Les exégèses de la défaite de la droite par ses propres troupes valent une bonne comédie de boulevard.
« C'est parce qu'on n'a pas encore assez réformé »...
Je croyais naïvement, pauvre de moi, qu'une réforme était un mieux, un plus, une amélioration sensible qu'on apportait à une situation donnée. Or il semble que les réformes made in UMP consistent plutôt à trancher dans le vif, abattre des pans de service public, supprimer des postes, condamner des tribunaux et des hôpitaux, tenir sous l'eau la tête des indigents...
Je n'avais pas bien saisi que les retraités qui défilaient la semaine dernière réclamaient le maintien du blocage de leurs pensions, que les smicards redemandaient du zéro% sur leur maigre salaire comme ils l'ont subi l'an dernier, que les magistrats devant leur palais de justice exigeaient l'accélération de sa fermeture, et que les ouvriers qui foutaient le feu à leurs usines voulaient démontrer que la prospérité du pays passait par davantage de délocalisations.
Comme quoi on peut se tromper.
Notre gouvernement va donc persévérer dans sa hâte d'achever les mises au point exigées par ses sponsors avant que sa position devienne intenable. La course contre la montre semble être maintenant privilégiée par rapport à la progression raisonnée. Ils ont raison, car je crois de plus en plus que leurs jours sont comptés. La quarantième anniversaire de mai 68 arrive, qui fera l'objet de mon prochain billet.
Valérie Pécresse, elle, ne s'y trompe pas, qui écoute « le silence des urnes ». Sans doute n'y entend-elle pas de contradicteur trop arrogant...
Le pauvre Bayrou, écartelé par la rage de ses affidés à tirer sur leur licou vers l'abreuvoir le mieux garni, a résumé sa défaite en comparant la politique à un balancier qui, cette fois-ci, serait parti du mauvais côté. (la gauche serait donc le mauvais côté???). J'ai plutôt l'impression que le balancier est parti du bon côté avec force, tellement de force que le Bayrou s'est trouvé sur sa trajectoire, et que c'est ce grand retour de balancier qui l'a propulsé en vol plané vers les oubliettes de la politique... Car il aura du mal à s'en remettre.
Comme prévu, Darcos, visité par Fillon, a perdu, comme tous les UMP auxquels Fillon est allée faire une visite de soutien. Rachida Dati a inauguré une grande première: jamais de mémoire de parisien, le maire du 7° arrondissement n'avait été élu autrement qu'au premier tour. Elle ne l'a été qu'au second. L'innovation est en marche. Lellouche aux orties dans le 8° où il était allé chercher une élection plus facile que dans son 9° d'origine. Mauvais printemps pour les coucous.
La Marquise de Panaf a crotté son beau costume en vain sur les marchés de la capitale. Elle semble vouloir renoncer à conduire le groupe UMP, ou ce qu'il en reste, au conseil municipal, ce qui ferait bien les affaires de Rachida, qui lorgne sur le fauteuil. Va-t-elle exiger des défilés de mode sur le parvis de l'Hôtel de Ville?
Eu égard à la distinction de la Marquise, à ses manières exquises, à la qualité littéraire de ses exclamations, je propose de lui décerner une somptueuse distinction de mon cru, inspirée du protocole anglais: Madame de Panafieu est promue dans l'ordre de la Charretière.
Tibéri est repassé avec une majorité qui semble inférieure au nombre de voix mises en cause lors de précédentes élections dans sa circonscription, et mon petit doigt me dit que les électeurs, vrais ou faux, du V° arrondissement n'ont pas fini de défrayer la chronique. Serge Dassault a réussi à se maintenir à Conflans saint Honorine, qui a donc renouvelé sa protection contre « les socialo-communistes ».
Reste un problème: Vanneste. Battu au premier tour, certes, mais tête de liste et donc chef du groupe UMP au conseil municipal de Tourcoing. Toujours investi par l'UMP. Pour combien de temps encore?
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