[Feuilleton] "Le Retour d'Arkadina" de Liliane Giraudon, 8/13

Par Florence Trocmé

Poezibao publie en feuilleton Le Retour d’Arkadina, une pièce de Liliane Giraudon, en 13 épisodes. Voir ici l'avertissement de Liliane Giraudon. (épisodes précédents : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7)  - un fichier pdf de la pièce intégrale sera proposé à la fin de la publication.

[Alias Trigorine] 
Dispersion du sujet narrateur.  
Liquidation du « sioujet ».
Le « sioujet » liquidé…
En art,  comme aux échecs le cavalier, le fils se rattache au grand père ou à l’oncle.
Il doit sauter le domaine du père en remontant soit en droite ligne soit en diagonale.
Pourquoi Stanislavski a fait jouer à Meyerhold le rôle de Treplev ?
Pourquoi Meyerhold a quitté sa femme pour Zinaïda Raïkh, l’actrice qui couchait avec Essenine ?
Et qu’est-ce que le petit pâtre écolo Essenine était allé foutre entre les cuisses d’Isadora Duncan ?
À y regarder de près, son roman lyrique serait plus feuilletonnesque que le mien ?
Les cuisses d’Isadora plus musclées que celles d’Arkadina ?
Lui plus Bambi que moi ?...
 
C’est vrai que du côté phobies, métamorphismes, cryogénisation et exhibitionnisme, depuis, on a fait beaucoup mieux… (citation sonore Mikael Jackson)  
 
Ici la fille qui était à côté de celui qui ne sait toujours pas qui est Stanislavski et encore moins Meyerhold ou Essenine sort.
 
En Sibérie, les palmiers ne poussent pas…
Moi aussi on m’a mis dans le clan des inutiles et des carnassiers.
 
Avec Gorki, moi aussi j’ai chanté « Capri…c’est fini… » (refrain chanson rappel ironique  du séjour de Gorki à Capri où il recevait les révolutionnaires d’europe)
 
Le proletkult ? Mon masochisme d’auteur s’y est vautré.  
Comme dans la maison de passe camouflée en salon de couture par Boulgakov…  
Ou dans la bouche du toujours Meyerhold qui en engrosse encore un paquet aujourd’hui : « Les mots ne sont au théâtre qu’une broderie sur la trame des mouvements !... »
Résultat : les auteurs n’ont plus qu’à se tirer une balle…
Comme Maïakovski.  
Notez bien, je n’ai jamais été atteint de « formophobie ».
La haine de la forme.
La forme comme le mouvement m’intéressent.
C’est très simple : quand on tue, tous répondent.
Un seul tue (lui ou un autre, parfois une) et c’est tout le groupe qui plonge ses couteaux dans le corps qui perd son sang.
 
L’intérêt du lac, cet été-là, c’était les poissons.
Les poissons y pullulaient.
On les prenait à la ligne, au carrelet…
Parfois un grand filet traînant ramenait des carpes grasses comme des mottes de beurre.
Et les longs brochets…  
Comment ils se débattaient, crevaient les mailles, grouillaient, éclaboussaient, ruisselaient sous le soleil de juillet
 
L’ennui avec Treplev, c’est le père.  
 
Non, l’ennui avec Treplev c’est l’oncle.  
 
Ou cette cinglée d’Arkadina…
Mais non, ça ne marche pas…
L’erreur, c’est Nina.
 
Le poisson pullulait…
Sous les fenêtres de la cuisine se préparaient de succulents repas dont le plat d’honneur était le Waterzooi, une espèce de soupe ou plutôt de blanche bouillabaisse de poissons d’eau douce assaisonnée à la racine de persil...
 
  
Je déteste les salades qu’on vous sert avec une sauce rose.
 
suite (9) le mercredi 23 mai 2012