ongle. Ma main droite, le pouce, l'index, le majeur. Pas de majeur. Portais-je un anneau ? Qui aurait arraché mon doigt lors d'un choc, d'un combat, d'un accident de train, que sais-je ?... Rien. L'annulaire ? Présent ! Pas fiancé, alors, ou pas fétichiste, ou bien chanceux... L'auriculaire. Tout ce petit monde fonctionne à quatre-vingts pour-cent. Main gauche, ready. Ma côte flottante me fait légèrement souffrir lorsque je bouge, il est vrai que jusqu'à présent... Pas mal au ventre, et le cou et la tête, alouette... Et mon sexe ? Ooooooh... Mon sexe. Infirmière, au secours !! Je pense que je devrais attendre, concernant ma virilité. D'autant que je manque sérieusement de vitamines, mon excitation passagère me donne la nausée. Calme-toi, Cris, calme-toi. C'est ainsi que je m'interpelle dans l'intimité, en réalité mon nom de baptême est Christian, mais je suis très très athée, alors... Aïe ! Mon regard sort doucement du potage et remonte le long de l'avant-bras. Je saisis. Une aiguille reliée par un tube à une bouteille vide, est plantée dans un bleu respectable qui vire au jaune fluo par endroits. J'arrache la perfusion. La mémoire me revient par morceaux. Le chat. Le chat et le gosse qui se jettent littéralement sous mes roues... Le coup de volant le platane. Rouge. C'était quand ? on est quand ? Le plafond ! Le plafond de l'hôpital est en loques ! Et ce courant d'air ! Les murs fantômes filtrent une végétation amazonienne. J'essaie de me lever. Je retombe lourdement, nausées... Un morceau de miroir renvoie l'image d'un visage plâtreux : la peau, les os. Un bruit sourd secoue la carcasse de la chambre. Nom de Dieu ! Ce coup-ci faut se lever. Et vite. Je me jette par le trou, l'air vif me ranime un moment, cinquante mètres plus loin, l'hôpital et moi nous écroulons dans l'herbe. A suivre... demain !
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