Bonjour à tous,
Voici bientôt venu le temps des législatives. Dans la continuité des présidentielles qui ont vu François Hollande l'emporter, ces élections législatives ont pour but d'élire ceux qui vont voter pour nos lois pendant 5 ans (sauf en cas de dissolution...). Ces élections sont importantes pour le nouveau président quoi doit avoir une majorité suffisamment solide pour pouvoir gouverner. 6 591 candidats (environ 11 candidats par circonscription) à travers la France vont donc tenter d'accéder au palais Bourbon. Voyons voir quels partis s'engagent dans la bataille, dans quel but et avec quelle stratégie ? A quoi va ressembler notre prochaine Assemblée Nationale ? Existe t-il une probabilité de cohabitation ?
Forces en présence :
Les forces en présence seront bien sûr principalement les forces politiques qui ont marqué la présidentielle. Mais nous évoquerons comme nous le pouvons également les forces locales ou non présentes lors des présidentielles.
Gauche :
-Lutte Ouvrière, représentée par Nathalie Arthaud aux présidentielles, a annoncé présenter 552 candidats dans toute la France et l'Outre-mer. Le Nouveau Parti Anticapitaliste, représenté par Philippe Poutou, ne pourra lui présenter que 350 candidats. Le Parti Ouvrier Indépendant, non présent aux présidentielles, présente lui 106 candidats. Ces partis d'extrême gauche seront donc plus ou moins présents. Il faudra toutefois compter sur eux.
-Le Front de Gauche présentera normalement un candidat dans chaque circonscription métropolitaine. La majorité des candidats viennent du Parti Communiste (80 pour cent environ) et le Parti de Gauche en présente 103. D'autres candidatures sont réservées à d'autres composantes du Front de gauche, comme le MPEP, République et Socialisme, Gauche Unitaire... Le leader du Front de Gauche a notamment décidé de se présenter lui-même dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais contre Marine Le Pen, bien implantée de ce qui constitue un des bastions du Front National. Nous détaillerons quelque peu ce "match dans le match" plus tard.
-Le Parti Socialiste, allié au Parti Radical de Gauche, au MRC et parfois à Europe Ecologie les Verts, présente ou soutient un candidat dans chaque circonscription. Cette coalition apparaît comme favorite, mais attention à la dynamique et au trop plein de confiance : la victoire de François Hollande a ainsi entraîner des dissidences et des problèmes concernant les investitures : Martine Aubry a par exemple favorisé l'investiture d'Aubryistes en Somme au détriment d'Hollandistes (car elle n'a pas été nommée premier ministre), et des candidats du PS, enjoués par la victoire, ont voulu se présenter alors qu'une investiture PS-EELV existait déjà ! Les candidats du PS ou d'EELV se marchent sur les pieds notamment dans la 5ème Circonscription de l'Eure ou la 1ère Circonscription d'Ile-et-Vilaine. Le PS pourrait faire gagner 4 à 6 candidats du MRC et une vingtaine du PRG.
-Europe Ecologie se présente dans quasi toutes les circonscriptions en accord avec le PS, le Mouvement Ecologiste Indépendant (Antoine Waechter) ou seul. Un accord avec le MEI a été passé dans une vingtaine de circonscriptions. 121 candidats seront rattachés au MEI.
Centre :
-Cette année, François Bayrou, après une présidentielle en semi-teinte, tente de relancer le centre. Il se lance dans les législatives avec le "Centre pour la France", une coalition rassemblant le Modem et d'autres centristes.
-Mais cette alliance peine à rassembler. En effet, malgré la fin de l'association entre le Parti Radical Valoisien et l'UMP, le PRV investit seul 111 candidats sans rentrer dans le rassemblement de Bayrou. 35 seront toutefois soutenus par l'UMP. Le Parti Radical a signé une alliance financière avec le Trèfle, parti écologiste. Il tente aussi de rassembler avec l'Union des radicaux, centristes, indépendants et démocraties, une association créée le 11 avril 2012.
-Le Nouveau Centre a investi quant à lui 127 candidats début février. Le Parti Chrétien Démocrate voulait en investir une centaine selon l'accord de désistement que Christine Boutin a signé en faveur de Nicolas Sarkozy.
L'impression est donc à la désunion chez les centristes et démocrates-chrétiens.
Droite :
-L'UMP a investi en Janvier 501 candidats, les 76 restants étant des candidats d'autres partis soutenus par l'UMP. L'UMP ne se présente pas dans certaines circonscriptions où le PCD, le Nouveau Centre et République Solidaire sont présents. Suites aux investitures, des candidatures dissidentes ont aussi été déposées, par exemple celle de Christian Vanneste, député du nord renvoyé de l'UMP et dont l'investiture n'a pas été reconduite.
-Debout la République, représenté par Nicolas Dupont-Aignan aux présidentielles, sera aussi présent lors de ces élections. Son président-candidat avait annoncé présenter des candidats partout où c'était possible. Ainsi, 320 candidats du parti gaulliste et républicain seront dans la bataille, dont "NDA" lui-même, candidat à sa succession dans sa circonscription d'Yerres (Essonne), où cette fois-ci un candidat UMP est investi.
-Le Front National se présente aux législatives dans un plus large rassemblement que Marine Le Pen a voulu étendre aux souverainistes et patriotes. Ainsi, le Rassemblement Bleu Marine est composé du Front National, du SIEL (Paul-Marie Coûteaux). Marine Le Pen a prévu de réserver une part des investitures à d'autres mouvements que le Front National et à de nouveaux adhérents. Normalement, quasiment toutes les circonscriptions devraient être couvertes, mais des candidatures dissidentes existent aussi, comme en Moselle contre le porte-parole du mouvement Florian Philippot, "parachuté" selon le candidat dissident renvoyé du Front-National.
Autres :
D'autres partis présentent des candidats. D'abord, Solidarité et Progrès, le parti de Jacques Cheminade, a investi 78 candidats en France. L'Alliance Ecologiste Indépendante, qui n'a pas signé d'accord avec les autres écologistes, se présente dans 363 circonscriptions. Le Parti Pirate présenterait 102 candidats. Le RPF aussi présente des candidats, tout comme la ligue du sud ou d'autres petites formations (Nouvelle Droite Populaire, Mouvement National Républicain, Parti de la France).
Faits Marquants :
"Duel des Fronts" à Hénin-Beaumont :
Cette campagne des législatives a déjà été marquées par plusieurs faits politiques. Le premier est bien sûr la "revanche" entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Après une victoire de cette dernière au premier tour de la présidentielle (18 pour cent contre 11 pour cent), un "match retour" a lieu avec ces législatives dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais. En effet, considérée comme un bastion Frontiste, cette circonscription a vu Jean-Luc Mélenchon se présenter pour suivre son "ennemi juré", Marine Le Pen. Les frontistes voient ça d'un mauvais oeil, parlant d'une obsession de la part d'un "candidat parachuté". Voici les candidats dans cette circonscription sur laquelle nombre de regards se portent :
- HUBERT Nathalie (Lutte ouvrière) suppléant : LORENTE Jean- LE PEN Marine (Front National) suppléant : BRIOIS Steeve- ROSE Pierre (Objecteurs de croissance 62) suppléant : MENAGER Olivier- TONDELIER Marine (Europe Écologie Les Verts) suppléant : SANCHEZ Pablito- URBANIAK Jean (Sans étiquette) suppléant : RAMDANI Nesredine- VAST Michel (DVD - Debout la République) suppléant : LOIR Paule- BOUSNANE Mohamed (Union pour la Diversité et la Solidarité alliance écologique indépendante) suppléant : WARGNIER Richard- DUVAL Séverine (Nouveau Parti Anticapitaliste) suppléant : GABELLE Dominique- RICHET Murielle (Le Trèfle-les Nouveaux Ecologistes Homme-Nature-Animaux) suppléant : SALIGNON Janine- DESSENNE Michèle (Mouvement politique d'éducation populaire) suppléant : MAISON Jean-François- SAHRAOUI Rachida (Parti Radical Valoisien) suppléant : DROUET Marc- MELENCHON Jean-Luc (Front de Gauche) suppléant : POLY Hervé- KEMEL Philippe (Parti Socialiste) suppléant : MUSIAL Christian- CUCHIARRO Daniel (Ecologiste) suppléant : HOUDARRI Abd Arahnéne
Il est tout à fait possible que Jean-Luc Mélenchon soit venu pour médiatiser sa campagne, les médias étant bien sûr attirés par ce second choc avec Marine Le Pen. Il est aussi possible que cette candidature soit une sorte de revanche après un score aux présidentielles plus faible qu'attendu. Remarquons en tout cas que l'UMP n'est pas réellement présente dans cette circonscription, même si le Parti Radical se présente et si l'UMP soutient le Modem (Urbaniak). Le candidat sortant est du PS, mais il faut bien insister sur la popularité du FN et de Marine Le Pen dans cette région du nord, anciennement industrialisée, sinistrée, où le chômage est important et où l'immigration est assez importante. Ainsi, Marine Le Pen a t-elle fini seconde au premier tour des présidentielles dans le département du Pas-de-Calais avec 25 pour cent des suffrages exprimés, et même première dans la commune d'Hénin-Beaumont avec plus de 35 pour cent. Selon des sondages récents, c'est donc logiquement que Marine Le Pen sortirait en tête au premier tour avec 34 pour cent des voix, mais comme cette dernière n'aurait pas assez de report de voix au second tour et comme le candidat arrivé deuxième à gauche pourrait se désister, celle-ci perdrait le second tour. Cela profiterait donc à Jean-Luc Mélenchon, qui serait élu avec 55 pour cent contre 45. Si c'est le candidat PS qui arrive en tête, il gagnerait avec 56 pour cent, et si une triangulaire a lieu, l'issue serait la même pour le FN. Toutefois, les frontistes mettent en doute ce sondage IFOP.
La parité respectée ?
Autre fait marquant en ce début de campagne, l'affaire de la parité. Alors que Jean-Marc Ayrault a formé un premier gouvernement respectant strictement la parité entre hommes et femmes, on peut considérer que la parité aux législatives est en recul depuis 2007. Environ 40 pour cent des candidats sont des candidates, contre 41,6 en 2007. Mais la polémique touche surtout l'UMP qui n'a investi que 28 pour cent de femmes alors même qu'il est l'un des partis, si ce n'est le plus gros parti de France. Si la parité est parfois difficile à respecter pour les petits partis, elle devrait au moins être respectée par les gros partis estiment certains. Ainsi l'UMP pourrait se voir infliger une sanction de 4 millions d'euros pour non respect de cette parité. Ce ne sera pas le cas pour Europe Ecologie qui assure avoir investi autant de femmes que d'hommes.
Enjeux et stratégie :
L'enjeu majeur pour François Hollande et la gauche est bien sûr d'avoir la majorité la plus large possible pour pouvoir gouverner et asseoir leur légitimité. La capacité à gouverner serait d'autant plus grande que la gauche détient aussi le sénat, les régions, la majorité des départements et des grandes communes. L'enjeu est aussi de légitimer le gouvernement dont certain membres se présentent dans une circonscription qu'ils doivent gagner s'ils veulent rester en place. Le Parti Socialiste comptait bien, pour ce faire, s'appuyer sur la gauche plurielle (Front de Gauche, écologistes, radicaux, citoyens...) par des alliances, mais malgré toutes les négociations, rien n'en ressorti. La seule alliance existante entre le PS et les formations de gauche est donc celle avec EELV ou celle avec les alliés de la présidentielle (MRC, PRG). Toutefois on peut parier que la gauche, comme à son habitude, sera unie et saura se désister en faveur du candidat en tête de la gauche. C'est également en comptant sur cette attitude que le Front de Gauche souhaite se renforcer. Mais le problème d'une majorité trop plurielle pour le gouvernement résiderait dans une trop grande dépendance de cette majorité et du gouvernement vis-à-vis des autres formations de gauche qui, si elles ne sont pas satisfaites de la politique menée, pourraient être en opposition. Le Parti Socialiste doit donc s'efforcer d'avoir une majorité absolue (289 sièges) à lui seul, ce qui est atteignable.
L'UMP est quant à elle dans une logique d'opposition. L'ex parti-présidentiel souhaite faire barrage à la gauche et une cohabitation pour ne pas que celle-ci contrôle toute la politique nationale en plus de la politique locale et régionale. Mais l'UMP est en fait prise au piège en terme de stratégie. En effet, son intérêt pour limiter la casse serait bien sûr de s'allier avec le Front National ou tout du moins de mettre en place un système de désistement pour que le FN se désiste en sa faveur et éviter ainsi les nombreuses triangulaires qui semblent se profiler et qui profiteraient souvent au PS. Mais une telle alliance est dénoncée par Jean-François Copé qui se soucie de la "respectabilité" de son parti et qui souhaite sans doute devoir le moins possible au Front National. Marine Le Pen n'est pas non plus favorable à une alliance nationale, mais n'est pas contre au cas pas cas, c'est à dire au niveau local. Il faut dire que cela pourrait l'arranger et lui permettre de faire élire quelques députés. De toute évidence, de telles alliances locales, plus ou moins tacites, auront lieu. Mais pas dans l'ampleur que le voudraient la majorité des électeurs de droite, frontistes comme "UMPistes".
Pronostics :
A quoi ressemblera donc cette Assemblée Nationale ? En toute logique, cela devrait être le Parti Socialiste qui devrait l'emporter. Mais attention, il faut noter deux points importants : d'abord, l'écart aux deux tours des présidentielles entre le PS et l'UMP ne fut pas si important que prévu par les sondages. Ensuite, les français semblent plus avoir voter contre Nicolas Sarkozy que pour François Hollande. Ainsi, un sondage de chez Harris pour M6 au soir du 6 mai montre que 54 pour cent des français souhaiteraient une cohabitation. Le même soir, toujours selon Harris, l'UMP serait en tête des intentions de vote pour les législatives de juin avec 32 pour cent. Toutefois, le PS a réduit l'écart depuis et les deux partis sont au côte-à-côte. La participation devrait être importante selon les sondages : nous ne pouvons pas tabler sur la démobilisation de l'électorat de droite pour prédire le résultat de ces élections. Le Parti Socialiste devrait obtenir une majorité absolue malgré un nombre de voix à peu près équivalent au premier tour à celui de l'UMP. Cette majorité serait obtenue grâce aux triangulaires provoquées par le Front National (peut-être plus de 300 !), car à notre avis, le Front National devrait obtenir un score similaire à celui d'avril dernier. Le Rassemblement Bleu Marine a peut-être localement des chances d'avoir 5 députés, mais il nous semble difficile d'en obtenir faute d'alliance. Le Front de Gauche aura probablement un score légèrement en retrait par rapport à avril mais plus de député qu'en 2007 grâce aux alliances. Des députés écologistes, radicaux et citoyens (MRC) pourraient aussi être élus grâce au PS. Le Modem aura quant à lui du mal, ses intentions de vote étant tombées à 5 pour cent. François Bayrou n'est lui même pas assuré d'être réélu dans sa circonscription. Nicolas Dupont-Aignan, réélu en 2007 dès le premier tour sera probablement mis en ballotage du fait de la présence d'un candidat UMP. Celui-ci devra jouer sur son implantation locale pour relever ce défi et ne pas perdre son siège.
Sources :
Wikipedia
PoliticMag
La Voix du Nord
Le Télégramme
Vincent Decombe