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UN MAUPASSANT, EN PASSANT (du tome 4, à paraître en juin) )

Par Dubruel

DENIS

M. Rambaud lit le pli que Denis,

Son serviteur, lui a remis :

Je recule devant le procès

Dont vous m’avez menacé.

Je vous adresse 50 000 francs !

Pour tout dédommagement.

Denis se mit aussitôt à chantonner

En astiquant,

Nettoyant et lavant

De façon effrénée.

Le lendemain vers minuit,

Muni d’un grand couteau,

Denis

Entra dans la chambre de M. Rambaud

Avec l’intention de l’égorger.

Mais M. Rambaud ne dormait pas.

Le couteau n’effleura que son bras :

-« Mon pauvre Denis, songez

Que je n’ai pas encore reçu l’argent ! »

Tout penaud, le serviteur se sauva

…Puis revint avec alcool et pansement.

Il soigna son maître avec dévouement.

-« Si vous ne me dénoncez pas,

Je vous servirai toujours fidèlement. »

-« Je ne te dénoncerai pas. »

En lui-même, M. Rambaud pensa :

Dès que je serai guéri,

Je m’en débarrasserai.

Cependant, peu après,

Réalisant que personne n’aurait pour lui

Autant d’égards et d’attentions,

Il décida de le garder à la maison.

Une semaine après, rentrant chez lui,

M. Rambaud vit son serviteur

Encadré par deux gendarmes

À l’angle de la rue de Parme.

Denis lui lança :

-« Vous manquez à votre parole d’honneur.

Ce n’est pas bien, çà.

Vous m’avez dénoncé ! »

-« Non, je n’ai jamais parlé à quiconque

De ton criminel essai. »

Le brigadier eut un sursaut :

-«Cet homme a donc

Voulu vous tuer, monsieur Rambaud ?»

-«Oui, mais je n’ai pas fait de déposition.»

-« Je prends note de votre déclaration

Et la justice appréciera.

J’arrête votre serviteur

Car c’est un voleur.

Il a braconné

Sur les terres des Murat. »

Sur ce, Denis fût emmené.

Appuyant l’un sur l’autre les deux délits,

L’avocat plaida la folie.

Il prouva que le vol

Et la blessure à l’épaule,

Procédant du même état mental,

Nécessitaient des soins à l’hôpital.

-« Qu’ai-je à dire de plus sur mon client ?

Voyez ses larmes, son émotion.

Je demande sa libération. »

M. Rambaud fut ensuite interrogé

Par le Président :

-« Pourquoi avez-vous protégé

Ce dément ? »

-« En ce moment, il est si difficile

De trouver un bon domestique…»

Denis fut placé dans un asile

Et soigné pour troubles psychiques.


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