C’est peut-être le futur équivalent de l’UE pour les Amériques, et ce n’est pas l’Organisation des Etats Américains. La Communauté des États latinos américains et des Caraïbes (Celac) a été créée ce weekend à Caracas en présence des représentants des 33 pays d’Amérique Latine et des Caraibes, sans les Etats-Unis et le Canada.
Le président mexicain, Felipe Calderon, a ouvert le sommet en parlant de “formidable aventure“, de “prospérité et de compétitivité“, de “sécurité” et de lutte contre la pauvreté et pour la santé“. Sous des applaudissements nourris il a ajouté (9’40): “J’en suis convaincu, c’est l’heure et la décennie de l’Amérique latine, pour cette raison nous devons nous hâter vers l’intégration…”
La Celac tentera entre autres de coordonner les activités de l’Unasur (Union des nations sud-américaines), du Mercosur (Marché commun du Sud) et de la CAN (Communauté andine des nations), sans pour autant les intégrer. La capacité de la Celac à exercer cette mission est remise en question par de nombreux analistes selon Reuters. Les prises de décisions se feront à l’unanimité. Le Chili présidera la Celac en 2012.
Officiellement, la Celac ne sera pas une alternative à l’OEA, qui siège à Washington, comme le désirait Chavez et ses alliés de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba), notamment Raphael Correa. Officieusement elle pourrait rapidement le devenir. Les Etats-Unis et le Canada sont exclus de ce nouvel organisme. Le sommet de Caracas a condamné l’embargo sur Cuba et a soutenu la revendication de l’Argentine sur les îles Malouines. Patrick Bele rappelle sur sur blog du Figaro que : “L’OEA a souvent été absente des problèmes les plus graves qui ont frappé le continent. Elle n’a jamais dénoncé le coup d’état au Chili du 11 septembre 1973, elle n’a jamais réagi à la guerre des Malouines qui a opposé l’un de ses membres, l’Argentine, à la Grande-Bretagne (1982). Elle est resté très discrète lors de l’invasion de la Grenade (1983) et du Panama (1989) par les troupes de Washington. Et surtout, elle continue à exclure Cuba de ses instances. “
Latin Reporters évoque l’influence du Brésil au sein de cette nouvelle institution, qui est l’initiateur des premières pierres de l’édifice dès 2008. Dans un autre article, Reuters ne voit dans la Celac qu’un “test” pour Chavez, à un an de l’élection présidentielle au Vénézuela.
L’histoire des déboires et réussites de l’Union Européenne était en tête de tous les dirigeants les 3 et 4 décembre. Alors que l’UE ne traite que de politique et d’économie, la Celac prend en compte dès le début les aspects culturels et sociaux. Il n’est pourtant pas question d’un Etat fédéral. Selon l’article 23 de la Déclaration de Caracas, la souveraineté des peuples et des Etats n’est pas mise en cause. 600 millions de personnes sont concernées par ce nouvel organisme international.
Les portoricains de Calle 13
Le sommet de la Celac ne s’est pas terminé par une grande fête dans un hôtel cinq étoiles sous la protection de milliers de policiers, mais par un concert avec l’orchestre symphonique Vénézuelien et le groupe de reggeaton Calle 13, qui chantait : “je suis l’Amérique Latine, un peuple sans jambes mais qui marche“.