Il est bien rare que les scènes de Mawazine accueillent un groupe de rock. Longtemps réclamé par le public du festival, les organisateurs ont répondu à la demande en invitant Evanescence. C’est donc dans le cadre de la tournée de promotion de leur dernier album que Amy Lee et son groupe se sont arrêtés à Rabat pour nous faire voyager quelques années en arrière vers nos années adolescentes. Chronique du concert.
Quand on évoque Evanescence, on pense directement à leur longue carrière (16 ans !) parsemée de difficultés, de bien de quiproquos et de malentendus, de séparations, de maux internes et d’obstacles. Il reste que Amy Lee a toujours exploité ces problèmes pour en faire l’essence même de son inspiration. L’artiste et son nouveau groupe ont donc sorti un nouvel album en 2011, sobrement intitué Evanescence. Le disque, arrivant 5 ans après The Open Door, représente une véritable renaissance pour Amy et ses acolytes, un album plus abouti, plus travaillé, ayant pour thème l’océan et la nature, puisque élaboré et produit dans la sérénité, ce qui n’était pas le cas de leur disque précédent.
Si les fans s’attendaient à un véritable retour en arrière, à un concert des plus nostalgiques ressortant les vieux tubes des cartons poussiéreux pour revenir dans un passé brillant du groupe, ils se sont vus déstabilisés puisque Amy Lee leur a préparé une belle surprise : Evanescence, c’était désormais ce que le groupe faisait aujourd’hui, et c’était les nouvelles chansons qui allaient primer sur la tracklist du concert. Cela ne voulait pas dire pour autant que la chanteuse avait oublié son ancien répértoire, elle a même integré plusieurs chansons extraites du premier album qui ont provoqué la quasi-hystérie du public. C’est donc sans surprise que ce dernier ne se fit pas prier pour reprendre Going Under ou encore Bring Me To Life et Lithium avec une chanteuse déchainée.
Amy Lee avait une énergie extraordinaire et une grace des plus touchantes. Elle enchainait des chansons fortes, aux lourds riffs de guitare et d’autres plus sobres, plus calmes, au piano, afin de garantir l’équilibre de son concert, et à chaque fois, elle n’oubliait pas de sourire à son public en fin de ses chansons. L’artiste a dit après avoir chanté sa première chanson, What You Want, premier single extrait du nouvel album : “Je suis très honorée d’être là avec vous ce soir, je voulais venir vous voir depuis très longtemps, c’est aujourd’hui chose faite“. C’était aussi, ce soir-là, un honneur pour le festival d’avoir accueilli un si grand groupe dans un genre musical qui a toujours été boudé afin de renforcer cette touche de diversité qui a toujours été la marque de fabrique du festival. Le public, lui, était dans un état second, ressentant la générosité de leur star et son implication afin de faire vibrer ses fans.
Le concert dura un peu plus d’une heure mais fut un concentré d’énergie et de punch qui plongea le public dans l’univers sombre mais paradoxalement candide du groupe. Amy Lee, pour sa part, ne se faisait pas prier pour communiquer avec son public entre deux chansons, impliquée dans son spectacle, ayant conscience que ses fans marocains l’avaient tellement attendue.
Le concert d’Evanescence à Mawazine était surtout l’occasion pour le public marocain de découvrir le nouvel album du groupe en live. Un album abouti, très travaillé avec des chansons originales et très efficaces. On aura alors découvert What You Want, The Other Side ou encore Never Go Back qui ont fait fureur malgré l’effet de surprise sur la plupart des spectateurs.
Il reste que les moments forts du concert étaient, bien entendu, ceux où Amy chantait ses anciennes chansons. L’énergie monta d’un cran quand les premières notes de Lithium commencèrent ou encore quand Amy entama Call Me When You’re Sober. On ressentit une grande nostalgie quand la chanteuse chanta avec energie Bring Me To Life où les parties de Ben Moody avaient sauté. Le public se sentit donc le devoir de les chanter haut et fort, entrant dans une grande osmose avec le groupe.
Le moment le plus fort reste la dernière chanson que le public avait tellement réclamé, Amy Lee revint, après une courte pause, accompagnée de son piano. Elle chanta alors My Immortal et le public ne se fit pas prier pour reprendre en choeur l’intégralité de la chanson qui avait eu tellement de succès à sa sortie.
Le groupe s’inclina face à son public en toute courtoisie, ce dernier qui était en transe, ressentait la sincérité des artistes et leur implication dans leur travail. Evanescence est donc indiscutablement le meilleur concert qui a eu lieu à L’OLM jusqu’ici lors de la 11e édition. Amy Lee et ses musiciens devraient être fiers de leur performance où la conscience artistique et le devoir de faire le bonheur du public se ressentaient fortement.
Le groupe a décidément encore de beaux jours devant lui, on espère juste que cette nouvelle formation plus complice sortira encore d’autres albums qui ne pourraient que faire le bonheur d’un public fidèle.
Photo : Mahjoub Feryate
Étudiant architecte. Avide de découvertes musicales et littéraires. Cinéphile passionné. Rédacteur en chef de Lcassetta.com
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