On fait dans l'inédit chez Book en Stock... dans tous les sens du terme d'ailleurs, car je m'apprête là à chroniquer un manuscrit !
Pourquoi ?
Parce que ce livre ne trouve pas preneur chez les éditeurs
Parce que j'ai eu un véritable coup de coeur pour le thriller précédent de Stéphane Gravier : Bloody Valéria.Parce que l'auteur est sympa et m'a donné accès à son manuscritParce que le monde de l'édition marche parfois sur la tête en refusant des pépites comme celle-ci, car je le clame encore haut et fort : COUP DE COEUR !Alors voilà, je n'ai ni couv, ni 4ème de couv à vous donner... à la place, je vous propose de relire ma chronique sur Bloody Valéria tiens ! ICI !
On retrouve l'ami Victor dans une ferme à côté de Minsk. Il a suivi Valéria en Biélorussie, il est toujours complètement fou dingue d'elle et bien sûr ne sait le lui dire. Et un peu à la gauloise, le ciel va encore lui tomber sur la tête. Il va se retrouver mêlé bien malgré lui à un trafic de fûts d'uranium contaminé. Le petit français, qui ne parle pas un mot de cette langue pleine de k qu'il s'amuse à compter. Le parfait bouc émissaire pour ces biélorusses haineux contre la France qui transforme leur pays en poubelle à centrales nucléaires françaises ( et on peut les comprendre...).Heureusement deux barbouzes de la DGSE veillent au grain... enfin, sont censées veiller au grain plus exactement.Heureusement surtout, Valéria n'a pas ses deux longues jambes interminables dans le même sabot.
Conçu en trois parties, les deux premières étant parallèles dans le temps. L'une avec Victor et ses mésaventures. L'autre avec les Liquidateurs, les têtes pensantes du complot et de sa mise en place, et avec le grain de sel que représente Victor. Et enfin une troisième où les deux parties se rencontrent.Manipulation, stress, fuites, retournements de situation. Le parfait page-turner. Un vrai thriller plein d'action et de suspens.Deux cent pages pleines d'humour :Il était vrai que je n'avais pas fait le plus compliqué, mais je me rassurai en me souvenant qu'il fallait toujours commencer par les petites montagnes avant d'accoucher des souris ; ou quelque chose comme ça. ( Pauvre Confucius ! mdr ! )Des descriptions exquises :Nous arrivâmes finalement à passer à table. La première bouteille de vodka gisait au cimetière des bouteilles vides et la seconde se dirigeait en trombe aux soins intensifs sans véritable espoir d'en réchapper.Des personnages décalés :Ti devait être le chef. Il avait une moustache et les cheveux qui hésitaient à être longs en fonction du profil que l'on regardait. Possible que ce fut un choix délibéré, une mauvaise adresse de coiffeur ou le résultat d'un voyage dans le temps qui l'avait bloqué sur les années 70.Stéphane Gravier nous présente là un thriller à la Monty Python, truffé de références musicales rock, la marotte de Victor, qui m'ont fait penser au Livre sans nom de Tarantino euh, de l'Anonyme, c'est juste énorme !Et en guise de conclusion je vous propose un long extrait pour que vous découvriez la plume et l'humour de cet auteur :Le contexte : Une nuit d'hiver, Victor se retrouve embauché sur un site de stockage pour un boulot de déchargement de camion. Il retrouve l'équipe avec qui il va bosser autour d'un brasero où circule une bouteille de vodka...Boire pour boire, pourquoi pas ! Boire pour en crever sur place, je doutais ! Je parvins tout de même à limiter la toux -il était hors de question de laisser croire que le petit français ne tenait pas le choc- mais je sentis des vagues acides s'attaquer à mes intestins avec une violence si rare qu'elles me transformèrent en fakir de la digestion.Même pas mal !Putain si, j'avais mal ![...]Sergueï, le chef d'équipe dispatche le boulot.Je restais les mains dans les poches, l'intestin dans les chaussures et attendais sagement en serrant les fesses que Sergueï me fasse signe. Je fus le dernier et quand il me tendit la bouteille, je ne me sentis pas le courage de refuser : " un p'tit dernier pour la route !", comme une tradition universelle. " Fais pas ça, bordel ! Tu vas te vider sur place !"Je bus.Mon tube digestif ne m'en remercia pas et passa un nouveau quart d'heure sur un épais tapis de clous. S'intégrer avait un prix. Je le payais en monnaie de vésicule.
Je ne sais pas vous, mais moi, j'adore. Vraiment.