Après des débuts décevants, le titre Facebook sera particulièrement scruté lundi à la Bourse de Wall Street où il lui reste encore beaucoup à prouver, malgré les 104 milliards de dollars de valorisation du groupe.
A la veille de la reprise du Nasdaq, les analystes restaient circonspects, alors que l’entrée en Bourse si attendue vendredi du géant des réseaux sociaux sur internet, lancé il y a huit ans dans une chambre d’étudiant d’Harvard, s’est terminée sur une déception.
Le titre n’a arraché qu’une maigre progression de 0,61% pour finir la séance à 38,23 dollars, soit 23 cents au-delà du cours d’introduction.
Pour certains experts, la cotation finale a prouvé que le prix de départ était bien ajusté et permettait ainsi d’éviter les attentes irréalistes qu’engendrent des départs fulgurants.
Pour d’autres, la réception plutôt tiède des investisseurs a montré que ceux-ci ont retenu la leçon de la frénésie « .com » des valeurs internet. Ils veulent maintenant savoir si la popularité du réseau social aux 900 millions d’utilisateurs peut se traduire en bénéfices.
Le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg applaudi après avoir fait sonné la cloche d’ouverture du Nasdaq, le 18 mai 2012 à Menlo Park, en Californie
« Je pense que les banques pilotant l’opération ont incité Facebook à offrir trop de titres », assure l’analyste Michael Pachter de Wedbush Securities: « Le marché n’avait pas suffisamment d’appétit » pour toutes ces actions.
Facebook mettait sur le marché 421 millions d’actions, pour une opération à 16,02 milliards de dollars, la plus grosse pour une valeur internet, la deuxième plus grosse pour une valeur américaine tous secteurs confondus, qui le valorisait à 104 milliards de dollars.
Handicap pour le groupe pour attirer les investisseurs, les spécialistes de marketing ont pointé le fait que les internautes cliquaient plus facilement sur les publicités publiées par Google que sur celles publiées par Facebook.
Le monde de la pub « s’aperçoit de plus en plus que Facebook est d’un intérêt limité pour des opérations de marketing », affirme Larry Chiagouris, professeur à l’école de commerce de la Pace University.
« Le meilleur conseil pour les investisseurs, c’est de passer son tour », dit-il, et « le meilleur conseil pour les publicitaires, c’est de limiter leurs investissements jusqu’à ce que Facebook prouve qu’il peut ramener des résultats significatifs ».
Le géant doit aussi montrer sa capacité à rentabiliser son utilisation via les smartphones ou tablettes car pour le moment, les publicités étant diffusées sur la site ne le sont que sur les ordinateurs de bureau ou portables.
Tableau d’affichage du Nasdaq à Times Square, New York, le 18 mai 2012
« Comment Facebook va-t-il faire de l’argent avec les gadgets portables ? », demande Trip Chowdhry, directeur de Global Equities Research, pointant que plus de la moitié des utilisateurs du réseau se connectent chaque mois avec ce type d’outils.
Le fondateur du réseau Mark Zuckerberg en a fait une priorité.
Facebook vient de racheter Karma, pour un montant non dévoilé, une jeune start-up de San Francisco qui permet d’envoyer des cadeaux via son smartphone.
Début avril, il achetait pour un milliard de dollars l’application de photographie pour appareils mobiles Instagram. Facebook a monté un centre en ligne pour applications smartphones reliant Facebook et a acheté une autre start-up, Glancee, travaillant également sur mobiles.
Chacun se demande si Facebook sera un investissement aussi judicieux que l’a été Google en 2004. « Si l’action Facebook suit la route de Google, c’est sûr, on va sabrer le champagne dans la Silicon Valley », résume l’analyste Joshua Raymond de City Index.
source ; AFP44