Ode plutonienne, extrait
(…) J’entre en esprit dans tes cachettes, je parle à travers ta présence, je rugis ton Cri de Lion dans ma gueule de mortel.
J’inspire un microgramme dans chacun de mes poumons, dix livres de lourde poussière métallique dérivent lentement sur les Alpes grises
sur tout le champ de la planète, combien de temps encore avant que ta lumière foudroie et anéantisse tous les êtres vivants?
Que tu pénètres mon corps ou non j’entonne en toi mon esprit, Pesanteur Inapprochable,
Toi, Elément lourd plus que lourd, je verbalise ta conscience en direction des six mondes
Je chante ta Vanité absolue. Toi, monstre de Colère enfanté par la peur, Toi matière
Ignorante entre toutes les créations imposées à la Terre!
Chimère d’empires métalliques!
Destructeurs de savants mensongers! Dévorateur de Généraux avides, Incinérateurs d’Armées, Fondeur de Guerres!
Jugement suprême, Vent Divin sur les nations vengeresses, Violeur de Présidents, Scandale Mortel du Capitalisme! Oh civilisations bêtement industrieuses! (…)
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Poems 1972-1977:
«QU’EST-CE QUE TU FERAIS SI TU DEVAIS TOUT ABANDONNER?»
ME DEMANDA RINPOCHE CHÖGYAM TRUNGPA TULKU DANS
LE COULOIR EN MARBRE ÉTINCELANT,
FIXANT MA VALISE NOIRE TOUTE BOURRÉE D’ART,
«MIEUX VAUDRAIT ÊTRE PRÊT A MOURIR»…
L’HARMONIUM C’EST À PETER
L’ECHARPE À KRISHNA LA CLOCHE AVEC L’ÉCLAIR DE FOUDRE EN
CUIVRE C’EST PHILIP WHALEN QUI L’A CHOISIE AU JAPON
L’ÉDITION DE BLAKE, AVEC DES NOTATIONS D’ACCORDS, EST
EN PIECES, ET PUIS IL Y A LES LIVRES NOIRS DE CITY LIGHTS,
LES BÂTONS POUR CHANTS D’ABORIGÈNES AUSTRALIENS, L’ENCENS
VERT, LES CYMBALES À DOIGT TIBETAINES EN MÉTAL
PRÉCIEUX -
UNE JAMBE CASSÉE UNE SEMAINE PLUS TARD M’A TOUT REMIS
EN MÉMOIRE ET, AU BOUT DE QUELQUES JOURS, LA DOULEUR
N’ARRÊTANT PAS JE ME SUIS MIS À PLEURER DANS MON LIT
SANS RAISON, PENSANT UN PEU AU RABBIN SHACTER, UN PEU
A MON PÈRE LOUIS, UN PEU
À TOUT CE QU’IL ALLAIT FALLOIR ABANDONNER…
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EUROPE! EUROPE!
Monde monde monde
assis dans ma chambre
j’imagine le futur
le soleil tombe sur Paris
je suis seul personne ne
possède l’amour parfait
l’homme était fou l’amour de
l’homme est imparfait
je n’ai pas assez pleuré
mon coeur sera lourd
jusqu’à la mort
les cités sont des spectres
des manivelles de guerre
les cités sont travail & briques
& fer & fumée de la
fournaise égoïste qui dessèche
les yeux rouges de Londres mais
aucun oeil ne rencontre le soleil
Le soleil explose
frappe l’immeuble de la presse
blanc solide moderne de
Lord Beaverbrook penché dans
une rue de Londres pour
porter les derniers rayons
jaunes des vieilles dames
regardant distraitement vers
le ciel à travers le brouillard
pauvres pots sur les appuis des
fenêtres fleurs serpentant vers
la rue les fontaines de
Trafalgar Square jaillissent sur
les pigeons midi-chauffés
Moi-même en extase rayonnant de
solitude sur le Dôme de St-Paul
voyant la lumière sur Londres
ou ici sur un lit à Paris
lueurs du soleil à travers la
haute fenêtre sur les murs de plâtre
Humble foule féconde ensevelie
les saints périssent caves
femmes des rues rencontrant
le manque d’amour sous les
lampadaires et les rampes de néon
aucune femme en carte n’aime
le mari-unité-fleurie
pas un garçon n’aime le môme mou
feu dans les poitrines politiques
effrois électriques dans la
basse ville les cris de la radio
les feux de police sur les
écrans de TV se moquent des
merveilles-veilleuses dans
les pièces vides des tanks
s’écrasent dans la déflagration
le rêve joie d’homme n’est pas rêvé
l’usine de la pensée-film pousse
la came autorêves en fer-blanc d’Eros
l’esprit dévore sa chair pendant
une famine conne et le baisage
d’aucun homme n’est sacro-saint car
le travail de l’homme c’est la guerre
Porcelaine d’os de Chine
qui a faim lavage de cerveau
dans l’écluse de la surpuissance
l’Amérique cache la viande folle
dans un réfrigérateur l’Angleterre
cuit Jérusalem depuis trop longtemps
la France bouffe de l’huile
et de la salade morte
bras & jambes de l’Afrique
camelot dévorant l’Arabie
nègres et blancs préparent la guerre
contre les noces d’or Russes
la manufacture en nourrit des
millions mais aucun ivrogne
ne peut rêver du suicide de
Maïakovski arc-en-ciel sur
les machines-outils et
nargues-basanes au soleil
Je suis au lit en Europe
seul dans du vieux linge de corps
rouge symbolisant le désir de
s’unir à l’immortalité
mais l’amour de l’homme
est imparfait ici il pleut
en février comme pour Baudelaire
une fois il y a cent ans
les avions hurlent dans le ciel
les voitures foncent dans les rues
je sais où ils vont
ils vont à la mort
mais ça c’est OK c’est que la
mort vient avant la vie
qu’aucun homme n’est aimé
parfaitement personne n’obtiendra
la félicité l’humanité nouvelle
n’est pas née Que je pleure sur
cette antiquité et je sonne
le Millenium j’ai vu
le Soleil Atlantique rayonnant
d’un gros nuage à Douvres
sur les falaises
un pétrolier de la taille
d’une fourmi se souleva
sur l’océan sous le nuage
brillant les mouettes
volaient dans les échelles
infinies du soleil
plongeaient dans l’éternité
aux fourmis dans les
champs-myriades de l’Angleterre
aux tournesols penchés pour
manger la minute de l’Infini
dauphins dorés sautant dans
l’arc-en-ciel méditerranéen
Fumées blanches vapeurs des Andes
rivières d’Asie scintillantes
poètes aveugles dans les
profondeurs de la solitude
rayonnement d’Apollon sur les
collines parsemées de tombes vides