François Hollande nous dit, avec aplomb, avoir déjà honoré son mandat au prétexte que les membres du dernier G8 ont évoqué le mot de croissance durant leurs discussion. On savait déjà depuis longtemps que le G8 n’aboutissait jamais à des décisions et se contentait toujours d’une langue de bois de bon aloi. Très disert sur le pourquoi mais silencieux sur le comment, le dernier G8 n’a pas échappé à cette règle et il n’y a guère que le Président Français pour s’en réjouir. Certes, ils ont parlé de croissance mais en se contentant d’une lapalissade en affirmant que le monde se porterait mieux si la croissance était là. Point final ! Mais quelle croissance et comment l’obtenir ? Que devient la rigueur budgétaire ? Tout le monde doit-il se comporter de la même façon ? Touts ces questions n’ont pas été abordées … de peur de mettre à jour les profonds désaccords entre les membres du G8. Doit-on rechercher la croissance par des réformes structurelles, comme l’assouplissement du marché du travail, améliorant la compétitivité comme le préconise l’Allemagne ? Ou doit-on adopter une démarche keynésienne, comme le voudrait la France, pour augmenter la demande ? Les USA peuvent se permettre une telle démarche, qui creuse les déficits à court terme, car la FED peut compenser le déficit en faisant fonctionner la planche à billet de leur monnaie de réserve, ce qui est interdit à la BCE. Il faudrait que F. Hollande arrive à convaincre l’Allemagne, traumatisée par une éventuelle augmentation de l’inflation et qui refuse obstinément de modifier les règles de fonctionnement de la BCE. Y parviendra-t-il ? Rien n’est moins sûr. La France et l’Allemagne ont deux politiques économiques très différentes. Le moteur économique français est la demande, soutenue par les transferts sociaux. Or, ceux-ci sont, depuis des décennies, alimentés par l’emprunt et, donc, par l’augmentation de la dette. De plus, l’efficacité de ce choix est douteux, car l’augmentation de la demande entraine une augmentation de la consommation de produits étrangers, donc des importations qui ont un impact négatif sur la balance des paiements. L’Allemagne a fait un tout autre choix. Elle a adopté une politique de l’offre par l’augmentation de la qualité de ses produits et la maîtrise des coûts de production, ce qui favorise ses exportations. Cette politique impose des réformes structurelles que l’Allemagne a mises en œuvre grâce à un consensus social incluant les syndicats. Cette acceptation syndicale est absolument impossible en France.