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L’auteur :
Galsan Tschinag est né en
1944 dans une famille d’éleveurs nomades touvas en Mongolie occidentale et a passé sa jeunesse dans les steppes du Haut-Altaï, aux confins de l'Union Soviétique.
Après son bac à Oulan-Bator, bénéficiant des programmes de coopération entre les pays communistes, Galsan Tschinag a la possibilité d’étudier la linguistique à Leipzig, en RDA. Il écrit soit en
mongol soit en allemand. Son premier ouvrage, Ciel bleu, est
publié en Allemagne en 1994. Il obtient le prix Adalbert von Chamisso, récompensant un auteur étranger écrivant en allemand.
Parallèlement à l'écriture, Galsan Tschinag se consacre à la protection des coutumes de son peuple, menacées par les dangers de la modernisation.
L’histoire :
Après de nombreuses années passées à sillonner le monde, Galsan Tschinag revient vers son peuple, les Touvas, des nomades du Haut- Altaï au nord de la Mongolie, pour y passer le soir de sa vie. Mais la situation est délicate, ses deux disciples chamans, ainsi que son peuple, ne sont pas d’accord sur le chemin à prendre pour affronter l’avenir. La vie nomade traditionnelle et le XXIe siècle se dressent face à face comme deux géants inconciliables.
Pour apaiser les esprits, une caravane est envoyée au Lac Jaune où une colline sacrée doit être consacrée. La narration tisse des rêves et des souvenirs du narrateur qui passe sa vie en revue
pour en retenir les moments les plus importants : scolarité pendant les années 50 staliniennes, études supérieures à Leipzig dans les années 60, la première rencontre avec le Dalaï-lama en 1981,
et la réalisation de son souhait le plus cher : la grande caravane avec laquelle son peuple retourne en 1985 dans le Haut- Altaï pour reprendre le mode de vie traditionnel nomade.
Ce que j’ai aimé :
Chaman est un texte pur mené par une voix hypnotique qui nous invite dans son univers, à la rencontre des siens. Le lecteur est comme gêné au début, décalé dans un monde qui n'est pas le sien, puis, petit à petit, le talent de conteur et ses qualités indéniables d'hôte mettent à l'aise ses invités passionnés alors par ce qu'ils découvrent.
Les textes de Galsan Tschinag sont toujours une plongée en apnée dans un univers lointain dépaysant et fascinant. Ici, il nous livre son histoire et nous permet de mieux comprendre les clés de cette Mongolie en pleine mutation, oscillant entre tradition et modernité. Son texte est nimbé de son intelligence et de sa clairvoyance de chaman.
"Ma yourte palpite dans la steppe
cette autre grande yourte qui est mienne
Le mince filet de fumée
Qui tourbillonne dans la petite
S'élève à travers la grande
Et s'enfonce parmi les nuages
Est le cordon de ma naissance
Je suis l'oeuvre commune
De notre père le Ciel, de notre mère la Terre
Et pour trois vies de cheval
Je me chauffe au foyer fougueux des nomades." (p. 115)
Ce que j’ai moins aimé :
Il est quelquefois difficile de rentrer dans ce texte, il faut se laisser bercer par le chant hypnotique de l'auteur et faire abstraction de ce qui nous entoure pour que se crée la vraie rencontre. Galsan Tschinag demande de la concentration, mais la beauté du texte vaut les efforts fournis...
Premières phrases :
« Voici l’histoire d’un rêve opiniâtre. Un rêve qui, pendant tout un hiver, s’est emparé de moi presque chaque nuit, parfois même le jour, pour me ravir et me tourmenter tout à la fois. J’ai dû et pu le coucher sur le papier avant même de savoir si j’allais pouvoir lui aussi le réaliser comme nombre de ses prédécesseurs, tout d’abord vagues chimères, songes bouillonnants et bariolés. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Ciel bleu : une enfance dans le Haut Altaï
Autre : deux films magnifiques Les deux chevaux de Gengis Khan de Byambasuren Davaa et Urga de Nikita MiKhalkov
D’autres avis :
LA QUINZAINE LITTERAIRE, Jean-Luc Tiesset
« Galsan Tschinag nous entraîne une fois de plus vers les paysages lointains et grandioses de l’Asie centrale, là où la réalité le dispute au fabuleux ». Lire
l'article entier ici.
KAELE,
Fabien Franco
« Ce qui frappe dans ce texte littéraire, c’est la force de son réalisme, la richesse de sa pensée, et la profondeur de son humanisme. Comment ne pas accepter
un tel cadeau ».
BOOKS, Suzi
Vieira
" Son dernier livre revient sur son incroyable parcours, mais surtout sur son retour au sein du clan Touva, une minorité turkmène de Mongolie, dont il es le
chef et le chaman".
LE MONDE
DIPLOMATIQUE, Sophie Divry
« Passeur de frontières ». Lire la suite ici
MEDIAPART,
Aliette Armel
« Je suis issu d'un peuple nomade et j'ai appris à maîtriser la culture occidentale. Je me considère donc comme un pont liant l'Est et l’Ouest.» Lire la
suite ici
Chaman, Galsan Tschinag, Métaillié, traduit de l’allemand (Mongolie) par Isabelle Liber, mars 2012, 252 p., 20 euros
Merci à Valérie Guiter des Editions Métailié