Par Fabienne
La tant attendue Monumenta 2012 a ouvert ses portes depuis le 10 mai dernier. Daniel Buren y installe un travail in situ haut en couleurs, bouleversant ainsi radicalement la signature à laquelle il avait habitué son public…
Nul doute possible : la Monumenta est l’un des évènements artistiques majeurs de l’année ! L’opportunité pour un artiste d’investir pleinement le magnifique espace de la nef du Grand Palais : un évènement qui promet -d’accoutumée- de belles surprises. La monumenta sera pour cette cinquième édition -et pour une seconde fois- aux mains d’un artiste français, après Christian Boltanski et à la suite du britannique Anish Kapoor voici Daniel Buren !
Cette année -comme cela fut le cas lors des précédentes éditions-, avant même que je n’arrive à savoir vraiment quoi en penser ou en dire, pléthore d’articles forts élogieux avaient déjà été publiés sur le sujet. Et pourtant, je dois dire qu’aujourd’hui j’ai bien du mal à suivre le groupe pour orienter ces quelques lignes dans la même direction. Je me suis laissée tenter par « l’appel au médiateur ». Il faut dire que « l’appel à un ami » et « l’avis du public » n’ont pas été pour l’occasion concluants, la simple vue des expressions sur les visages laissait penser que nombre d’entre eux « s’attendaient à autre chose » ou restaient dans l’expectative…
Certes, il y a du « Buren » dans l’air, on y retrouve le détail de son principal « outil visuel » : les bandes alternées blanches et colorées d’une largeur de 8,7 cm. Mais il faut admettre être un peu surpris par l’ensemble haut en couleur et finalement très décoratif, peut-être trop…
L’artiste relève le défi, se mesure à cet espace fabuleux et puissant mais ne suscite pas les « émotions » procurées par les réalisations de ses prédécesseurs dans l’exercice de cet investissement des lieux. Buren s’approprie l’espace de façon totale et subtile : les moyens d’accès habituels sont eux-mêmes modifiés et adaptés. Avec cette Monumenta, le visiteur pénètre dans la nef depuis une porte située au nord pour en sortir à son extrémité sud. La guicheterie et la signalétique (fléchée) sont, de même, adaptées à ce bouleversement et reprennent couleurs et codes de Buren pour être au final intégrées comme éléments constitutifs de l’oeuvre. Enfin le billet d’entrée est présenté comme étant une création de l’artiste. Donc « à conserver précieusement ».
A l’intérieur, la lumière -un des éléments clés de la structure-, est magnifiquement mise à profit par l’oeuvre de Buren. Les couleurs, au nombre de quatre : bleu, jaune, orangé et vert (au total 377 disques de couleurs hissés sur des colonnes noires et blanches de 2.5 à 2.9m) rythment l’espace et participent de l’atmosphère créé par l’ensemble. Le visiteur est tour à tour baigné des 4 lumières colorées, avant d’arriver sous la coupole. Ces choix colorés sont expliqués et justifiés par l’artiste comme une contrainte technique :
»Ce sont les seules couleurs qui existent dans ce matériaux et cela me convient très bien de faire avec ce qui existe. Ainsi, je débarrasse la couleur de ce qui peut être proche de mon propre goût ».
Au centre, un espace découvert laisse apparaître le dôme dont les vitres sont alternativement recouvertes de filtres bleus, au dessus un drapeau flotte, reprenant l’iconographie de Buren en bleu et blanc. Au sol sont disposés des miroirs sur lesquels les visiteurs peuvent déambuler et ainsi avoir l’impression de « plonger » littéralement de la hauteur de la coupole. L’installation est enfin accompagnée de sons « énigmatiques » diffusés en boucle : la récitation en 37 langues du nom des 4 couleurs exploitées.
L’ensemble est particulièrement photogénique. Mais m’a étrangement « laissée sur le coté », sans doute suis-je arrivée là avec des attentes trop démesurées… Et vous, qu’en avez-vous pensé ?
Monumenta 2012 : Daniel Buren, Excentrique(s) au Grand Palais
Du jeudi 10 mai au jeudi 21 juin 2012
Nef du Grand Palais – Porte Nord
Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
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